Le grand désamour

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Trudeau au plus bas : ses alliés progressistes se sont retournés contre lui


Le phénomène est fascinant. Depuis l’éclatement de l’« affaire » SNC-Lavalin, de nombreux commentateurs au Canada anglais inondent Justin Trudeau des pires insultes. Face à son ex-ministre Jody Wilson-Raybould, on fait passer le premier ministre pour un faux féministe, un démocrate hypocrite et un réconciliateur trompeur dans le dossier autochtone.


Or, ce sont souvent les mêmes commentateurs qui, après la victoire électorale de Justin Trudeau en 2015, le représentaient au contraire comme un superhéros de la politique canadienne post-moderne. Le fils béni de Pierre Elliott Trudeau, beau, jeune et entouré de sa famille tout aussi photogénique que lui.


Superhéros


Il graciait même les couvertures des plus grands magazines, au pays comme à l’étranger. On ne lui trouvait aucun défaut. Pas un seul. Puis vint Jody Wilson-Raybould. Dans les médias anglo-canadiens, les rôles se sont inversés instantanément.


L’ex-ministre de la Justice devient à son tour une superhéroïne parfaite et inattaquable. De toute évidence, avec l’« affaire » SNC-Lavalin, les médias canadiens­-anglais vivent un désamour féroce avec Justin Trudeau. Comme il arrive parfois dans les pires peines d’amour, l’ancien objet de nos passions devient tout à coup le diable en personne. Le demi-dieu d’hier n’est plus qu’une immense déception.


Isoloir


Sans surprise, tel un amoureux éconduit, M. Trudeau tentait hier de faire diversion. Son dernier budget avant le scrutin du 21 octobre fait le coup de la grande séduction. Avec des mesures ciblées et progressistes, il fait de l’œil aux aînés, aux autochtones, à la classe moyenne et aux jeunes familles en facilitant enfin l’accès à une première propriété. Ce faisant, il courtise aussi les électeurs du NPD.


Mais quand on cesse d’aimer Justin Trudeau autant que le font les médias canadiens-anglais, même un beau budget a peu de chances de les séduire. L’important sera toutefois la réaction des électeurs. Dans l’isoloir, c’est la seule qui comptera.