Le gouvernement Couillard injecte 188 millions $ pour aider le Chantier Davie

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Du pur électoralisme libéral

Dans l'espoir de permettre au Chantier Davie de sortir la tête de l'eau, le gouvernement Couillard injecte 188 millions $ dans une filiale de l'entreprise, devenant ainsi propriétaire à 30 pour cent du navire ravitailleur MV Astérix.


Le chantier maritime, qui a dû procéder à environ 1000 mises à pied depuis la fin de 2017 faute de contrats, loue cet ancien porte-conteneurs converti en ravitailleur à la Marine royale canadienne dans le cadre d'un contrat de cinq ans assorti d'une option pour cinq années supplémentaires.


Annoncée vendredi, cette transaction a incité un consortium notamment formé de la banque américaine JP Morgan et Anchorage capital à compléter le montage financier dans le cadre de prêts totalisant 300 millions $.


«Le financement du projet Astérix permettra de libérer des sommes pour la modernisation des installations au chantier Davie, d'accroître sa productivité et de le positionner avantageusement pour l'obtention de nouveaux contrats», a commenté par voie de communiqué le ministre des Finances, Carlos Leitao, qui n'était pas disponible pour accorder des entrevues.


L'injection de 188 millions $, qui s'effectue par l'entremise d'Investissement Québec en échange d'actions privilégiées, proviendra de l'enveloppe de 250 millions $ du dernier budget destinée à des prises de participation dans des projets de chantiers navals.


D'après Québec, ce nouveau montage financier permettra à la Davie — qui compte actuellement environ 450 travailleurs — d'économiser environ 4 millions $ par mois en frais d'intérêt.


Investissement Québec devrait toucher annuellement environ cinq pour cent des revenus du contrat conclu entre le chantier de Lévis et la Marine royale canadienne. Sur 10 ans, cela devrait représenter quelque 80 millions $.


Risqué


Pour financer la conversion de l'Astérix, un projet de 650 millions $, le chantier maritime avait dû contracter des prêts à court terme à des taux élevés qui oscillaient aux alentours de 15 pour cent en raison des risques associés au projet ainsi que de la réputation passée de l'entreprise.


D'après les informations fournies, les taux d'intérêt offerts par le consortium de JP Morgan et Anchorage capital oscillent entre trois et quatre pour cent.


Selon le vice-président aux affaires publiques de Chantier Davie, Frédérik Boisvert, cette intervention du gouvernement Couillard ne constitue pas un sauvetage de l'entreprise et il ne s'agit pas d'une annonce à saveur électoraliste, puisque le scrutin provincial est dans moins de trois mois.


Au cours d'un entretien téléphonique, il a affirmé que l'aide de Québec était «souhaitable», mais «non nécessaire».


«Le refinancement aurait eu lieu de toute façon, a affirmé M. Boisvert. En investissant, Québec nous donne des moyens supplémentaires pour aller chercher des contrats. La santé financière de Davie n'a jamais été aussi excellente.»


Contrats en vue


Si Davie tape du pied depuis plusieurs mois pour des nouvelles commandes, M. Boisvert a expliqué que des nouvelles plus encourageantes étaient à venir.


Il a rappelé qu'à la fin du mois de juin, le gouvernement Trudeau avait fait part de son intention de retenir les services de la Davie pour la conversion de trois brise-glaces temporaires. De plus, le chantier s'est qualifié pour un appel d'offres concernant un contrat estimé à 4 milliards $ au Pérou.


«Cela va demander des modernisations très importantes et les défis sont énormes et importants, a affirmé M. Boisvert. En devenant partenaire, l'État québécois nous permet de libérer davantage de capital.»


Davie fait actuellement l'objet d'une poursuite de 2,65 millions $ déposée en cour le mois dernier par la firme d'ingénierie Navtech entourant une entente contractuelle qui n'aurait pas été respectée concernant le projet de reconversion de l'Asterix.