Laïcité: le procès va (re)commencer

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La confrontation constitutionnelle revient par la question religieuse

Quand un feu s’éteint, les braises restent brûlantes pour un temps.


Pour le dire autrement, on peut croire qu’une question est morte jusqu’à ce qu’on découvre à nos dépens qu’il n’en est rien.


La CAQ doit sa victoire au fait que la question du statut politique du Québec n’est plus au centre de la discussion publique.


Tant que cette question était dominante, la grande majorité des électeurs votait pour le PLQ ou pour le PQ.


Les autres partis étaient asphyxiés.


Contestations


Le gouvernement Legault va cependant très bientôt refaire connaissance avec la question constitutionnelle.


Bien malin serait celui qui aurait pu prévoir, il y a quelques années, que c’est par la religion qu’on y reviendrait.


Interdire les signes religieux à certains employés de l’État – ce que j’approuve avec force – se heurtera assurément à la réalité politico-juridique du Canada.


Je pourrais vous citer des tas d’exemples de pays dans lesquels on a interdit à diverses catégories d’employés, y compris dans le secteur privé, de porter des signes religieux visibles.


Mais le Québec n’est pas un pays. Juridiquement et politiquement, notre pays, c’est le Canada.


Et il y a au moins deux conséquences bien concrètes à cela.


La première est que, depuis l’adoption, en 1982, de la Charte canadienne des droits et libertés, les droits individuels priment sur les droits collectifs.


La deuxième est que l’on peut invoquer sa religion pour se soustraire au devoir d’obéir aux règles de droit applicables à tous.


C’est du moins la tendance lourde clairement perceptible quand on examine la jurisprudence de la Cour suprême.


Je vous parie ce que vous voulez que des contestations juridiques des intentions du gouvernement Legault sont déjà en préparation.


S’il veut prévaloir, le gouvernement Legault n’aura d’autre choix que de recourir aux clauses de dérogation lui permettant de contourner cette difficulté, soit l’article 33 de la Charte canadienne et l’article 52 de la Charte québécoise.


Il aura le droit et la légitimité de le faire, et il faudra l’appuyer.


Quand Justin Trudeau a servi une mise en garde à François Legault, il a donné un avant-goût de ce qui s’en venait.


Toute l’artillerie médiatico-intello-juridico-politique du Canada anglais fera passer le gouvernement Legault et le Québec français dans sa quasi-totalité pour un ramassis d’intolérants.


Isolé


Pourtant, comme l’expliquait récemment un groupe de juristes dans un texte collectif publié dans Le Devoir, au cours des 40 dernières années, les clauses de dérogation ont été invoquées à 106 reprises, dans divers domaines, par le gouvernement du Québec sans que le Québec se soit transformé en dictature.


Il va venter, vous allez voir.


On aura une autre belle démonstration de ce que pensent de nous ces élites canadiennes qui carburent au multiculturalisme radical.


Et nous redécouvrirons à quel point les Québécois francophones sont aujourd’hui des exilés de l’intérieur dans ce Canada qu’ils crurent jadis à eux.