Le Bloc, utile ou inutile à Ottawa?

La vieille histoire d’une DÉFAITE et de notre ANNEXION à une autre NATION qui nous domine et nous remplace

Chronique de Bruno Deshaies


« Les porteurs de l’indépendance du Québec doivent entretenir en eux et entre eux des convictions profondes qui permettront de corriger la courbe historique qui maintient toute une nation conquise dans le cercle vicieux de l’annexion. »
Si l’on jugeait tous les événements après 1760 dans l’optique indépendantiste, le discours souverainiste prendrait une autre direction que celui qu’il a connue et qu’il connaît aujourd’hui – sauf pour la première génération de CANADIENS qui, grâce à l’adoption du Quebect Act, a été encouragée à continuer à se considérer comme LE peuple de la colonie. Pourtant, les CANADIENS n’échapperont pas, malgré eux, à la domination britannique. Même démographiquement majoritaire, les CANADIENS ont été placés de facto et traités au plan du gouvernement comme une minorité. « C’est un peuple, remarquons-le, note Maurice Séguin, administré quand même par des Anglais. »
Beaucoup d’événements ont été vécus par les Canadiens (français). La courbe historique infléchit par ceux-ci a confirmé et consolidé l’annexion du peuple canadien-français et permis le remplacement de gouvernement par un autre. Cette évolution nous laisse tel qu’on a été ou presque avec l’Union de 1840. Ainsi, la 40e élection fédérale depuis 1867 nous offre-t-elle un énième exemple de l’emprise globalisante du POUVOIR CENTRAL sur le LOCAL.
Les bases de la loi fondamentale du Canada dépassent tous les discours des chefs politiques. Les faits politiques, socio-économiques et culturels ont donné naissance à des phénomènes qui se sont depuis longtemps et solidement stratifiées. C’est dans cet esprit que nous pensons que le phénomène Stephen Harper n’est ni meilleur ni pire que tous les autres premiers ministres du Canada depuis 140 ans. Autrement dit, les strates compactes de l’histoire échappent à l’histoire politique parce que l’histoire des structures et des grands phénomènes primordiaux est aussi légitime que l’histoire événementielle dont nous sommes trop friands (particulièrement en période électorale).
La présente élection fédérale offre une autre occasion de défoulement de part et d’autre. La confusion règne chez tout citoyen sain d’esprit quant on lit les dix références, à titre d’illustrations, que nous citons ci-dessous pour comprendre cette lutte partisane qui nous conduit dans le même système canadian qui ne se limite pas au seul combat politique. La complexité du social et du national dépasse les enjeux d’une élection qui sont toujours un dur moment à passer.
Comment peut-on avoir autant de fougue à combattre le parti conservateur fédéral, autant d’oubli face à un parti libéral fédéral statufié et d’un parti NPD qui tente désespérément de se situer quelque part au centre gauche ou même au centre et le Bloc québécois qui se pavane en tant que SEUL défenseur des intérêts du Québec ? Et alors ? Il faut dire qu’une société c’est plus que des partis politiques. Il faut mettre fin à ce monopole.
Les indépendantistes ont besoin d’une réunion de toutes les forces indépendantistes libres qui feront plus que des campagnes électorales, des référendums, des renérendums, des états généraux ou des joutes parlementaires mais qui vont travailler patiemment à changer la donne des fédéralistes entêtés qui ne veulent pas admettre leur annexion en travaillant systématiquement à libérer le Québec et les Québécois des formules bizarroïdes dans le genre du confédéralisme. De plus, un appel devrait être lancé en vue de réunir les souverainistes qui prendront parti pour la création d’un centre de commandement qui ne se dirigera pas tout azimut en oubliant sa mission fondamentale : se donner des assises indépendantistes solides hors des partis politiques qui s’enivrent de leurs succès électoraux quand ils y parviennent ou qui croient y parvenir en créant de nouveaux partis politiques. Où sont-ils les Québécois et les Québécoises de bonne volonté pour relever ce défi ?
Au ras des pâquerettes, en démocratie, quiconque peut dire à peu près tout ce qu’il veut. Toutes les analyses sont bonnes. Les opinions sont partagées. Attendons que le fruit devienne mûr. Mais comment ? Or préconiser le vote en bloc pour le BQ le 14 octobre, c’est une opinion comme les autres, mais elle ne dépasse pas les pâquerettes.
Une lutte électorale est en quelque sorte une guerre sans fusils. Après, il y a le décompte des gagnants et des perdants, de tous les blessés, des écrasés et des laissés pour compte. Ce sont les gagnants qui entreront au Parlement en rangs serrés pour continuer la lutte dans l’enceinte parlementaire. Cependant, l’exécutif reviendra au parti politique qui détiendra le plus grand nombre de sièges au parlement et si possible la majorité.
Dans cette perspective et malgré toutes les ratiocinations de nos analystes politiques, le Passé pèse d’un poids énorme sur les épaules des dirigeants politiques qu’ils soient au pouvoir, dans l’opposition, minoritaires ou députés indépendants.
Faites l’exercice d’une lecture des dix références ci-dessous pour vous rendre à l’évidence qu’une lutte électorale n’est pas toute l’histoire d’une nation. Le feu de paille bat encore son plein dans nos médias écrits et électroniques. Ils pullulent d’opinions, d’analyses, de points de vue, de réactions et surtout de beaucoup de bruit. Ils ne peuvent en être que le reflet qui n’est pas nécessairement fidèle. Toutefois, une fois le pied dans l’engrenage, tous les hommes ou toutes les femmes politiques se ressemblent finalement.
Les indépendantistes ont des devoirs à faire. Ils ne doivent pas être dupes d’une élection. La lutte nationale pour les Québécois ne peut se limiter à des élections ou des référendums successifs. Les porteurs de l’indépendance du Québec doivent entretenir en eux et entre eux des convictions profondes qui permettront de corriger la courbe historique qui maintient toute une nation conquise dans le cercle vicieux de l’annexion.
Les Québécois s’éparpillent en ce moment en de multiples groupuscules qui ont tous une raison d’être mais qui sous-estiment la nécessité de s’unir sur la base du principe de l’indépendance politique du Québec. Les chefs sont absents. Pis encore, ils se font la lutte mutuellement. Quand ce n’est pas le cas, ils écrivent, ils deviennent commentateurs politiques, ils parlent, ils parlent et ils parlent encore. Que ne devraient-ils pas passer le message de s’unir et eux-mêmes d’y travailler concrètement.
Il y a des problèmes de fond (et aussi de fonds $) à régler et cela ne devrait pas se faire sur la place publique dans un premier temps. Après quoi, l’espace publique devrait être occupée par tous ceux qui ont la conviction que l’indépendance du Québec est une nécessité. À ce moment-là, les acteurs devront prendre les grands moyens pour y parvenir en ne répétant pas les erreurs du passé si facile à répéter.
Quel plaisir avons-nous à discuter comme des entêtés ou des rêveurs de toutes sortes de questions accessoires ? Qu’avons-nous à ne pas vouloir penser en présence des faits sur l’indépendance du Québec (cf. DOCUMENT) ? Pourquoi mener de toutes parts des luttes dispersées au lieu de se concentrer en un seul point ou sur un seul sujet en calculant les risques ? Pourquoi, depuis des générations, avons-nous tout risqué principalement dans des luttes électorales ? Pourquoi imagine-t-on que l’indépendance sortira ex machina d’une fabrique Internet souterraine comme une génération spontanée ? Les changements profonds en histoire sont rarement spontanés mais quand ils surviennent ils sont surprenants et même renversants. Cela dépend plus généralement de causes essentielles ou structurelles qu’accidentelles.

