Commémoration du 350e anniversaire de l'Édit de création du Conseil Souverain

Le français langue d'État depuis 1663

En exclusivité pour Vigile : Le ministre Stéphane Bergeron répond à ma question sur la langue d'État.

Le 9 avril, je me suis rendu à Québec, sur la Place Royale, pour la commémoration du 350e anniversaire de l'Édit de création du Conseil Souverain, organisée par la Société internationale Veritas Acadie. Par la proclamation de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (*), le Roi Louis XIV étendait le droit (coutumes de Paris) et la langue française sur tout le territoire de la Nouvelle-France.

Dans sa conférence, Me Christian Néron, nous a fait la démonstration que l'unification du territoire par le droit et la langue posait pour la première fois les assises de notre État-nation. Le français devenait donc en 1663, une langue d'État, et cet Édit, n’ayant jamais été abrogé par une autre loi, est toujours en vigueur.

Le ministre de la Sécurité publique, M. Stéphane Bergeron, assistait à l'évènement. J'en ai profité pour lui poser une question sur le thème du français langue d'État et il a fait une déclaration importante. En effet, il a déclaré que, dans le cadre de la gouvernance souverainiste, le français est la langue d'État du Québec, au même titre que, par exemple, le polonais est la langue d'État de la Pologne. Voici l’échange que nous avons eu :
http://www.youtube.com/watch?v=4U_j_oEg4M8
Transcript
JCP - Avril 1663, le français devient la langue d’État en Nouvelle-France. Avril 2013, le ministre Cloutier annonce que le français va devenir la langue officielle dans les relations interétatiques. Est-ce que, présentement, on peut dire que le cabinet du gouvernement du Québec a bien compris que le français est la langue de l’État du Québec et, qu’est-ce qui s’est passé pour que ça arrive ?

SB - Écoutez, moi je pense que, je pense que notre collègue Alexandre Cloutier a eu le mandat de définir ce que c’est la gouvernance souverainiste de notre, de notre gouvernement, mais moi je peux vous dire que personnellement, j’applaudis à une telle mesure. J’ai eu l’occasion, lorsque j’étais député fédéral, de vivre une expérience qui m’a beaucoup marqué. Je suis allé dans une mission à un moment donné, en parlementaire, dirigé par le président de la Chambre des Communes, en Pologne, en République de Pologne. Nous avons eu l’occasion de rencontrer le Président de la République de Pologne, le président à l’époque, Kwaśniewski. Et le président Kwaśniewski s’est présenté à nous, et s’est mis à échanger dans un anglais tout à fait impeccable, à bâton rompu, à placoter de choses et d’autres, jusqu’à ce qu’un de ses aides de camp nous invite à passer à la salle où allait avoir lieu la rencontre formelle. Et nous sommes donc passés dans la salle où allait avoir lieu la rencontre formelle. Et là, on a continué à échanger de façon un peu, un peu informelle, en anglais, dans un anglais impeccable. Et à ce moment-là, il y a quelqu’un qui s’est penché à son oreille, et le président Kwaśniewski nous a dit, à ce moment-là : « Mesdames, messieurs, à compter de maintenant, je vais m’adresser à vous en polonais, le polonais est notre langue nationale, la Pologne est le seul endroit au monde où l’on parle le polonais, et en ma qualité de chef de l’État polonais, j’ai la responsabilité de m’adresser à vous en polonais.» Et à compter de ce moment, le président Kwaśniewski s’est adressé aux invités canadiens et québécois que nous étions, en polonais. Et avec traduction, une traduction pas simultanée, mais traduction consécutive. Et j’ai trouvé que c’était une façon très digne de traiter sa langue nationale, que dans des échanges informels, de pouvoir échanger dans les langues qu’on arrive à comprendre mutuellement, mais lorsqu’arrive l’échange formel, c’est la responsabilité des officiels de l’État, que de parler dans la langue nationale, la langue officielle de l’État. Alors je suis personnellement très favorable à cette mesure qui a été annoncée par notre collègue le ministre Alexandre Cloutier.

JCP - Merci monsieur le ministre.

SB - Ça me fait plaisir.

JCP - Bravo pour la manière que vous remplissez votre charge, vous êtes réconfortant.

SB - Merci c’est gentil.

JCP - Un moment difficile ?

SB - Oui, c’est pas toujours évident effectivement.

(*) http://fr.wikipedia.org/wiki/Ordonnance_de_Villers-Cotterêts
***
Complément d'information
Commémoration du 350e anniversaire de l'Édit de création du Conseil Souverain de 1663.
Place Royale, le 9 avril 2013. Cérémonie et conférence de Me Chrystian Néron (à 1 h, 3 minutes) :

http://www.youtube.com/watch?v=GYqr6-XJpLE


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6 commentaires

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    14 octobre 2013

    Sur l'Édit de création. Me Christian Néron (Historien des institutions) :
    http://notrehistoire.net/textes_histoire_droit/conseil_souverain.pdf
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    17 avril 2013

    Édit de création du Conseil souverain de Québec.
    Lieu de rédaction : Paris
    http://bd.archivescanadafrance.org/acf/doc.xsp?id=CABAC_PIAF_6204_CABAC_PIAF_6204&qid=sdx_q0&fmt=tab&base=fa&n=4&root=CABAC_PIAF_6204&ss=true&as=&ai=&from=
    http://bd.archivescanadafrance.org/acf-pleade-3-images/img-viewer/CABAC/CABAC_PIAF_6204/viewer.html
    Soldat Sanspareil
    Chevalier de St-Véran
    2ème bataillon du régiment de la Sarre
    Vive le Roy!
    http://ordredesaintveran.puzl.com/coinsanspareil
    http://www.regimentdelasarre.ca
    http://www.youtube.com/user/SoldatSanspareil
    http://www.tagtele.com/profil/Sanspareil
    http://www.ameriquebec.net/actualites/2009/08/03-rapatriement-des-armoiries-royales-de-france.qc
    François Mitterrand
    Un peuple qui n’enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité

  • Denis Julien Répondre

    13 avril 2013

    J'ai moi aussi eu le privilège d'assister à la présentation captivante de Me Néron sur cet édit de Louis XIV. Effectivement monsieur Pomerleau, c'est encore le génie français qui a conçu pour la première fois le concept moderne d'État-nation avant l'heure. Les Anglais peuvent aller se faire cuire un oeuf!
    Cet édit important dans l'histoire de la Nouvelle-France devrait nous inspirer dans l'écriture de notre constitution d'un Québec indépendant et nous devrions l'enchâsser dans notre déclaration d'indépendance.

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    13 avril 2013

    Monsieur Pomerleau, je suis très heureuse de cette magnifique commémoration faite place Royale à Québec.
    Ici, à Uchaux, en Provence, nous allons également commémorer cet Édit de création du Conseil Souverain, le 27 avril prochain*, sur la place de la mairie, en compagnie des habitants et du maire de notre Commune, afin que des deux bords de l’Atlantique nous soyons réunis à vous tous, dans notre Histoire commune.
    * date la plus proche de la date exacte du 30 avril 1663.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2013

    Merci de nous rappeler ce beau moment commémorant notre histoire et le nom du conférencier, historien du droit, qui nous a parlé avec éloquence des origines de notre droit et des valeurs neufranciennes qui sont encore les nôtres, issues du classicisme européen.
    C'est important de se rappeler que c'est à Québec qu'ont été jetées les bases de la première administration publique de langue française en Amérique du Nord.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2013

    Bravo! Rien à ajouter.