Le PREMIER Canada a été défait : il s’est terminé par la signature du Traité de Paris entre la France, l’Angleterre et l’Espagne en 1763. Le DEUXIÈME Canada a pris racine dès les capitulations de Québec en 1759 et de Montréal en 1760. D’un point de vue militaire, la Nouvelle-France devenait un territoire britannique au même titre que les Treize Colonies britanniques. La réorganisation territoriale, en 1763, a finalement regroupé les Treize Colonies de la Nouvelle-Angleterre plus les trois nouvelles provinces de Floride-Ouest, Floride-Est et la Province of Quebec (autrement appelée « la 15e Colonie ») ainsi que la grande Nouvelle-Écosse (autrement appelée la « 14e Colonie »). Les Territoires indiens passaient sous un gouvernement spécial britannique, tandis que la France cède à l’Espagne l’immense territoire de la Louisiane, puis remembré avec les territoires de la Nouvelle-Espagne. La conséquence principale de cette réorganisation politique entraîne l’élimination de l’Empire français en Amérique du Nord (cf. RÉF., no 1 : Cartes nos 1 à 4-A et 4-B).
L’histoire du DEUXIÈME Canada débute avec la création de la « 15e Colonie » britannique habitée par une majorité démographique de Canadiens (français) d’environ 70 000 habitants, mais qui ne détiennent plus les rênes du pouvoir colonial. Ils sont ipso facto déclassés. L’ANNEXION des Canadiens commence par l’occupation militaire britannique ; très tôt, le ministère britannique lance, au nom du roi, en octobre 1763, The Royal Proclamation ou la « Proclamation royale ». En posant ce geste, Londres tente de répondre à la question : Que faire de la population canadienne française ? Il faudra près d’un siècle à l’Angleterre pour parachever sa conquête de 1760 et s’assurer de la défaite complète d’une société coloniale française qui aurait pu connaître un autre avenir.
Alors, un Canada-Anglais s’est progressivement structuré entre 1763 et 1850. Il a finalement mis en minorité l’ancienne colonie française et, de facto, il l’a entraînée dans un état d’infériorité collective dans tous les domaines : politique, économique et culturel. Le CANADA actuel s’est bâti contre et au-dessus des Canadiens-Français – d’où le mythe du Canada-Français bilingue. Et ce dernier ne peut en ce moment que contribuer au développement du Canada-Anglais en se soumettant aux conséquences très lourdes de son ANNEXION. En conséquence, l’ex-colonie française se trouve, 158 ans plus tard, sous l’emprise d’un Canada indépendant et parqué dans un Québec toujours province.
Les Québécois-Français sont tenus de trancher le nœud gordien de l’interprétation traditionnelle de l’histoire des deux Canadas en renouant avec le combat des nationalistes Canadiens-Français du Bas-Canada avant 1837-1840 (cf. le graphique no 1 ci-après). L’erreur consisterait à poursuivre selon l’arrangement d’après 1840 (cf. le graphique no 2). L’histoire du régime de l’Union nous démontre la nécessité d’unir les efforts des souverainistes plutôt que de mener continuellement des luttes intestines.
Bruno Deshaies
INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 330
Le Canada actuel (30)
Une population dispersée, une grande mosaïque multiculturelle, les résidus d’un Canada-Français bilingue, le Québec toujours province et un CANADA indépendant, mais État-Nation satellite des États-Unis
Chronique de Bruno Deshaies
Bruno Deshaies209 articles
BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pen...
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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30
REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).
Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).
Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
3 août 2008Doit-on « lâcher le premier ses principes et ses idées fixes » ?
4 août 2008 Bruno Deshaies
Je veux bien respecter l’opinion de cet internaute mais l’ANNEXION c’est l’ANNEXION que ce soit dans une fédération ou une confédération, c’est la même chose. Que le régime soit peu ou très centralisé, ce fait ne change rien aux effets néfastes du fédéralisme d’un point de vue indépendantiste.