Revenons à l’élection. Quels qu’en soit les résultats de celle-ci, les indépendantistes auront du pain sur la planche. Les partis politiques devront être mis sous haute surveillance pour faire en sorte que l’optique indépendantiste l’emporte sur toutes les magouilles partisanes.
Bonne lecture !
Bruno Deshaies
http://blogscienceshumaines.blogspot.com/
RÉFÉRENCES :
(1) Yves BOISVERT, « La nouvelle donne du fédéralisme canadien. » Dans La Presse, dimanche 14 septembre 2008. Le changement des équilibres dans la fédération canadienne.
(2) Pierre-Paul GAGNÉ, « Le diable en personne [Stephen Harper]. » Dans La Presse, dimanche 21 septembre 2008, p. A21.
(3) Josée LEGAULT, « Le clientélisme chirurgical. » Dans VOIR, vol. 28, no 38 (18 au 24 septembre 2008), p. 9. ICI : http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2008/09/17/le-client-233-lisme-chirurgical.aspx
(4) Élias Lévy. « Pas d’avenir sans passé. » Dans VOIR, vol. 28, no 38 (18 au 24 septembre 2008), p. 11. Entrevue. N. B. Nous vous signalons que le texte de VOIR.CA en ligne a été tronqué. Notre extrait n’y apparaît pas mais la version imprimée est intégrale. Le journal VOIR,CA-Montréal se censure lui-même ! ICI : http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=1§ion=11&article=60435

