Lettre ouverte à Jean-François Lisée

Le fédéralisme économique est un fiasco qu'il faut dénoncer quotidiennement, sans attendre et sans cesse

L'infériorité programmée

Poursuivre les Libéraux quotidiennement, jusqu'au harcèlement !

En première page du Devoir de ce matin, le 16 janvier 2017, nous apprenons que le chef péquiste Jean-François Lisée entend faire le procès du fédéralisme économique...s’il est élu en 2018. Le temps de faire le procès du fédéralisme économique, M. Lisée, c’est MAINTENANT, pas en 2018.

On nous dit que les récents contrats de construction navale constituent « la plus grande injustice économique commise envers le Québec de l’histoire de la fédération ». C’est là manquer de perspective. Outrageusement.

Monsieur Lisée, les contrats de construction navale ne sont qu’un élément de la politique maritime fédérale, laquelle fait partie d’un ensemble de politiques économiques qui sont toutes aussi défavorables au Québec les unes que les autres.

La politique maritime fédérale, monsieur Lisée, exclut expressément le Québec de son périmètre. Il vous suffira pour le comprendre de comparer la version anglaise de cette politique, décrite dans le Financial Post du 2 mars 1995, à sa version française, décrite presque un an plus tard dans les pages du Soleil de Québec entre le 27 et 31 décembre de cette même année.

Jumelée à la localisation des infrastructures de l’ALENA, cette politique a pour effet d’isoler le Québec à l’intérieur de l’espace économique canadien. C’est sciemment que l’on essaie de rendre le Québec dépendant du Canada au plan économique. La politique maritime fédérale et les infrastructures de l’ALENA parlent très clairement dans ce sens-là.

Et, c’est comme cela sur toute la ligne : secteur automobile, dépenses militaires, concentration du secteur financier à Toronto, aménagement des aéroports, name it. Et, là, comme vous dites, on nous traite d’assistés sociaux qui ne veulent pas travailler. (Michael Binnion, Brad Wall, etc.).

À partir de là, que faites-vous ? Vous commencez dès maintenant, à l’Assemblée nationale. À chaque période de questions, vous confrontez le premier ministre à la réalité canadienne. « Monsieur le Président, j’ai en main une liasse de documents, ici, il s’agit d’une série d’articles parus le 2 mars 1995 dans le Financial Post, ainsi que dans le Soleil de Québec dans les derniers jours de la même année, à propos de la politique maritime fédérale, et j’aimerais savoir si le député de Roberval et premier ministre du Québec est fier de la place réservée au Québec dans cette histoire-là ? »

Il serait intéressant d’entendre le premier ministre, s’exprimer là-dessus. C’est dès maintenant qu’il faut le confronter à cela, M. Liséé. Pas en 2018.

« En sous-question, monsieur le Président j’apprécierais que le premier ministre nous explique pourquoi il a éprouvé le besoin d’élaborer une politique maritime québécoise...Boff, monsieur le Président, je vais sauver du temps et répondre pour lui. C’est parce que le fédéral ne fait rien pour le secteur maritime québécois. Et, l’argent que le premier ministre met là, dans une compétence fédérale, il ne peut pas le mettre dans ses propres champs de compétence ici, au Québec. »

Et, là, à la séance de questions suivante, vous lui demandez quel est le salaire moyen d’un travailleur dans les chantiers maritimes d’Halifax et de la Colombie-Britannique et de le comparer au montant de péréquation par tête au Québec.
Ensuite vous arrivez en sous-question et vous lui demandez quel est le montant de péréquation par tête au Québec et ailleurs au Canada. Même là, ils trouvent le moyen de nous escroquer.

C’est pas compliqué, vous demandez à vos assistants de recherche de dresser un historique des politiques économiques fédérales depuis 1867 et vous torturez monsieur Couillard avec ça chaque jour à l’Assemblée nationale.

Comme glaçage sur le gâteau, vous lui arrivez de temps en temps avec du « Quebec bashing ». Je prends un exemple au hasard, tiré du Devoir du 11-08-2015, concernant ce qui est arrivé au président de la Société franco-manitobaine lorsqu’il s’est avisé de demander la traduction des lois de sa province suite à la décision de la Cour suprême à cet effet-là au début des années 1980 :

« Le président de la SFM, Léo Robert, puis sa femme Diane recevront alors des menaces de mort, suivies d’une lettre anonyme les prévenant que leurs enfants ont été suivis depuis l’école pour connaître leur adresse et qu’il pourrait arriver malheur aux bambins si la SFM persiste dans ses revendications. Pour leur sécurité, Léo et Diane Robert devront quitter leur maison de la rue Saint-Jean Baptiste et envoyer leurs enfants à l’extérieur de Winnipeg. » Devoir, 11-08-2015 p., A-7)

« Alors, monsieur le Président, j’aimerais savoir si le député de Roberval et premier ministre du Québec est fier d’être canadien lorsqu’il entend des choses comme ça ? Est-ce qu’il a envie de nous chanter un beau Ô Canada, monsieur le Président ? »

Puis, là je n’ai rien dit de la Cour suprême, encore...ou de la version française officielle de la constitution. « Monsieur le président, j’aimerais savoir si le député de Roberval et premier ministre du Québec a l’intention d’exiger une version française officielle de la constitution pour le 150e du Canada. Me semble que ce serait un beau geste, ça, de la part du Canada de nous donner une version française officielle de la constitution pour son 150e. Il a probablement peur des menaces de mort, monsieur le président. »

Imaginez les libéraux en face de vous, à l’Assemblée nationale. Si vous leur arrivez chaque jour avec des questions de cet ordre-là, avec la hargne et le mépris dans le visage, après un an, ils ne voudront même plus mettre les pieds à l’Assemblée nationale. Un moment donné, monsieur Lisée, il y a une limite à défendre l’indéfendable. Et, ça, même les libéraux finiraient par s’en rendre compte.

En 2018, monsieur Lisée, il va être trop tard pour commencer ça. Il faut mettre les Québécois devant la question suivante : Est-ce que c’est ça que vous voulez comme existence nationale, vivre dans un pays qui ne veut pas de vous autres sauf dans une situation d’infériorité ? ». Sortez de ça et vous aller échouer.

Louis Côté


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 janvier 2017

    «Sortez de ça et vous allez échouer.» Évidemment, l'évolution du contexte pourrait changer beaucoup de choses, alors il faudra rester à l'affût. Je ne voulais pas parler pour l'éternité.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 janvier 2017

    J'ai toujours pensé que le Québec ne deviendrait jamais indépendant au motif que les Québécois ne veulent pas supporter les coûts de l'indépendance. Il y en aurait et lis seraient significatifs. Mais, je viens de changer d'idée. Il n'est pas impossible que le Québec devienne indépendant. Tout dépendra. Mais disons que ça serait dans l'air du temps. Oui, le Canada anglais pourrait bien commettre une erreur. Je ne les pensais pas stupides à ce point-là, mais...On verra.

  • Pierre Desfossés Répondre

    17 janvier 2017

    Bravo monsieur Coté.
    j'espère que les recherchistes de monsieur Lisée vont vous lire si ce n'est déjà fait. Vous illustrez magistralement comment il faut combattre à l'Assemblée Nationale. C'est ce qui aurait dû être fait depuis toujours et qu'on a jamais fait. Puissiez-vous être invité à faire parti de cette équipe de recherchistes pour en relever le niveau d'efficacité. Mais je m'interroge sur la volonté de nos élus et de notre chef à mener un tel combat.