Présidentielle française

Le candidat Sarko

Élection présidentielle française



Ce qui était prévu de longue date s'est avéré: depuis hier soir, Nicolas Sarkozy est davantage candidat à la fonction suprême que président. Dans cette non-nouvelle se cache une vraie nouvelle. En effet, l'actuel locataire de L'Élysée ayant peiné à combler l'écart qui le sépare du champion des socialistes François Hollande, il a décidé de précipiter son annonce de quelques semaines. Lui qui ambitionnait de rester le plus longtemps possible chef de l'exécutif en faisant acte de candidature à la mi-mars, a vu sa ligne d'action bouleversée par le tempo que Hollande a fixé à sa propre campagne. Déclinons.
Lors de son intervention télé effectuée sur la chaîne privée TF1, le sortant s'est fait l'avocat d'une «France forte» en recourant à une habitude chère à De Gaulle, soit l'organisation de référendums. Par exemple, il entend soumettre aux votes des Français une réforme du chômage en leur demandant s'ils sont favorables à l'implantation d'un système de formation professionnelle. Question: qui est contre une telle proposition? Personne ou pratiquement personne!
En fait, en mettant l'accent sur l'usage du référendum pour mieux «redonner la parole au peuple», en promettant évidemment la communication prochaine d'une série de propositions, Sarkozy entend se poser en candidat et seulement en candidat. Dit autrement, il souhaite éviter les questionnements sur son bilan de président, ce qui n'a pas échappé à Hollande qui, une fois la candidature officielle, a souligné avec raison: «Le scénario est écrit: le candidat sortant nous promettra du neuf [...] il s'est trompé pendant cinq ans et justement ce sera son expérience.»
Pour rattraper son retard, Sarkozy, qui pour un nombre imposant de Français reste le président bling-bling, le président des riches, a d'ores et déjà amorcé le labourage des terres exploitées par le Front national. Par l'intermédiaire du ministre de l'Intérieur Claude Guéant, Sarko et son parti UMP ont établi une hiérarchie des civilisations qui dépasse l'entendement. Lui qui prône une France forte ne peut s'empêcher de diviser, cliver comme disent les Français, le pays en fustigeant encore et toujours les immigrants «bronzés.»
Toujours est-il qu'en agissant de la sorte il espère grignoter 2 ou 3 % au FN pour assurer sa place au second tour. Le risque? Le centriste Bayrou, ayant constaté que sa cote est encore et toujours de 15 % et un peu moins, s'est engouffré dans la brèche ouverte par Sakorzy en tentant une opération de séduction auprès des électeurs de l'UMP qui abhorrent les idées du FN. Résultat net de ces mouvements, de ces soubresauts stratégiques? Selon un sondage publié hier, un sondage réalisé alors que tout un chacun savait pertinemment que Sarkozy serait de la partie, Hollande dominerait le premier tour avec 28 %, soit 4 % de plus que Sarkozy, et le deuxième avec 57 %, soit 14 % de plus Sarko. Comme dirait l'autre, ça sent le roussi pour on sait qui.


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