(5) Jean-François LISÉE, « Je vote utile. Je vote Bloc. » La Presse, samedi 20 septembre 2008 (« OPINIONS »). ICI : http://www.vigile.net/Je-vote-utile-Je-vote-Bloc#
(6) Claude MORIN, « Ni nécessaire, ni souhaitable [le Bloc]. » Dans La Presse, dimanche 21 septembre 2008, p. A20 (« FORUM »).
(7) François PARENTEAU, « Pour un Bloc québécois pancanadien. » Dans VOIR, vol. 28, no 38 (18 au 24 septembre 2008), p. 11. ICI : http://www.voir.ca/blogs/franois_parenteau/default.aspx?section=11
(8) Thérèse-Isabelle SAULNIER, [« Vous avez dit... "voter Bloc en bloc" ?->15084] Dans Chronique de la croqueuse de mots, VIGILE.NET, 19 septembre 2008.
(9) Jeffrey SIMPSON, [« Jamais satisfaits (le Québec). »->15122] Dans La Presse, dimanche 21 septembre 2008, p. A21 (« FORUM »).
(10) Syndicat canadien de la fonction publique [FTQ]. « L’heure des choix. Le Bureau de la FTQ a décidé de recommander à ses instances d’appuyer le Bloc québécois. » Le site Internet du SCFP-Québec, 21 septembre 2008. Ne maquer pas de démarrer le diaporama « Stephen Harper expliqué ». ICI :
http://www.scfp.qc.ca/modules/nouvelles/nouvelle.php?id=1392&langue=fr&menu=42

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Bruno Deshaies209 articles

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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2008

