Le bouc émissaire

Vote voilé - turbulences dans l'ordre démocratique



Un comité des Communes a convoqué le directeur général des élections du Canada, Marc Mayrand, qui doit comparaître aujourd'hui. Les députés vont lui passer un savon, réclamant qu'il revienne sur son interprétation des règles électorales et oblige les musulmanes voilées à montrer leur visage avant de voter. Cette manoeuvre des élus est odieuse à plus d'un titre.


Premièrement, le DGE ayant déjà refusé de se rendre aux arguments des partis politiques, le convoquer ainsi à quelques jours d'un scrutin relève de l'intimidation. L'indépendance du DGE est un aspect fondamental de notre régime. Ce n'est pas pour rien qu'en vertu de la loi électorale, il est nommé à vie, sauf faute grave. On peut être en désaccord avec la décision de M. Mayrand sur le vote voilé - c'est notre cas - on doit l'accepter de bonne grâce, par respect pour son autorité morale.
Deuxièmement, en faisant pression ainsi sur le patron d'Élections Canada, le gouvernement conservateur se place en situation de conflit d'intérêts. En effet, pendant que cette controverse du voile fait la manchette, Élections Canada enquête sur une affaire beaucoup plus importante, soit la possibilité que le Parti conservateur ait sciemment dépassé le plafond des dépenses électorales permises lors de la campagne de 2006.
Enfin, les parlementaires fédéraux sont mal placés pour dénoncer la décision de Marc Mayrand. En effet, lors de l'étude du projet de loi établissant les nouvelles règles d'identification des électeurs, un comité du Sénat a été averti à au moins deux reprises de l'interprétation qu'en faisait le DGE quant aux femmes voilées. Ni le comité ni le gouvernement n'ont jugé bon de proposer des amendements au projet de loi. Comme l'a concédé le néo-démocrate Yvon Godin, «tous les partis devraient se donner de coups de pied au derrière, nous aurions pu régler le problème nous-mêmes».
Le premier ministre Harper a déclaré: «Le rôle d'Élections Canada n'est pas de faire ses propres lois, mais d'appliquer les lois adoptées par le Parlement.» L'accusation est particulièrement mal fondée: si le Parlement avait bien fait son travail, nous n'en serions pas là aujourd'hui.
Tout en estimant que sa décision de permettre le vote voilé risque d'entraîner des dérapages lors des trois élections complémentaires de lundi, nous appuyons avec conviction les efforts de M. Mayrand pour résister à cette grossière tentative d'ingérence politicienne.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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