D'abord vaincre les derniers obstacles

Le difficile chemin de la souveraineté

Tribune libre

Avant-propos
Il y a encore peu de temps, je croyais en un statut particulier « constitutionnalisé » pour le Québec qu’il aurait pu utiliser pour protéger sa langue et sa culture, et acquérir d’autres droits nécessaires à sa survie comme nation distincte. Mes recherches et l’avis d’experts m’ont fait voir l’impossibilité d’amender la constitution de 1982 à cet effet. Je suis alors redevenu militant de la souveraineté, ce que je n’ai jamais véritablement cessé d’être.
Le chemin pour arriver à la souveraineté est semé d’embûches. Il pourrait être encore long et difficile, mais son tracé nous emmènera bien jusqu’à la souveraineté. J’en suis de plus en plus convaincu.
Introduction
Dans l’opinion publique, l’idée de la souveraineté du Québec se bute à au moins six obstacles. Ils sont en voie d’être surmontés. Il y aurait beaucoup à dire sur chacun de ces obstacles, mais allons-y sobrement. Ne nous attardons qu’à l’essentiel.
1) La question économique
Le chemin économique de la souveraineté se dégage progressivement. Le débat tourne à l’avantage de la souveraineté. Une institution aussi fédéraliste que l’Institut Fraser concluait il y a peu de temps à la rentabilité de la souveraineté pour le Québec et même pour le Canada. De son côté, l'Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) y allait d’une conclusion encore plus favorable au Québec. Même Jean Charest, sans la souhaiter, émettait un commentaire positif à l’égard d’une éventuelle souveraineté du Québec. C’était lors d’un voyage à l’étranger.
Aucune institution sérieuse aujourd’hui ne se risque à prédire même une simple déconvenue économique pour le Québec advenant son indépendance. Notre plus grand économiste québécois actuellement, Pierre Fortin n’est pas réfractaire à la souveraineté. Ses propos, marqués de son habituelle réserve professionnelle, nous permettent de croire qu’il pourrait bien y être favorable. La question n’est plus de savoir si la souveraineté se fera, mais quand et par qui elle se réalisera.
2) La langue et la culture
Encore trop de Québécois(es) estiment qu’il n’y a pas ou peu de danger pour la survie de la primauté de la langue française et de leur culture au Québec. Pour eux, la pérennité du français, langue première est assurée. Et pourtant quand on regarde Montréal, l’Outaouais, Laval, certains villages périphériques … Chez la plupart, il faut mettre cette attitude sur le compte du manque d’information et de la non évidence en leur milieu que le français puisse un jour être menacé. Rassurons-nous, il y a actuellement rapide prise de conscience !
Les Québécois s'inquiètent de plus en plus pour l'avenir du français, première langue au Québec. L'information s'accumule sur le sujet. Les Québécois commencent à se répéter, haut et fort, qu'il y a danger pour l'avenir de leur langue française. Le bilinguisme intégral, est de plus en plus perçu comme le portique de l’assimilation. On le craint en certains milieux. L’ancien, très fédéraliste premier ministre canadien, Pierre E. Trudeau disait que « si le Québec devient bilingue à 90 %, le français serait foutu (sic) ». Aujourd’hui, le président R. Rothon de la Canadian Parents Association for french, voit le bilinguisme en milieu minoritaire (le Québec au Canada et en Amérique du Nord) comme le premier pas vers l'assimilation.
Les Québécois sont de plus en plus conscients que, ne représentant que 2% de francophones en Amérique du Nord, ils ont besoin des pouvoirs d'un état souverain pour conserver leur langue vivante et prioritaire à tous les niveaux, et qu’ils ne peuvent continuer de confier leur avenir national à une autre nation qui ne parle pas sa langue et connaît à peu près rien de sa culture. C’est un non sens ! Gageons que les gens du Québec réalisent de plus en plus que l'importance numérique du Canada, alliée à celle des USA, est d'un poids tel que le Québec, sans les outils d'un état souverain, aura tôt fait d'être assimilé. Et qu’il est illusoire de compter sur le gouvernement de la fédération pour nous aider à éviter le sort qu’ont connu les autres provinces.
Le gouvernement fédéral vient de nous apprendre que le bilinguisme est en régression au Canada, mais qu’il progresse au Québec. En bref, cela signifie que le Canada est moins francophone et que le Québec est plus anglophone via le bilinguisme. Le processus assimilatoire est engagé : Québec majoritairement francophone .. Québec bilingue .. Québec majoritairement anglophone .. Et nous n’avons pas les outils d’un état souverain pour protéger ce pilier de notre identité……..
3) Le gouvernement québécois
Le gouvernement en place actuellement au Québec est le maillon faible de l’argumentation souverainiste. L’équipe du PQ, sans être incompétente, n’a pas l’envergure et la crédibilité voulues pour guider le Québec sur le chemin de la souveraineté. Les trop nombreuses hésitations et marches arrière des derniers mois lui ont retiré la confiance populaire.
Le message, c’est le messager disait McLuhan. Or la première ministre, Pauline Marois, piètre messager, sans charisme n’aide pas à la diffusion du message. Elle n’a pas ce qu’il faut pour susciter la détermination et l’enthousiasme que requiert l’accession d’une nation à l’indépendance. Le message est noble et rationnel et pourrait être beaucoup plus motivateur sous la gouverne des bonnes personnes.
