Le gouvernement québécois va légiférer sur la laïcité d’ici l’été

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Le gouvernement québécois va légiférer d’ici l’été sur la laïcité afin d’interdire le port du voile islamique intégral aux fonctionnaires en contact avec la population ainsi qu’aux citoyens se rendant dans une administration publique, une mesure inédite au Canada.

Cette loi sur «la neutralité de l’État» doit permettre de rappeler les «droits individuels fondamentaux» qui s’appliquent au Québec, a indiqué le premier ministre Philippe Couillard lors d’un récent entretien à l’AFP.

«Il sera inscrit que les services publics donnés et reçus doivent l’être à visage découvert pour des raisons de communication, de sécurité et d’identification».

Le chef libéral, élu avec une large majorité en avril dernier, note que cela s’appliquera tant à la fonction publique gouvernementale que municipale. Cette mesure coercitive empêchera le port du voile intégral (niqab ou burqa) pour les employés ou les usagers de l’administration publique.

«C’est le minimum de ce que le gouvernement pouvait faire. L’attente des citoyens était forte pour que l’État se prononce sur ses rapports avec le religieux», juge Jocelyn Maclure, professeur de philosophie à l’université Laval de Québec. «Il est surprenant que cela n’ait pas déjà été fait».

«Nous nous fixons d’ici juin» pour déposer ce projet de loi, a précisé M. Couillard, qui prévoit aussi un volet pour maintenir constamment le dialogue en amont avec les communautés ethniques et religieuses.

En réduisant la question des signes religieux dans la sphère publique à celle du visage découvert, le gouvernement «nous présente une donnée objective qui n’a rien à voir avec la religion», déplore Pierre Martin, politologue à l’université de Montréal. «C’est une façon d’enrober de manière positive un message qui ne cible en fait qu’un certain groupe religieux», c’est-à-dire les musulmans.

«Si effectivement il n’y a rien sur les différents signes religieux des employés de l’État, il va y avoir une grande déception» dans la population, abonde M. Maclure.

Spécialiste de l’éthique, le philosophe qualifie de «décevant» et de «pas sérieux» le maintien du crucifix au-dessus du siège du président de l’Assemblée nationale du Québec.

«Personne ne croit que le Québec est un État religieux», a justifié M. Couillard.

Cette loi fait suite à une décennie de polémiques sur les rapports entre l’État québécois et certaines minorités. Le premier ministre entend d’ailleurs imposer un «encadrement des accommodements raisonnables», un principe qui permet à des minorités d’obtenir des dérogations et exemptions au nom de leurs coutumes ou orientations religieuses.

Ces mesures sont conformes à ce que M. Couillard avait déclaré au soir de son élection, le 7 avril 2014. Strictement opposé à la «charte sur la laïcité» proposée par le gouvernement indépendantiste sortant, il avait annoncé qu’une loi serait «rapidement» déposée et porterait sur «le visage découvert et la question de la neutralité de l’État».

Les positions des indépendantistes du Parti québécois sont plus tranchées que celles du Parti libéral de M. Couillard sur les questions identitaires, et avec cette réforme, le gouvernement «souhaite enlever cet enjeu au PQ qui va se l’approprier avec l’élection de son nouveau chef (en mai)», remarque Pierre Martin.

Favori des sondages pour devenir le prochain chef des indépendantistes, le milliardaire Pierre-Karl Péladeau n’a d’ailleurs «pas de commentaires à formuler» sur l’initiative du gouvernement, a indiqué lundi à l’AFP son entourage.

Le Canada a connu deux attaques à caractère islamiste à l’automne, au sud de Montréal et à Ottawa, et avec les fusillades qui ont ensanglanté la France et le Danemark ces deux derniers mois, «le PLQ avait une obligation de résultat, c’est sûr que les événements canadiens et européens ont créé une urgence», a estimé M. Maclure.


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