INDÉPENDANCE NATIONALE DU QUÉBEC 394

La corruption

Comment fonctionne le gouvernement des hommes

Chronique de Bruno Deshaies


DEUXIÈME SEMAINE DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
« Si les hommes étaient des anges,
_ il ne serait pas besoin de gouvernement ;
_ si les hommes étaient gouvernés par des anges,
_ il ne faudrait aucun contrôle extérieur ou intérieur sur le gouvernement. »
_ (James Madison)

Qu’est-ce que nous avons appris de plus ?
La politique se fait avec des vedettes ! Sont-elles suffisamment médiatiques ? charismatiques ? attachantes ? populaires ou populistes ? visionnaires ? Etc. Que peut faire un citoyen comme les autres lorsqu’) il) elle accepte d’entrer dans l’arène politique. Les grassroots de tous les milieux dans la population, c’est-à-dire le peuple, la base, les localités, les mouvements populaires, les démunis, twitter, réseaux sociaux, etc. s’accorde pour un temps à y voir une sorte de sauveur. Le temps passe et les surprises surviennent au moment le moins attendu.
La recherche du pouvoir n’est pas insignifiante. Elle conditionne les chefs des formations politiques à leur insu. Si bien que les paroles finissent par les trahir. Les comportements changent selon les pressions des grassroots. Le jeu de la souque à la corde suppose de l’adresse, de la tactique et, surtout, de la force. La politique est une épreuve de force entre des belligérants qui souhaitent convaincre et conquérir l’opinion publique mais surtout les électeur)rice)s pour le jour du vote.
Avec l’arrivée de Jacques Duchesneau à la CAQ, le ronron politique s’est tourné vers la corruption. Les étudiants contestataires des politiques du gouvernement Charest viennent, le 8 août, mettre leur grain de sel dans l’engrenage électoraliste. Ni un ni deux, les politiques se retournent de bord ou deviennent vire-capot (selon l’expression consacrée) sans prévention. Les « promesses électorales » affluent de tous les côtés. Tous les politiques jouent à la souque à la corde. Qui tirera le plus fort pour gagner. La gauche ? La droite ? Le centre ? Le populiste ? Le conservateur ? Le libéral ? Le péquiste ? Le caquiste ? L’ONiste ? Les Solidaires ? Perplexe, les électeur)rice)s se demandent qui pourrait bien ralentir le moulin à paroles électoraliste. Finalement, chacun pourrait se demander comment fonctionne le gouvernement des hommes.
Revenons dans une autre histoire, celle des États-Unis. James Madison s’interroge sur le fonctionnement des gouvernements. Il écrit le 8 février 1788 : « Il faut opposer l'ambition à l'ambition, et l’intérêt de l'homme doit être lié aux droits constitutionnels de la place. » Puis, il ajoute : « La dépendance vis-à-vis du peuple est, sans doute, le premier contrôle sur le gouvernement… »
Tous et toutes nos politiques auraient intérêt à lire cet extrait de l’article 51 des Federalist Papers (1788) qui nous offre une réflexion profonde sur le fonctionnement du gouvernement des hommes (infra ANNEXE).
L’élection 2012 devrait être le meilleur moment pour les Québécois de prendre conscience que le temps est venu de voir apparaître la politique-domaine-de-programme-d’action-nationale compatible avec le bien commun et l’intérêt collectif dont l’horizon dépasse la myopie du gouvernement J. J. Charest, le suppôt qui fait vivre le Québec sous la dépendance d’une loi antidémocratique qu’il laisse entre les mains des services de la sécurité publique du Québec et des corps de police municipaux pour résoudre son conflit avec les étudiant)e)s et, par surcroît, de le faire pourrir VOLONTAIREMENT au point qu’une session d’enseignement peut être mise sérieusement en péril. Mais, il fait pire encore, il occulte sa propre loi no 12 pour que les électeur)rice)s deviennent les justiciers de ses basses œuvres. C’est inacceptable et insupportable. Même l’État de droit peut être dans l’erreur. Un vrai chef d’État devrait être plus éclairé que son parti et de tous les contributeurs à son programme politique si la réalité s’oppose à l’application de son idéologie. Et c’est le cas du premier ministre J. J. Charest.
Malgré tout, les oppositions tentent de se positionner avec le même discours opportuniste et électoraliste. Elles mettent trop de bémols dans leur bouche. Il y a l’État et il y a le gouvernement. La population n’est pas dupe. Depuis six mois, la population donne des signes d’insatisfaction, de mécontentement et même de colère. Cette réaction publique ne suffit pas encore à faire éclater la lumière. Malheureusement, la classe politique québécoise continue à penser qu’elle peut agir comme d’habitude.
La coupe est pleine ! Changer de cap. Il ne faut pas se fier aux apparences des circonstances du tohu-bohu social et des problèmes de circulation et de transport public. Les travaux publics majeurs et les dépenses publiques en général coûtent trop chers. Puis, il y a le mal de la corruption que les gouvernements prétendent régler sur la gueule de tout le monde. La collusion existe-t-elle oui ou non ? Aucune réponse valable encore mais beaucoup de soupçons. Un cancer qui se propage dans la société civile.
Il n’en reste pas moins que le thème de la démocratie demeure au cœur même de cette campagne électorale. On peut affirmer que cette élection est exceptionnelle parce qu’elle met en cause la démocratie québécoise dans ses rouages à la fois politique et étatique. Les oppositions ont le devoir de s’attaquer à ce très gros morceau du domaine politique avant que les gens d’en BAS décident de vous mettre au pas. L’État de droit a erré au Québec parce que le Parlement n’a pas fait tous ses devoirs avant de nous plonger avec cynisme dans cette mascarade électorale. Vous avez voulu des élections et vous les avez à notre corps défendant.
Étant donné que le peuple est prisonnier des désirs des politiques, les chefs politiques ont cherché à se combattre en utilisant le jouet de la procédure électorale au lieu de poursuivre les débats parlementaires nécessaires à la résolution de la crise étudiante. Le gouvernement en a profité et il a fait adopter sous pression la loi-matraque no 12 (projet de loi 78). Conséquemment, vous êtes tous devenus les auteurs du désastre.
James Madison suggère aux politiques qui cherchent à se prévaloir de l’autorité comme un absolu, de considérer qu’« il y a là, à tout prendre, qu’une garantie précaire ; c'est qu'en effet un pouvoir indépendant de la nation peut favoriser les projets injustes de la majorité, aussi bien que défendre les intérêts légitimes de la minorité ; parfois même il peut opprimer les deux partis. » En ce cas, on est loin de cette autre idée exprimée par Madison : « La justice est la fin du gouvernement, c'est la fin de toute société civile. » On peut raisonnablement penser en ce moment que ce principe démocratique est loin d’être respecté adéquatement par les politiques.
Sous la menace de la loi no 12, peut-on croire que nous vivons réellement dans une démocratie et un État de droit véritable ? Faut-il attendre les conclusions de la Commission Charbonneau pour mettre à la porte le gouvernement libéral ? Combien de couleuvres faudra-t-il avaler et d’entourloupettes et de promesses électorales faudra-t-il entendre au cours des deux prochaines semaines ? C’est assez ! Que le parti politique qui veut vraiment gagner cette élection parle des « vraies choses ».
Les Québécois ont besoin d’un ou d’une chef de l’État et pas seulement une ou un chef d’un gouvernement, d’une clique politique et d’un entourage sélect. Si tel est le cas en ce moment, il faut rappeler cette maxime : « Plus un pouvoir est grand, plus courte doit être sa durée. »

