Le chef du Parti québécois à Paris pour consolider les liens de coopération

Boisclair à Paris

André Boisclair, chef du Parti québécois (PQ, souverainiste), a commencé, lundi 22 janvier, une visite de cinq jours en France, placée sous le signe de la tradition. Points forts de sa mission, à quelques semaines d'élections provinciales : un entretien, lundi, avec le premier ministre, Dominique de Villepin ; des rencontres avec plusieurs ministres, dont le chef de la diplomatie française Philippe Douste-Blazy ; au Parti socialiste, avec François Hollande et au Mouvement républicain et citoyen, avec Jean-Pierre Chevènement.


A l'approche de l'élection présidentielle française, M. Boisclair a voulu rencontrer les deux camps en présence car, dit-il au Monde, "il y a des loyautés à l'endroit du Québec qui transcendent l'appartenance à un parti". Lui-même est en première ligne pour devenir premier ministre du Québec, si les électeurs donnent la majorité au PQ, actuellement dans l'opposition, plutôt qu'aux libéraux au pouvoir, lors d'élections au printemps.
POUR UN NOUVEAU RÉFÉRENDUM
A 40 ans, André Boisclair a pourtant déjà une longue expérience politique : ministre à 29 ans, il a occupé plusieurs portefeuilles de 1996 à 2003, dont l'immigration et l'environnement. Après la victoire des libéraux en 2003, il part étudier à Harvard (aux Etats-Unis) et revient pour briguer la succession de Bernard Landry à la tête du PQ. Depuis un an, il tente de redorer et rajeunir l'image du parti. Faire l'indépendance du Québec, via un nouveau référendum, demeure sa priorité : "Nous allons revenir sur cette question nationale, parce que nous croyons que le Québec doit avoir la capacité de façonner son propre destin, de développer sa propre identité. Le désir de liberté et d'égalité des Québécois est un argument éternel et la jeune génération est fatiguée des sempiternelles discussions avec le gouvernement fédéral et des promesses brisées des fédéralistes."
En novembre 2006, le premier ministre canadien, le conservateur Stephen Harper, a pourtant fait adopter une motion à Ottawa reconnaissant que "les Québécois forment une nation dans un Canada uni", jetant le trouble dans les rangs souverainistes. Aujourd'hui, M. Boisclair y voit "un gain, un symbole important même s'il est sans implication juridique. Le Canada est sorti du déni, et cela devrait faciliter la reconnaissance internationale d'un Québec souverain." Il estime que "l'idée de la souveraineté est bien en vie", et qualifie d'"enthousiasmante" la tâche à accomplir.
Qu'attendre de la France ? Non qu'elle prenne parti, mais qu'elle "accompagne les Québécois dans les choix qu'ils feront". Le chef du PQ croit aussi à un renforcement des liens de coopération avec la France, par exemple en matière de nouvelles technologies et d'éducation. "De profondes amitiés ont été nouées avec le temps, note-il. Le Québec est très attaché à la France et réciproquement. Nous avons développé de vraies complicités et avons des intérêts communs sur plusieurs dossiers : la diversité culturelle, l'application du protocole de Kyoto, la guerre en Irak..."
Au plan économique, le Québec est, selon lui, un "excellent réservoir de richesses et de compétences", avec un bas taux de chômage mais une croissance "anémique" qui a besoin, pour "sortir de la léthargie", d'améliorer sa productivité, avec un Etat qui joue son rôle et "une jeune génération qui est résolument libre-échangiste" mais aussi très attachée à des "valeurs humanistes".
Anne Pélouas




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