Espérons que P. Marois le réalisera rapidement et agira en conséquence. On a souvent vu de valeureux messages se perdre à cause du manque de crédibilité de son messager. Mais il n’y a pas matière à découragement. Loin de là. Tout cela est passager. La souveraineté à 40% en dépit de tout ce que je viens de souligner, c’est presque enthousiasmant !
La gouvernance péquiste ne sert pas la cause de la souveraineté actuellement, mais tout peut évoluer rapidement… Une question de quelques mois, peut-être…
Je vois présentement quelques bons candidats qui pourraient remplacer avantageusement notre actuelle première ministre (nonobstant ses qualités certaines), avec tellement plus de compétence à la tête de l’état et de qualités probantes.
4) Les préjugés
Le cynisme, la hargne, le mépris envers la souveraineté, que manifestent trop des nôtres pour exprimer leur rejet de la souveraineté, est le malheureux résultat de préjugés alimentés par l’ignorance, le manque de réflexion et certaines mauvaises expériences personnelles. Leur nombre augmente sous la faiblesse de notre pédagogie. Ils se laissent guider par leur émotivité primaire. Hier, conscients de leur manque de connaissance à propos de la question nationale, ils cherchaient à mieux comprendre et se faisaient complice d’une saine discrétion. Aujourd’hui, ils troquent les bonnes manières pour l’arrogance. L’instinct primaire dicte leur action. Ils sont des « radicaux libres » dans notre société. Ils en faussent la réalité, en freinent l’avancement en plus de « compliquer l’existence » de ceux et celles qui placent la réflexion à l’avant garde de leur pensée. On retrouve au sein de la CAQ beaucoup de ces Québécois instinctifs et sans véritable capacité de réflexion qui aille au-delà du pragmatisme intantané.
Il faut poursuivre, notre pédagogie de l’information avec fermeté et respect. L’accélérer même et persévérer.
Cette guérilla ne s’arrêtera jamais. Le préjugé ne meurt pas, il se combat par l’argumentation solidement construite.
5) La peur
Celle qu’on rationalise et celle qui tient de la phobie.
La peur est souvent liée à la prudence. Beaucoup des nôtres craignent des conséquences possibles de la souveraineté. Ils ne sont pas contre à priori, mais ils craignent de perdre à l’échange. Le Canada n’est pas le goulag, disait René Lévesque. On aura beau essayer de les convaincre du contraire en leur disant que le Québec est probablement l’état fédéré le mieux préparé à faire son indépendance et, en raison de la grande stabilité de ses institutions, le mieux outillé pour préserver nos acquis. On pourrait leur démontrer, preuves à l’appui que l’indépendance améliorera leur situation économique, linguistique et culturelle qu’ils ne pourraient effacer de leur tête le point d’interrogation qui y virevolte. Ces gens-là ont peur parce qu’ils sont prudents, même s’il faut admettre que cette prudence, outrancière à l’évidence, leur fait tourner le dos la souveraineté et à l’avancement. En insistant sur le deux premiers sujets du début de mon écrit (économie et langue/culture), on devrait arriver à endiguer ce malaise; pas complètement, mais de façon appréciable.
Et puis, il y a cette peur qui tient de la phobie. C’est une peur très humaine et seuls d’autres humains peuvent aider à l’endiguer. La meilleure façon d’aider à combattre cette peur et d’emmener ces personnes à des réunions où il leur sera possible d’entendre, de rencontrer et de converser avec d’autres personnes qui ont connu une peur semblable. Le simple contact avec des personnalités qui font autorité en matière d’économie ou de culture a un grand pouvoir sécurisant.
6) L’attachement au Canada : un sentiment qu’il faut respecter
Les tenants de la souveraineté auraient gagné sur tous les fronts, que la victoire de l’indépendance ne pourrait être assurée si l’attachement de trop nombreux Québécois (je devrais dire Canadien-français en ce cas-ci) au Canada persiste au-delà de la rationalité. Aurions-nous pu étaler cent fois la preuve qu’un Québec souverain est gagnant d’emblée dans tous les domaines que rien n’y fera. L’attachement à un pays est une forme d’amour, que ce pays soit le Canada ou le Québec. Le rationnel y est souvent impuissant. Il faut respecter ceux des nôtres qui éprouvent ce sentiment à l’égard du Canada, tout en leur expliquant que devenir souverain pour un peuple n’est pas rejeter le pays qui les a vu naître. C’est l’émancipation normale du jeune adulte qui quitte ses parents pour s’assumer pleinement et voler de ses propres ailes. Il est probable que les sentiments que partageront Québécois et Canadiens au lendemain de la souveraineté seront de meilleure qualité que ceux qui existent actuellement. C’est même l’avis de l’Institut Fraser. Personnellement j’aime le Canada pour y avoir travailler (en Ontario) pendant dix ans. Je sais que nous nous entendrons mieux après l’indépendance. Le contentieux aura été vidé. Et, l’un et l’autre, nous progresseront mieux et plus rapidement !


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