À tous les sceptiques, je conseillerais de consulter le célèbre mémoire de la Société Saint-Jean-Baptiste présenté le 13 mars 1954 à la commission royale d’enquête sur les problèmes constitutionnels créée par Maurice Duplessis. Le 25 octobre 1954, dans une « Lettre – Préface » à l’occasion de la publication du mémoire, le président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Me J.-Eugène Therrien, écrivait :
Ce mémoire était en quelque sorte un manifeste de 127 pages contre les défenseurs assidus de l’UNITÉ CANADIENNE.
On y lit sous le sous-titre de « Réforme constitutionnelle » l’énoncé suivant :
Le mémoire ajoute immédiatement certaines précisions :
Cet état d’esprit est brièvement expliqué dans la Conclusion de la section consacrée aux « Relations entre le Québec et le Canada Anglais » (p. 115-125) du mémoire :
Pour résumer la position de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, citons deux paragraphes du Chapitre sixième et dernier chapitre du mémoire.
O O O
Maintenant que l’option indépendantiste a été choisie par une bonne partie de la population québécoise, faut-il continuer à en débattre éternellement ?
L’indépendance n’est pas une question de générations ou d’individus, c’est un SUJET collectif, NATIONAL.
Ce problème ayant été débattu abondamment au cours de notre histoire, pourquoi faudrait-il, à la fin, revenir inlassablement à la case départ ? Pourquoi imaginer qu’une génération ne peut pas continuer avec l’autre le même combat sans s’arrêter en cours de route à cause de l’âge, de la maladie, de la vieillesse ou de la fin d’une carrière riche de sens et d’accomplissement ? Pourquoi tous ces replis ? Quelle peut en être la justification ? Faut-il croire que les générations successives n’y croyaient pas vraiment ? Si c’était le cas, ce serait une véritable tragédie nationale.
Nous comprenons l’exaspération de monsieur Gilles Bousquet. Nous comprenons qu’il désire trouver une solution pertinente au sort des Québécois-Français comme nous comprenons qu’il a le droit de raisonner dans l’optique fédéraliste. Malheureusement, l’avenir est complètement bloqué et, par conséquent impraticable dans cette direction.
Un coup d’œil sur les deux événements qui suivent pourrait faire réfléchir les sceptiques indépendantistes.
Cette histoire à court terme s’inscrit nécessairement dans la grande histoire des Québécois-Français d’hier à aujourd’hui. Niez ce fait de longue durée, c’est faire la politique de l’autruche. Les beaux parleurs pourront pérorer indéfiniment en appelant à la barre la philosophie politique, le pragmatisme politique, le bon sens du charbonnier, l’appel de la race ou les récits historiques anecdotiques que les forces profondes de l’histoire canadienne ne changeront pas pour autant.
Si l’on reprend le mémoire de 1954 de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, force est d’admettre que le Québec a pu se développer depuis cinquante ans. Cependant, il est toujours coincé dans le Canada entre l’assimilation totale et l’indépendance complète sinon il vivra en appendice éternellement quémandeur de subsides, comme il l’a toujours fait. Or, ce n’est pas l’OPTION des INDÉPENDANTISTES.
Cette voie, apparemment plus périlleuse, a le grand mérite de rendre la collectivité québécoise responsable globalement de tout ce qu’elle aura à faire en étant servi par un État québécois souverain. Elle deviendra au sens fort du terme « maître de son destin » en apprenant à vivre avec les autres, mais par soi.
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Archives de Vigile Répondre
19 juin 2008Vous concluez : «L’histoire du régime de l’Union nous démontre la nécessité d’unir les efforts des souverainistes plutôt que de mener continuellement des luttes intestines.»
Très bien mais, qui va lâcher le premier ses principes et ses idées fixes pour joindre un groupe uni de souverainistes ? Québec solidaire plus à gauche que souverainiste ? Le PI dont les dirigeants pensent que le PQ est un groupe d'arrivistes fédéralistes, trop mous de l'option, l'ADQ qui ne semble plus trop savoir ce qu'il souhaite comme autonomie sauf que ça doit être à droite et dna le Canada ou le parti Vert, full-fédéraliste ?