    Je regrette mais je crois que certaines personnes portent des lunettes très roses...
    Le Bloc a obtenu en 2006, 51 sièges ce qui n'est pas mal pour un parti régional. Ont-ils réussi à empêcher Hitler oups...Harper de couper dans la culture ? Non.
    Est-ce que le Bloc a empêcher Harper d'envoyer des troupes en Afghanistan ? Non. A-t-il empêcher Harper de procéder à la deuxième lecture du projet de loi C-484 ? Non.
    Combien d'années cela prendra t-il à certains pour comprendre que le Bloc nuis à l'indépendance plus qu'il ne l'aide. Si le Bloc avait vraiment voulu faire l'indépendance du Québec depuis 18 ans il l'aurait fait. Qu'en pensez-vous...
    On tourne en rond avec le Bloc.
    Vous avez la mémoire courte j'ai cru moi aussi à leur discours et j'ai voté pour eux lorsqu'ils ont reçu tellement d'appuis qu'ils étaient dans l'opposition officielle. Ont-ils fait quelque chose pour le Québec ? Fait approuver un projet de loi ? Non.
    Ont-ils empêché la loi sur la clarté ? Non.
    Lorsqu'en plus j'ai appris que Gilles Duccepe avait déjà milité au sein du reform party ??? Sachant que c'est ce parti qui est caché derrière Harper...je suis allé jusqu'à me demander si ce n'était pas une stratégie justement de faire voter la gauche pour Duccepe afin de bloquer le Québec et ainsi empêcher tout adversaires d'Harper de prendre le pouvoir.
    Ont-ils fait quelque chose pour le Québec depuis 18 ans ? Comme le fondateur du Bloc lui-même, Lucien Bouchard l'avait mentionné un jugera de l'efficacité du Bloc à la brièveté de sa présence à Ottawa. J'irais jusqu'à dire aujourd'hui que le Bloc nuis à l'indépendance du Québec. Il est devenu un parti fédéraliste comme les autres sauf qu'il n'a aucun pouvoir et n'en aura aucun. Belle ''gang '' d'hypocrites ils disent défendrent les indépendantistes ils leur demandent de voter pour eux, cependant ils leur lient les mains car jamais ils ne voudront l'indépendance du Québec, ils perdraient leur salaire de $150 000/an et leur pension...
    Comment un gouvernement peut travailler pour le Québec tout en étant payé par le fédéral ???
    Le Bloc est selon moi, la plus grosse arnaque politique canadienne des temps modernes, pas surprenant qu'il est été créer par un ancien militant conservateur, la stratégie a été planifié de longue date et son couronnement était prévu pour les prochaines élections.
    Mais les québécois ne sont pas aussi imbéciles que ça et finiront par se réveiller, je l'espère du moins.
    Donc en attendant l'indépendance du Québec, aux prochaines provinciales j'espère, je voterai NPD parce que c'est le parti qui possède une philosophie se rapprochant le plus des valeurs québécoises et le seul qui pourrait prendre le pouvoir et déloger Harper. De plus il sera plus facile de négocier avec Layton qu'avec Harper après l'indépendance du Québec.
    Voter Bloc nous assure de laisser Harper au pouvoir soit minoritaire ou majoritaire car le petit 9% des intentions de vote du Bloc au Canada ne change rien contre Harper cependant ce 9% ajouté au 19% d'intention de vote au Canada du NPD ajouté au 9% du Bloc au Québec, ce qui donnerait 28% à l'échelle canadienne pourrait créer un effet domino dans le ROC pour ceux qui n'aiment pas Harper et faire renverser le gouvernement d'Harper.
    Kebeca Liberata !
    Sylvie R. Tremblay (ex-vp ADQ)
    Jeanne du Lys
    Parti indépendantiste

  • Marcel Haché Répondre

    28 septembre 2008

    La nouvelle donne politique canadienne fait du P.C le parti du gouvernement.
    Que le prochain gouvernement fédéral soit bientôt majoritaire ou minoritaire, que le P.C. soit bientôt majoritaire ou minoritaire à la chambre des Communes, cela n’aura que peu d’importance pour nous, les indépendantistes. Le prochain gouvernement sera particulièrement toxique pour les nationalistes québécois. En particulier pour les indépendantistes.
    L’effondrement des libéraux, qui pourraient être supplantés par les néo-démocrates, et ce, pour toujours, placerait alors toute la politique politicienne fédérale canadienne dans une perspective gauche –droite. Ce que n’a jamais réussi à faire le P.L.C., n’y ayant pas d’intérêts de toute façon. Or, c’est la politique historique(depuis 1982) des libéraux qui a empêché toute réforme constitutionnelle au Canada, parce que, trouvant sa force politique première auprès de la minorité anglo du Québec, en communion, elle, avec l’électorat ontarien,(ce qui est encore un fait ),les libéraux ont usé, abusé et profité de la menace « séparatiste ». C’est cette donne qui est maintenant terminée. Le Bloc profite encore, mais pour la dernière fois, de l’ancienne donne.
    Si la nouvelle donne plaçait les néo-démocrates dans le rôle de l’opposition officielle, prochainement, ce que semble souhaiter les conservateurs, c’en serait fait des libéraux, et pour longtemps. Les démocrates pourraient devenir le parti de l’alternance à Ottawa. Ce n’est pas rien. Ce n’est pas pour rien, non plus, que le P.L.C de Dion s’en prend maintenant aux néo-démocrates… Ce n’est pas pour rien non plus que Layton multiplie ses promesses de façon si frénétique, sachant qu’il ne sera pas élu au gouvernement, mais que cela pourrait lui permettre d’accéder à l’opposition officielle.
    Dans une telle éventualité, conservateurs versus démocrates, le Canada trouverait enfin son équilibre SANS le Québec. La politique canadienne serait alors capable d’envisager une réforme constitutionnelle, parce qu’elle se serait affranchie des libéraux fédéraux, qui sont les plus grands bloqueurs de toute initiative en ce sens depuis 1982.Il est assez remarquable de voir la discrétion des conservateurs dans la présente campagne électorale à l’égard de la minorité anglo(libérale)du Québec. Rien ne lui est refusé, à cette minorité, à la condition qu’elle se taise et se fasse discrète. Ce qui est le cas. ( centre hospitalier universitaire)
    Si les libéraux fédéraux s’effondrent, ce qui assez prévisible, la nouvelle donne va exiger que nos libéraux provinciaux, eux, nos aimables capitulards, prennent de la voix, s’efforcent de paraître debout, paraissent être combattant. Ils vont devoir paraître nationaliste ! Et cela leur est possible, puisque l’électorat anglo québécois leur est un électorat captif. Déjà, ils se préoccupent de « l’identitaire ».Eux ! Les capitulards par excellence…

