Jamais, depuis la démission fracassante de Jacques Parizeau, au lendemain du référendum volé, n'avait-on, il semble, assistée à un tel déchaînement des passions en tous genres à propos d'une politicienne, Martine Ouellet, qui a maintenu dignement le cap sur ses opinions, quelle soient justifiées ou pas. Jamais, depuis l'analyse trop rapide des propos de Jacques Parizeau à propos des votes ethniques et de la puissance de l'argent, n'a-t-on assisté à un tel lynchage sur la place publique.
Qu'on soit d'accord ou pas avec cette façon de couper les cheveux en quatre - et j'ai déjà dit tout le mal que je pensais de ce faux débat dans cette même tribune - , qu'on soit d'accord ou pas pour demander, comme pour le capitaine Haddock, dans un album de Tintin dont j'ai oublié le nom, s'il convient de dormir avec la barbe sous ou sur la couverture, là n'est pas la question. Pour moi, on peut faire la promotion de la souveraineté tout en défendant, lorsque besoin est, les intérêts du Québec sur toutes les tribunes, où qu'elles soient. C'est un faux débat qui en cachait un autre.
Je me questionne simplement sur la démolition en règle d'une battante, de la démonisation systématique d'une militante souverainiste, déjà ministre dans plusieurs gouvernements du Parti québécois.
On s'en est pris à elle dans les médias écrits et électroniques, on l'a caricaturée à outrance, on a joué sur les gros titres des journaux comme pour la stigmatiser encore plus, elle a fait l'objet de railleries grotesques, on l'a traitée de fossoyeuse du Bloc, on a manipulé ses propos en la faisant passer pour une jusqu'au-boutiste, bref on a dressé un mur devant elle et elle n'a pas pu l'éviter, elle n'a pas eu droit au dernier voeux de la condamnée, on l'a crucifiée sans possibilité de résurrection.
Pourtant, le résultat du mini référendum ne laisse aucun doute : Martine avait raison puisque 65% des militants du Bloc québécois sont d'accord avec la promotion de l'indépendance en tout temps et en tout lieu. Le fond du litige résidait justement, semble-t-il, dans ce combat incessant de la promotion de l'indépendance du Québec.
Quant au second volet du référendum, les jeux étaient faits depuis longtemps. Il fallait s'attendre à ce qu'elle perde le concours de popularité, après la campagne de salissage dont elle a été victime depuis des mois. Martine avait été lynchée depuis belle lurette, sans possibilité de retour. On prédisait même qu'elle n'aurait plus le choix, après une défaite au mini référendum, de démissionner de son poste de député de l'opposition, le chef du PQ n'en voulant plus dans sa députation.
On avance plusieurs explications. N'empêche, une qui saute aux yeux, c'est que Martine Ouellet est une femme de tête, peut-être un peu trop rigide ou pas assez flexible selon qu'on veut bien la décrire sous son pire côté, et que des hommes politiques prennent très mal la chose. Pauline Marois première ministre a dû affronter le même genre d'attitude. Dans les deux cas, on blâmait leur style de gestion.
Et maintenant, que va-t-il se passer ? Serez-vous surpris si ses deux jeunes enfants en âge de voter la poussent dans les bras de Québec solidaire ? Car eux aussi ils ont vécu l'opprobre, l'insulte et l'humiliation de leur mère. Certes, il faut avoir la couenne dure pour jouer dans les grandes ligues de la politique mais les enfants, eux, n'y sont pas nécessairement préparés. Si Jean-François Lisée se montre aussi peu intéressé à la retrouver dans ses rangs, Martine n'aura plus guère le choix. Je vous entends déjà la condamner de nouveau en poussant les hauts cris de trahison. C'est ainsi qu'on achève les chevaux.