La vraie reconnaissance

La nation québécoise vue par les fédéralistes québécois


Le débat au sein du Parti libéral du Canada sur la reconnaissance de la nation québécoise a remis à l'avant-plan de l'actualité le désir des Québécois de voir leur spécificité reconnue par le reste du Canada. L'émotion que suscite toujours cette question ne doit pas nous faire perdre de vue que le Québec a déjà obtenu la reconnaissance la plus importante, la reconnaissance de fait.
Le ministre Benoît Pelletier avait bien sûr raison lorsqu'il a déclaré la semaine dernière: "La Constitution d'un pays est un miroir et il est impérieux que, dans ce miroir, dans la Constitution, les Québécois se reconnaissent pleinement." Cependant, les réactions provoquées au Canada anglais par la position de Michael Ignatieff à cet égard indiquent qu'à court terme, toute tentative d'enchâsser la reconnaissance de la nation québécoise dans la Constitution serait vouée à l'échec. C'est dommage et frustrant. Mais ce n'est pas un drame. Sur tous les autres plans, y compris en ce qui a trait à son statut dans la fédération canadienne, le Québec continue de progresser.
Il est remarquable que la plupart des candidats à la direction du PLC - le parti de Pierre Elliott Trudeau! - n'ont aucun mal à reconnaître que le Québec constitue une nation. Ils craignent comme la peste l'ouverture d'une nouvelle ronde de négociations constitutionnelles. Mais sur le principe, pas de problème. Dans le texte qu'il signe dans nos pages aujourd'hui, Bob Rae fait sienne la recommandation d'un comité du parti présidé par Martin Cauchon: "Le Parti libéral devrait toujours prendre en considération et respecter le fait que le Québec a un caractère particulier au sein de la fédération canadienne." Que souhaitons-nous de plus?
Cette proposition va dans le même sens que le "fédéralisme asymétrique" qu'ont endossé le fédéral et les autres provinces dans l'entente sur le financement des soins de santé. L'expression a beau manquer de panache, elle a tout de même inauguré, au plan des principes, une nouvelle ère du fédéralisme canadien. Suivant le principe d'asymétrie, une politique fédérale peut être mise en oeuvre de façon différente d'une province à l'autre. Inutile de dire que le Québec est le principal bénéficiaire de cette approche .
Au cours des dernières années, le statut distinct du Québec dans la fédération a été confirmé par des accords particuliers sur la formation de la main-d'oeuvre, les bourses du millénaire, les congés parentaux, la prestation nationale pour enfants, les soins de santé, les garderies et l'Unesco. Le préambule de cette dernière entente affirme clairement le caractère particulier du Québec. En effet, le fédéral y concède que "la spécificité du Québec, fondée entre autres sur l'usage de la langue française et une culture unique, l'amène à jouer un rôle particulier au niveau international".
Les Québécois réclament, à juste titre, que les autres Canadiens reconnaissent solennellement leur différence dans le texte fondamental du pays. Cependant, tout en continuant d'oeuvrer pour obtenir cette reconnaissance symbolique, ils doivent toujours donner priorité à la reconnaissance réelle, de facto. Celle-ci est non seulement plus accessible aujourd'hui que jamais, mais c'est elle, bien plus que les textes constitutionnels, qui permet au Québec de se développer à sa manière tout en bénéficant de son appartenance à la fédération canadienne.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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