    Le simple sujet qu’est la réforme constitutionnelle, la simple parlotte l’entourant, pourrait être une arme très puissante entre les mains des partis fédéraux. Cela se ferait CONTRE LE MOUVEMENT SOUVERAINISTE EN GÉNÉRAL. Nous aurions tort de sous-estimer l’impact politique---éventuellement électoral--- d’un processus qui prétendrait n’être que constitutionnel. Le fruit de Charest va bien finir par mûrir ! Et nous avons tort de sous-estimer maintenant l’importance, l’utilité, la pertinence, très réelle, actuelle et SURTOUT future du Bloc. (Même si le Bloc n’était pas du tout indépendantiste, il garderait quand même toute sa liberté et sa légitimité de représenter le peuple québécois à Ottawa, plus, en tous les cas, que n’importe lequel des autres partis nationaux canadiens)
    Le long terme de notre nation est conditionné par le court terme. De la même manière, l’opération très courte du rapatriement de 1982(et sa charte) pèse encore, en 2008, et a continué---et continuera---de déstabiliser toute tentative des souverainistes « au pouvoir » à Québec. (Je fais ici une distinction entre souverainisme et indépendantisme, l’indépendantisme n’ayant jamais été au pouvoir à Québec)
    Quant au long terme, cependant, si le temps n’est pas compté à notre nation, je crains qu’il ne le soit aux indépendantistes. Pour parler net, lorsque le Québec aura 10-11 millions d’habitants, il vaudrait mieux, bien mieux, qu’il soit déjà indépendant…sans quoi les indépendantistes risquent d’avoir plus de passé que d’avenir ,le multiculturalisme et l’immigration ne travaillant pas pour nous !
    Les faits seraient alors bien plus têtus que l’idéologie.
    En conséquence, c’est politiquement (possible), avant qu’idéologiquement (impossible), qu’il est devenu nécessaire que les nationalistes s’entendent. Grosse commande. Le temps presse.
    Bloc en bloc. Politiquement, très évidemment.


  • Archives de Vigile Répondre

    28 septembre 2008

    Comme M. Boivin, j'avais remarqué la coïncidence des textes de Laplante et Deshaies en Une de Vigile. Comment traduire dans notre réalité politique ces visions du grand large alors que les faits et gestes de la campagne électorale nous ramènent invariablement à la petite politique ? M. Gauthier, par son exposé nous prouve en plusieurs points (sans le vouloir peut-être) l'inutilité et la non-pertinence du Bloc à Ottawa pour ce qui est des enjeux fondamentaix. L'action du Bloc n'est évidemment pas de nature à renverser le cours des choses.
    Pour ma part, je voterai Bloc sans enthousiasme parce que ce parti refuse la franchise politique sur les grands enjeux. La cohésion nationale nous oblige à ne pas donner au Canada l'occasion de se réjouir de l'affaiblissement du Bloc. La question du Québec doit demeurer une épine dans le pied du Canada. C'est la seule raison de voter pour le Bloc.
    Le reste, la pertinence, l'utilité, cela ne tient pas la route pour tout indépendantiste qui se respecte. Si le Canada pouvait être gérable dans le sens des intérêts du Québec grâce à la présence du Bloc à Ottawa, le fédéralisme ne serait pas le fédéralisme et l'indépendance du Québec ne serait pas nécessaire. L'inutilité générale et globale du Bloc à Ottawa est justement la raison qui doit nous pousser à en sortir. Le rôle du Bloc ne peut être que de témoigner de notre annexion et de notre impuissance politique en ce qui a trait à tous les enjeux nationaux d'importance.
    Il n'est donc pas nécessaire de répéter les incohérences bloquistes pour voter pour ce parti. Nul n'est d'ailleurs tenu de répéter des inepties politiciennes. Les intérêts de la nation dépassent l'action parcellaire du Bloc en campagne. Il serait bon d'élever notre niveau de compréhension du politique, d'adopter une vison nationale, comme nous y invitent MM. Deshaies et Laplante.
    GV

