Le gouvernement survivra au vote sur le budget

Il n’y aura pas d’élections générales cet été.

Sortie de crise



Malorie Beauchemin et Tommy Chouinard - Il n’y aura pas d’élections générales cet été. Même s’il juge l’offre finale du premier ministre Jean Charest insuffisante pour voter en faveur du budget, le Parti québécois a décidé de ne pas renverser le gouvernement.



Les libéraux sauvent les meubles et tiendront leur promesse de baisser les impôts de 950 millions de dollars. Le Parti québécois obtient pour sa part un financement supplémentaire de 111 millions en santé, en éducation et pour les régions ressources.
«La proposition n’est pas suffisante pour nous permettre de voter en faveur du budget pour une raison de principe», a expliqué le chef intérimaire François Gendron en fin de soirée hier. Le PQ souhaitait que les 111 millions de dollars soient financés par une réduction des 950 millions de baisses d’impôts.
«Mais on va éviter de renverser le gouvernement car nous sommes des gens responsables. L’électorat a décidé d’élire un gouvernement minoritaire, et on vient d’avoir des élections. On a compris que la population ne veut pas d’élections», a ajouté M. Gendron.
Seuls trois des députés du PQ se présenteront en Chambre au moment du vote, ce qui est largement insuffisant pour faire tomber le gouvernement minoritaire de Jean Charest.
«On est contents des gains, mais on est déçus que le gouvernement s’entête, n’ait pas reculé sur ses baisses d’impôts», a affirmé le critique péquiste en matière de finances, François Legault.
Ce matin, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, prononcera une déclaration ministérielle ajoutant au budget 2007-2008 les 111 millions de dollars obtenus par le PQ. Cette somme financera davantage de services pour les élèves en difficulté (30 millions), les soins à domicile et les groupes de médecine familiale (60 millions), et bonifiera des crédits pour les régions-ressources (21 millions).
Le PQ a obtenu l’assurance que les 111 millions ne seront pas financés par une nouvelle taxe ou une coupe dans les services publics.
«Je me réjouis de ce dénouement heureux. Je me réjouis surtout pour tous les Québécois qui approuvent ce budget, qui ne veulent pas d’élections, et qui veulent des baisses d’impôts», a affirmé Monique Jérôme-Forget.
La ministre a salué le «leadership du premier ministre qui a dénoué cette impasse». «Le Parti québécois a assumé son rôle. Quant à l’ADQ, il ne comprend pas ce qu’est le sens du devoir», a-t-elle lancé.
François Gendron n’a pas ménagé l’ADQ lui non plus. «C’est un peu étonnant de la part de M. Dumont, qui disait vouloir faire de la politique autrement, dans des moments aussi majeurs et significatifs. Il vivra avec ses décisions...»
Comme l’ADQ avait déjà annoncé son intention ferme de voter contre le budget, son chef, Mario Dumont, a décliné hier une invitation de Jean Charest qui souhaitait le rencontrer en fin d’après-midi pour discuter du budget. Il a préféré se rendre à Montréal pour participer à des «rencontres privées», notamment avec des candidats éventuels. Une source adéquiste a dit de son côté que M. Dumont allait participer à un cocktail de financement de son parti.
«On n’est pas surpris de la tournure des événements, a affirmé hier soir l’attaché de presse de M. Dumont, Jean-Nicolas Gagné. Jean Charest s’est toujours comporté comme s’il était majoritaire, et il le démontre encore avec ce qui vient de se passer.»
Au final, Le PLQ et le PQ sont grosso modo revenus aux propositions discutées en tout début de semaine. La Presse annonçait lundi qu’il se trouvait sur la table de négociation une somme d’environ 100 millions.
Mercredi, les deux camps avaient chiffré leurs propositions. Le PQ demandait 250 millions d’argent frais, en plus des 50 millions prévus dans le budget Jérôme-Forget pour les soins à domicile. Les libéraux leur offraient 60 millions, dont les deux tiers pour la santé et un tiers pour l’éducation.
C’est une réunion de la dernière chance, convoquée hier après-midi par le premier ministre, qui a permis d’arriver à ce dénouement.
À la suite d’une rencontre avec M. Charest et Mme Jérôme-Forget qui aura duré 1h15, MM. Legault et Gendron avaient affiché des mines renfrognées. Après deux heures de discussions avec tous les membres du caucus du PQ, le chef intérimaire a annoncé tard en fin de soirée la conclusion favorable de cette crise qui perdurait depuis jeudi dernier, au moment où M. Gendron avait annoncé que son parti voterait contre le budget. Puisqu’il se trouve en position minoritaire, le gouvernement Charest aurait été automatiquement défait.
Avec la collaboration de Denis Lessard


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