Le boomerang de l’immigration

Ce fieffé lord Durham ne serait-il pas le véritable inspirateur de la « théorie » du « grand remplacement » ?

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La destruction programmée des peuples par le progressisme allié au libéralisme


« C’est vrai qu’au Canada, vous avez toute la place qu’il faut. » Chaque fois qu’en France un Québécois évoque les objectifs stratosphériques du Canada en matière d’immigration, c’est ce qu’il risque de se faire répondre. Comme si nous entassions nos immigrants jusqu’aux confins du pôle Nord ! Cette réplique entendue mille fois n’est qu’un exemple de l’irrationalité qui caractérise le débat sur l’immigration. Un sujet qui brasse tous les mythes de notre époque.


En matière d’immigration, il faudrait pourtant être aveugle pour ne pas reconnaître que le Canada se situe à l’un des pôles les plus extrêmes des pays développés.


Vouloir multiplier par 2,7 la population du pays d’ici la fin du siècle par le seul moyen de l’immigration, comme semble le souhaiter le gouvernement Trudeau, propulserait non seulement le Canada en tête des pays de l’OCDE, mais en ferait le pays développé le plus immigrationniste au monde. Comme si le Canada était à l’immigrationnisme forcené ce que le Japon est à la fermeture des frontières. Deux politiques aussi extrêmes l’une que l’autre.


Pas besoin d’imagination pour prévoir ce qu’il adviendrait alors des Québécois, dont le déclin démographique au sein du Canada semble pourtant déjà programmé. Cette assimilation qui guette les Québécois — mais aussi les Autochtones et les Acadiens — avait bien été souhaitée depuis 1839 par le fieffé lord Durham, mais elle traînait en longueur. Père spirituel du Canada-Uni, ce bon réformiste whig, qui voulait nous faire disparaître pour notre bien, ne serait-il pas au fond le véritable inspirateur de la « théorie » du « grand remplacement » ? « La démographie, c’est le destin », disait en d’autres mots le philosophe Auguste Comte.


Si l’on veut bien faire abstraction du jovialisme immigrationniste canadien et des seuls raisonnements de l’économisme ambiant, force est de constater que l’immigration est partout l’un des problèmes politiques les plus criants de ce début de millénaire. Peu importe la couleur politique des pays qu’elle frappe, la crise migratoire ne fait guère de distinctions.


Depuis le début de 2023, plus de 45 000 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes, soit presque quatre fois plus que lors de la même période l’an dernier. Et cela dans un pays où le gouvernement de Georgia Meloni est perçu par une majorité d’Italiens comme le dernier recours afin de stopper les vagues migratoires qui submergent le pays depuis des années. En Irlande, pays pourtant jusque-là très libéral en la matière, où sévit une grave crise du logement, il ne se passe plus une journée sans qu’éclate une manifestation contre l’accueil des immigrés. On en aurait recensé pas moins de 115 en deux mois à peine !


Ce qui se passe en Irlande n’est que la copie conforme de ce qui se passe depuis quelques années en Suède et au Danemark, deux royaumes sociaux-démocrates réputés pour leur extrême tolérance. Face à la montée de l’insécurité et à l’apparition de ghettos ethniques, en quelques années à peine l’opinion s’est retournée. Du Royaume-Uni à la Hongrie, des rives de la Méditerranée à celles de la mer du Nord, on ne voit guère en Europe de pays où l’immigration ne suscite pas ce qu’il faut bien qualifier de véritable malaise identitaire.


Contre toute évidence, une certaine gauche morale alliée au grand capital et aveugle aux souffrances de ces peuples persiste à n’y voir que la main maléfique de l’extrême droite. Loin d’être d’abord une question économique, l’immigration est avant tout une question politique. Dans tous ces pays, l’immigration de masse met à mal ce que l’économiste Pierre Fortin nomme à juste titre « la cohésion sociale ».


Partout, l’immigration de masse est un choix des classes nanties durement ressenti par les milieux populaires, qui vivent ce déferlement comme un authentique déclassement tant sur les plans du travail et du logement que sur les plans de la sécurité et de l’identité culturelle.


L’exemple de l’Europe devrait nous mettre en garde. D’autant que, depuis peu, on a vu apparaître à Montréal les mêmes phénomènes de ghettoïsation et d’insécurité. Tôt ou tard, les mêmes causes produiront les mêmes effets.


Avec la multiplication des recours et la suprématie des juges, dans nombre de pays l’immigration de masse a échappé aux instances politiques pourtant dûment élues. En France, cela fait près de 40 ans qu’une nette majorité de citoyens réclame un meilleur contrôle des flux migratoires. Que ce soit par impuissance ou par refus d’entendre les doléances du peuple, les élites françaises n’ont eu de cesse de se réfugier dans le déni. Avec pour résultat que la seule immigration légale frise aujourd’hui les 500 000 entrées par année lorsqu’on prend aussi en compte les demandes d’asile. Un sommet qui est en train de transformer radicalement toutes les grandes villes de France.


On aura beau faire la morale au peuple, s’il est un principe qui devrait nous guider en matière d’immigration, c’est le respect du droit absolu de ce dernier de contrôler ses frontières et de choisir qui, quand et comment il souhaite accueillir celui qui cogne à sa porte. À défaut, le déni démocratique qui frappe aujourd’hui tant de pays ne pourra que produire une crise encore plus grave aux conséquences toujours plus imprévisibles. Et ce ne sont pas les grands espaces qui y changeront quelque chose.

 





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