Le cri du coeur de Fatima Houda-Pepin au premier ministre: «Agissez!»

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Couillard mis en demeure d'agir

La bête noire des libéraux, l'ex-députée Fatima Houda-Pepin, jette un nouveau pavé dans la mare.
Elle porte un jugement très sévère sur le gouvernement Couillard, accusé d'immobilisme sur toutes les questions identitaires.
Qu'il s'agisse de faciliter le vivre-ensemble entre immigrants et société d'accueil, de contribuer à réduire le taux de chômage des nouveaux arrivants, de lutter contre la radicalisation et l'intégrisme religieux, d'assurer la laïcité de l'État québécois ou de défendre la langue française, le gouvernement Couillard a échoué sur toute la ligne, selon celle qui fut vice-présidente de l'Assemblée nationale.
De confession musulmane, reconnue pour ses réflexions étoffées sur toutes ces questions reliées à l'identité et la lutte à l'intégrisme religieux, l'ex-députée libérale était invitée par La Presse Canadienne à dire quelle réponse politique devait être donnée à la fusillade survenue dimanche dans une mosquée de Québec.
La tragédie a frappé de plein fouet la communauté musulmane, faisant six morts et une quinzaine de blessés.
«Arrêtez de dire aux communautés: le Parti libéral est le parti de l'ouverture, le parti de l'inclusion, mais dans le concret, qu'est-ce que vous faites?», a lancé Mme Houda-Pepin, en guise de message à ses anciens collègues.
Le problème, soutient l'ex-parlementaire d'origine marocaine, c'est que le gouvernement Couillard préfère la stratégie partisane «à courte vue», avec «des mesures à la petite semaine», plutôt que l'action politique, préférant se demander combien de votes lui rapportera telle ou telle décision.
Or, soutient-elle, le Parti libéral du Québec est au pouvoir depuis bientôt trois ans, il a donc les moyens de «bouger», d'agir, mais il ne le fait pas. «Sur bien des choses, il n'est pas là», comme absent, déplore celle qui juge que le gouvernement actuel «a renié» l'héritage du PLQ sur ces enjeux.
Par exemple, pour contrer le sentiment d'exclusion de la communauté musulmane, en bonne partie dû à un taux de chômage bien supérieur à celui observé dans la population générale, Mme Houda-Pepin suggère au gouvernement de profiter de son statut d'employeur et d'adopter un programme d'embauche des minorités, avec des cibles précises et un échéancier.
«Arrêtons de faire des discours tout à fait vides de sens!», clame la députée, qui exhorte le gouvernement à passer enfin à l'action pour mieux intégrer les immigrants.
Devenue consultante internationale et chroniqueuse dans les quotidiens de Québecor, Mme Houda-Pepin a été membre de l'équipe libérale pendant 20 ans, de 1994 à janvier 2014, avant d'être exclue du caucus libéral pour ses positions sur la laïcité de l'État et son opposition farouche au port de signes religieux par les employés de l'État ayant un pouvoir de contrainte (policiers, juges, gardiens de prison).
Depuis son élection en 2014, a-t-elle estimé, le gouvernement Couillard a totalement erré sur la question des discours haineux et de la laïcité de l'État, incapable de déposer des projets de loi «le moindrement crédibles».
À preuve, le projet de loi 59, qui a été retiré après avoir fait l'unanimité contre lui, visait à interdire le discours haineux, mais dans les faits, estime Mme Houda-Pepin, il brimait la liberté d'expression et bannissait toute critique des extrémistes religieux de tous ordres.
Une brèche dans un autre projet de loi, qui porte le numéro 62 et doit faire l'objet d'amendements, permettra en fait aux employées de l'État de porter «le tchador, la burqa et le niqab», faisant du coup «régresser les droits des femmes», peste la féministe en elle.
Ce projet de loi controversé stipule que les services de l'État doivent être donnés et reçus à visage découvert.
Dans une plus large mesure, elle reproche au gouvernement Couillard de n'avoir jamais voulu tenir de véritable débat «serein» sur la laïcité de l'État et la protection de l'identité québécoise, des questions pourtant bien «légitimes».
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