  • Gaston Boivin Répondre

    28 septembre 2008

    Monsieur MG, bien résumé et très pertinent: Vous avez tout à fait raison!
    Monsieur Deshaies, quelle coincidence que ce très beau, très profond et très lucide texte de monsieur Robert Laplante, datée du 24 septembre, parue ou à paraître dans "L'Action Nationale", qui a été reproduit à la Une de Vigile le 25 septembre, à la même date qu'à la parution du vôtre et qui y aborde, autrement, le même sujet, très pertinent: Un texte que tous les Québécois francophones devraient lire et qui devient, par pure coincidence, un espèce de clin d'oeil au vôtre et le complète très bien.

  • Michel Guay Répondre

    28 septembre 2008

    Depuis 1763 la nation Québecoise recule et les chiffres sont là pour convaincre même les rêveurs fédéralistes ou confédéralistes qui possèdent encore un reste de bonne volonté
    Depuis 1763 jusqu'en 2008 la nation Québecoise
    1) à perdue au moins 90% de son territoire de la Nouvelle France ( incluant un tiers des USA , 100% du Canada et un tiers du Québec c'est à dire le Labrador et la Terre de Baffin)
    2) à perdue trois -quart de sa population francophone ( 16 millions sur 24 millions) et trois-quart de sa majorité au Canada Québec ( de 100% à 24%)
    3) à perdue sans relâche en passant de 100% de la population du Canada -Québec en 1763 à 50% en 1863 à 255 en 1963
    4) à perdue tous les combats politiques suite à sa victoire ( irrespectée) de 1774, celles de 1840 et de 1867 et de 1976
    5) à perdue sa souveraineté dans à peu près tous les ministères
    6) à perdue son indépendance économique suite à l'arnaque des fédéralistes contre l'Assemblée Nationale de 1939-45
    7) à perdue son pouvoir militaire
    8) à perdue son pouvoir médiatique
    9) à perdue une bonne part de son pouvoir culturel
    10) à perdue une bonne part de ses pouvoirs après des municipalités
    En fait sans l'indépendance nous perdrons tout au Québec comme nous avons tout perdus aux USA et au Canada

  • Archives de Vigile Répondre

    25 septembre 2008

    M. Deshaies écrit : «en travaillant systématiquement à libérer le Québec et les Québécois des formules bizarroïdes dans le genre du confédéralisme»
    Votre formule c'est quoi au juste ? L'indépendance du Québec pure ou avec ou sans souveraineté avec ou sans partenariat ? Ça restera à définir ? par qui ? quand ? où ?
    Si les Québécois nationalistes souverainistes ne s'intéressent pas trop aux élections et aux référendums, à quoi est-ce qu'ils vont s'intéresser, comment et qui va s'en occuper ?
    Je ne vois rien venir à part le PQ et le Bloc pour faire avancer la cause de la souveraineté. À l'intérieur de ces partis, il peut bien y avoir diverses tendances, ce qui n'est pas trop grave pourvu qu'il n'y ait pas de séparation pour former des groupuscules qui ne servent qu'à nuire à la cause.
    Tout le reste ne va pas bien loin dans le sens souhaité. Même chose pour l'ADQ qui devra reconnaître que le fédéral lui bloque le chemin dans sa démarche vers l'autonomie de la Province de Québec qu'ils veulent faire évoluer vers l'État autonome du Québec. Soit que l'ADQ se range du côté de la souveraineté-association ou partenariat qui me semble tout près d'une confédération ou qu'il vire full-fédéraliste comme le PLQ.