Le temps est venu pour l’électorat québécois d’appliquer cette maxime, puis ensuite de suivre de très près le prochain gouvernement majoritairement élu.
o o o
Voir les annexes dans le fichier joint "La corruption".

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Bruno Deshaies209 articles

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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 août 2012

    @ Monsieur Cloutier
    Je suis 100% d'accord avec votre commentaire que je trouve très pertinent. Incroyable comment les Québécois se font leurrer par cette fausse démocratie oligarque qui ne peut attirer que des carriéristes ambitieux et profiteurs au détriment du bien commun et de notre idéal national.
    Ne trouvez-vous pas humiliant les courbettes que Marois et Legault font présentement aux anglos pour attirer cette clientèle captive du PLQ? Manque total de colonne vertébrale et d'estime de soi-même! Tant qu'à Charest, je n'en parle pas, il est vendu depuis belle lurette! Nous ne sommes pas sortis du bois avec des politiciens semblables qui n'ont aucun sens national du Québec sauf celui de s'enrichir à nos dépens avec la machine gouvernementale provinciale et FÉDÉRALISTE de surcroît.
    Heureusement qu'Option nationale est dans le décor, formation à qui j'accorderai mon vote le 4 septembre prochain. Continuez votre bon travail de conscientisation avec vos articles et vos commentaires que j'aime bien.
    André Gignac 11/8/12

  • Archives de Vigile Répondre

    10 août 2012

    Vous n'allez pas au fond des choses, monsieur Deshaies et vous tournez autour du pot sans remettre en cause l'institution qui est la source de la corruption, c'est-à-dire le gouvernement représentatif, défendu par Madison et les penseurs de la Révolution française dont l'abbé Sièyes pour qui la France ne pouvait pas être une vraie démocratie dans laquelle le peuple assumerait le pouvoir, mais un système dans lequel le peuple n'a pas d'autres choix que de choisir ses maîtres une fois à tous les 4-5 ans.
    Dans ce type de système politique, les riches finissent toujours par contrôler le pouvoir. En 200 ans de ce système, jamais les pauvres n'ont été au pouvoir. Ce système qu'on appelle faussement "démocratie" est dans les faits une oligarchie ou une ploutocratie et quand les pauvres deviennent trop menaçants, il se transforme assez rapidement en dictature dure, le système de gouvernement représentatif étant une forme de dictature douce.
    La corruption c'est essentiellement la collusion entre le pouvoir économique privé et le pouvoir politique public composé de politiciens professionnels commandités par le pouvoir économique et qui finissent inévitablement par privilégier leurs intérêts personnels et ceux de leurs commanditaires au détriment du bien commun.
    La cause des causes de la corruption c'est l'élection et le gouvernement représentatif. Ne l'avez-vous pas encore compris?
    Le reste c'est de la frime, de la parlotte et des cataplasmes sur une jambe de bois. Tout historien devrait avoir lu Aristote.
    Pierre Cloutier ll.m
    avocat à la retraite