La traversée du désert

9ce7d44db40d4d2d5d674193968a23fc

La nouvelle « refondation » du PQ s'annonce très compliquée



La réalité est que le départ fracassant de Catherine Fournier du caucus péquiste s’inscrit dans la longue implosion du Parti québécois depuis le référendum de 1995. Son souhait de fermer la boutique péquiste pour en ouvrir une plus rassembleuse n’a rien de nouveau non plus.




Sous Jean-Martin Aussant, la création d’Option nationale visait le même objectif. Or, comme on le sait, l’aventure s’est terminée en eau de boudin. Ce qui, par contre, n’enlève rien à la véracité du même constat fait maintenant par Catherine Fournier.




Parce qu’il est vrai, le constat du dépérissement du PQ fait mal à ses neuf députés survivants. Courageux et droits, il faut le dire, ces femmes et ces hommes ont néanmoins reçu une mission frôlant l’impossible : sauver un parti gravement fragilisé.




Les voilà aussi pris avec leur ex-chef, Jean-François Lisée, tellement préoccupé à mousser sa propre visibilité médiatique qu’il en oublie de laisser son ex-parti tracer lui-même ses prochains chemins.




Implosion




Mais d’où vient cette longue implosion ? Depuis 1996, j’en ai fait l’analyse patiente sous toutes ses coutures. Ma conclusion : au fil des ans, la confiance de nombreux souverainistes envers le PQ s’est effritée. Elle s’est effritée parce qu’à de rares exceptions près et au gré des sondages, il a miné sa propre crédibilité en mettant de côté ses trois principaux piliers : souveraineté, défense de la langue française et social-démocratie.




Ses mises en veilleuse répétées de la souveraineté ont produit de jeunes Québécois ignorants de l’existence même de cette option. Chez les moins jeunes, elles ont nourri le découragement. Son refus de renforcer la loi 101 lorsque nécessaire a beaucoup déçu. Son appui à l’obsession du déficit zéro a fait fuir ses alliés traditionnels, dont de puissants syndicats.




Résultat : le PQ a fini par détruire son ADN politique. D’où sa perte graduelle de crédibilité. Les voyants jaunes avaient beau s’allumer l’un après l’autre, dont la longue agonie du Bloc québécois ainsi que la création de Québec solidaire et de la CAQ, rien n’a réussi à sortir le PQ de son déni.




Que faire ?




Puis vint la division déchirante créée au sein même du mouvement souverainiste par la charte des valeurs, un énième substitut occupationnel d’une indépendance oubliée. Alors, que faire ?




Jacques Parizeau avait qualifié le PQ de « champ de ruines ». Avec leur défaite brutale du 1er octobre, les péquistes entament leur ultime traversée du désert. Bien malin le génie capable d’en prédire le dénouement.




À neuf députés seulement et un parti en déclin, les voies de passage s’annoncent rarissimes. Pour survivre à leur hécatombe, les progressistes-conservateurs ont dû se fondre dans l’Alliance canadienne et les adéquistes, dans la nouvelle CAQ. Ni les conservateurs ni les adéquistes n’ont pu s’en sortir seuls.




Pour le PQ, c’est une leçon à méditer. Peut-être bien que l’idée de bâtir une nouvelle « tente » souverainiste, si tant est que ce soit possible, mérite tout au moins réflexion. L’idée d’indépendance mérite qu’aucune pierre ne soit laissée non retournée.