Revue de presse

Le casse-tête québécois

La nation québécoise vue du Canada

Vous ne le saviez peut-être pas mais «le Québec d'aujourd'hui est très dangereux». C'est du moins la conclusion à laquelle parvient le chroniqueur ultraconservateur du Calgary Sun, Ted Byfield. Selon lui, le Québec a complètement renié sa culture et son histoire. Il en veut d'abord pour preuve l'interdiction faite aux écoles évangélistes d'offrir une éducation qui fasse fi du programme provincial. Byfield ne peut pas croire que des parents en désaccord avec un programme provincial ne puissent pas, en payant de leur poche, offrir à leurs enfants l'éducation de leur choix, surtout si elle est d'inspiration chrétienne. Il n'y pas si longtemps pourtant, le Québec était une société catholique, fidèle à sa foi et à ses traditions, écrit-il. Malheureusement, les Québécois ont décidé de s'en écarter. Ils sont moins pratiquants que les autres Canadiens et affichent les plus hauts taux d'union de fait, de divorce et d'avortement, insiste Byfield. L'appui des Québécois au mariage homosexuel relève à son avis de ce même abandon culturel. Byfield parle d'un «"nouveau" Québec [qui] vit dans un monde imaginaire où on peut fermer les yeux devant les faits». Il cite la vive réaction aux propos de Lucien Bouchard sur les difficultés économiques qui guettent les Québécois qui ne travaillent pas assez et la perte d'affection des Québécois à l'endroit du gouvernement Harper à cause de ses positions sur le mariage homosexuel, Kyoto et l'Afghanistan. Byfield lit dans les propos de Bouchard le portrait d'un peuple «nourri d'illusions, coupé de sa propre culture», d'où sa conclusion d'un Québec dangereux.
Le Québec a attiré l'attention d'autres commentateurs, mais pour de tout autres raisons. C'est toujours le débat autour de la reconnaissance de la nation québécoise au sein du Parti libéral fédéral qui fait jaser. D'origine écossaise, [John Ivison, du National Post->2652], a tiqué à la lecture de la lettre de Bernard Landry à Stephen Harper sur cette question. Les références à l'expérience écossaise agacent Ivison car la dévolution dont l'Écosse bénéficie ne s'est pas traduite par un transfert de pouvoirs équivalents à ceux dont jouit déjà le Québec, rappelle-t-il. Il existe cependant une grande différence entre les Écossais et les Québécois, note Ivison. Les Écossais, dit-il, ne ressentent pas le besoin d'être reconnus comme nation. Ils savent qu'ils en forment une et se fichent de ce qu'en pensent les Anglais. Ce qu'ils veulent, ce sont de vrais pouvoirs, pas des symboles.
L'autruche
[John Ibbitson, du Globe and Mail->2622], pense que le candidat au leadership libéral Michael Ignatieff a raison de dire qu'il faudra un jour reconnaître le Québec comme nation dans la Constitution, mais l'idée de reprendre ce débat lui répugne. Il ne croit pas que le Canada trouvera la façon d'y arriver car trop de Canadiens à l'extérieur du Québec et certains en son sein ne sont pas prêts à lui accorder les pouvoirs nécessaires à la sauvegarde de sa culture, prise dans un sens large. Mais le chat est sorti du sac, et si les libéraux reculent, ils risquent de discréditer les fédéralistes au Québec. Ibbitson s'inquiète de voir tous les autres enjeux être relégués à l'arrière-plan. Il propose d'imiter les immigrants, qui arrivent au pays à raison d'un million tous les quatre ans, suffisamment pour peupler une ville de la taille de Toronto en une décennie. «Nos complaintes paroissiales à propos de notre ennuyeux passé ne les intéressent pas du tout. Ils pensent à l'avenir, et nous devrions tous faire de même.»
Stephen Maher, du Halifax Chronicle-Herald, avoue qu'il appuyait Clyde Wells et Pierre Elliott Trudeau dans leur opposition à l'accord du Lac-Meech. Aujourd'hui, il ne sait que penser mais dit croire, étant donné les conséquences de cet échec, qu'il aurait mieux valu adopter l'entente. Maher refuse cependant de faire porter tout le blâme aux deux hommes. Il cible davantage Brian Mulroney. «Dans de telles affaires, essayer et échouer est bien pire que de ne rien tenter du tout.» Pour cette raison, il juge bien dangereuse la proposition d'Ignatieff de reconnaître la nation québécoise dans la Constitution. Comme Ibbitson, il croit que les libéraux sont maintenant coincés et n'ont pas d'autre choix que d'appuyer cette motion, mais il note que chaque nouvel effort pour supposément régler la question québécoise n'a rien donné à ce jour, au contraire. «Il serait peut-être préférable que nous cessions de tenter de résoudre ce problème», conclut-il.
En vrac
On savait qu'il ne faut pas compter sur le gouvernement Harper pour lutter contre les changements climatiques. Il ne faut pas davantage se fier à lui pour stopper la pêche avec des chaluts, ces grands filets qui raclent le fond des océans, ramassant tout sur leur passage tout en perturbant l'environnement marin. Le Canada est un des rares pays opposés au moratoire que l'ONU veut imposer sur cette pêche dans les eaux internationales, nous apprennent le Daily News, de Halifax, et le St. John's Telegram. Ottawa préfère une approche «équilibrée», au grand dam de bien des pêcheurs côtiers qui ont beaucoup souffert de l'écroulement des stocks de poissons.
À ceux qui se demandent où s'en vont les conservateurs avec leur programme musclé en matière de loi et d'ordre, voici une information digne de mention, tirée d'un sondage réalisé pour le Toronto Star sur les enjeux de l'élection municipale à Toronto. Selon cette enquête, la criminalité et la sécurité sont considérées comme des préoccupations de premier plan par 85 % des électeurs. Elles devancent les graves problèmes de trafic et de transports en commun de la Ville-reine ainsi que ceux de gestion des déchets.
À propos de sondages, le gouvernement néo-écossais consulte, écrit le Chronicle-Herald. Il veut savoir s'il doit autoriser les gens à rapporter chez eux le vin qu'ils n'auraient pas bu lors d'un repas au restaurant. Le ministère de l'Environnement et du Travail soutient que cela pourrait accroître la sécurité, les gens ne se sentant pas obligés de terminer la bouteille commandée avant de prendre le volant.
mcornellier@ledevoir.com


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