C’est la fin pour le couvent de la Fédération des Augustines de la Miséricorde de Jésus du chemin Saint-Louis dans le secteur Sillery. Le bâtiment, jugé patrimonial par la Ville et le ministère de la Culture, est démoli pour faire place à un projet résidentiel.
Abandonné depuis nombre d’années, l’édifice n’est plus sécuritaire, fait valoir au Soleil Charles-Antoine Choquette de l’entreprise HDG. La firme de développement immobilier est propriété de l’ancien du Cirque du Soleil Daniel Gauthier réputé, entre autres, pour son investissement dans le Groupe Le Massif.
Le monastère de béton est donc démantelé depuis un peu plus d’une semaine. Il ne sera qu’un tas de gravats d’ici une à deux semaines supplémentaires.
«Il y avait une présence non souhaitée, une présence dangereuse», ajoute Raphaël Volpato, directeur des opérations de L’Intendant, entrepreneur mandaté pour surveiller la démolition. «Il y avait beaucoup de squatteurs, de feux, de présence illégale.»
«Dangereux»
La mairie de Québec et le ministère de la Culture accueillent ces constats et donnent le feu vert à l’abattage du couvent érigé en 1961 et 1962. «Le bâtiment était jugé dangereux structurellement et il n’était plus possible de le conserver. C’est sur cette base que la Commission d’urbanisme et de conservation de Québec a autorisé la démolition», précise le chef d’équipe aux communications municipales, David O’Brien.
Celui-ci convient que le Programme particulier d’urbanisme (PPU) du secteur privilégiait la conversion de l’immeuble religieux. Mais assure que «son état ne le permet plus».
«Un projet de remplacement est prévu par le propriétaire», poursuit M. O’Brien. Il ne peut toutefois donner des détails pour l’instant, les pourparlers se poursuivant. «Les instances publiques (Ville et ministère de la Culture) sont en négociation avec le promoteur pour que le projet respecte les orientations du PPU de Sillery et du plan de conservation de Sillery.»
«Pour chacun des domaines de Sillery, le PPU du site patrimonial de Sillery identifie les objectifs spécifiques poursuivis, les composantes à maintenir “à tout prix” ou “dans la mesure du possible”, et les règles d’intervention», explique David O’Brien. «Dans les règles d’intervention, on indique clairement qu’il est permis d’insérer des constructions ou d’agrandir le couvent à même la portion actuellement libre au sud de l’actuel couvent, en privilégiant une vocation résidentielle, incluant l’habitation collective.»
Pas de locaux commerciaux
Charles-Antoine Choquette note justement que HDG entend construire pour des résidents. Il n’y aura pas de locaux à vocation commerciale, pas même le long du chemin Saint-Louis.
M. Choquette ne peut, pour l’instant, offrir d’échéancier, dire quand le futur bâtiment poussera. Il préfère attendre les autorisations avant de lever le voile sur les plans.
Histoire
La Fédération des Augustines de la Miséricorde de Jésus a été créée en 1957. Elle chapeautait 12 monastères autonomes.
«De 1957 à 1962, le conseil général de la Fédération des Augustines de la Miséricorde de Jésus loge à l’Hôtel-Dieu de Québec. Puis, la décision est prise de déménager à Sillery, où l’Hôtel-Dieu possède un terrain vacant entre les domaines des villas Clermont et Beauvoir. Le nouveau bâtiment est érigé à la place de l’ancienne villa en 1962, selon les plans de l’architecte René Blanchet», nous apprend un document préparé par la firme Patri-Arch.
Le siège social de Sillery a été érigé notamment pour la formation des novices, lit-on dans les archives de la congrégation.
La moitié des 12 monastères ont toutefois fermé leurs portes entre 1987 et 1997. Face au déclin, le bâtiment du 2285, chemin Saint-Louis a été vendu en 2008 et a est inoccupé depuis.
FICHE DU RÉPERTOIRE DU PATRIMOINE CULTUREL DU QUÉBEC
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PEU D'INTÉRÊT POUR LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE DE SILLERY
«Pour nous, c’était un des édifices les moins importants à préserver dans le site patrimonial.»
L’assertion peut surprendre, d’autant plus qu’elle est décochée par le président de la Société d’histoire de Sillery, Jean-Louis Vallée. Il faut expliquer : l’idéal aurait été de rescaper le couvent des Augustines. Mais les sœurs l’avaient déserté depuis déjà quelques années quand elles l’ont vendu en 2008. Au fil des ans, ce qui avait le plus de valeur, soit l’aménagement intérieur, a été livré aux pilleurs, aux vandales. Les feux, l’eau, la vermine et les visiteurs auraient détruit l’essentiel.