Cinq auteures et auteurs ont publié dans Le Devoir du 3, 4 et 5 janvier derniers un article sur l’organisation politique, sociale et économique de la Suède. Étonnés d’avoir pu observer sur place une société empreinte d’autant de maturité, ils se sont rendu néanmoins compte qu’un progrès d’une telle envergure ne pourrait être introduit au Québec dans les conditions actuelles. Au préalable, un changement de mentalité et de statut s’impose.
La Suéde est un État, une société architectonique et ontologique, une nation en possession de fait et de droit d’un territoire revendiqué et reconnu comme son foyer national. L’État suédois est une société structurée et organisée, qui existe et qui agit avec envergure et d’une manière délibérée, effective, consciente et responsable, au terme d’une très longue histoire qui remonte à presque deux millénaires.
Le Québec est encore une province d’empire, une société inféodée, incertaine, craintive, peu déterminée, habituée à la soumission servile. Son territoire ne lui appartient pas en titre, quoiqu’il lui appartienne de fait, de facto, au terme de 400 ans d’exploration, de défrichements, de développements et de mises en valeur dans des conditions géographiques extrêmement dures, ce qui n’est pas le cas de la Suéde.
Située au nord de la mer Baltique et des détroits scandinaves, (Skagerrak et Kattegat), la Suède est un territoire beaucoup plus aisément accessible que le Québec. Malgré sa position en haute latitude, gravitant autour de 60 degrés nord, ce qui équivaut à l’Ungava au Québec, son climat est plus confortable en été et moins froid en hiver.
Ce qui, depuis toujours, rend ce territoire défendable par une population faible, c’est l’attraction des régions de la rive sud de la Baltique, plus agricoles, plus riches et plus confortables, notamment l’Allemagne, la Pologne, la Hollande, et même le Danemark voisin, sans oublier la Russie, dont la majorité de la population vit au sud, à proximité de la mer Noire et de l’Ukraine, aussi ouverte sur la Mer Noire. Le développement de ces régions, devenues le siège d’États permanents, a contribué à permettre aux Suédois de prendre leurs distances et devenir avec le temps un État-nation souverainement unique, ce qui s’appelle en géopolitique l’ipséité de l’État.
Sur ce plan, il est possible d’établir un rapport entre la Suède et le Québec. En effet, les formidables obstacles géographiques qui définissent leur territoire les rendent plus facilement défendables, et c’est plus particulièrement vrai pour le Québec. De plus, ce dernier bénéficie de l’attrait des régions méridionales de l’Amérique du Nord.
En effet, ce qui a protégé et naturellement défendu le Québec contre ses envahisseurs est la présence plus au sud de régions aisément accessibles et confortables, constituées par la Nouvelle-Angleterre et la côte est des États-Unis, l’Eastern Seaboard.
À ces régions qui ont attiré plus de 100 millions de personnes, y compris des millions de Québécois, s’ajoutent d’autres régions très œkoumènes du centre de l’Amérique du nord, régions qui gravitent autour de l’axe Chicago-Nouvelle Orléans, et qui accommodent plus de cent millions de personnes. À l’extrême ouest, sur la côte de l’océan Pacifique, le climat et les grandes vallées très riches ont attiré des populations dix fois plus nombreuses que celle de l’Ouest canadien et la Colombie-Britannique.
Tous ces facteurs ont contribué à offrir aux Québécois descendants des colons de Nouvelle France la possibilité de devenir un État-nation périphérique et distinct en Amérique du Nord, comme la Suède en Europe.
Quant à l’histoire de la Suède, elle est beaucoup plus ancienne que celle du Québec, et elle est plus complexe. La raison est simple : la Suède comme l’ensemble de la Scandinavie est aisément accessible à l’année longue, et elle par conséquent connue depuis que les Romains en fréquentaient les parages, entre autres à la recherche de bois et d’ambre.
En comparaison, le Québec, comme le Canada qui lui sert d’assise continentale, est presqu’inaccessible et connu depuis à peine cinq siècles, exception faite de la côte de l’océan Pacifique, fréquentée à partir de l’Extrême Orient.
Les trois royaumes de Scandinavie, Norvège, Suède, comprenant aussi la Finlande pendant très longtemps, et le Danemark, existaient bel et bien au 12e Siècle, lorsque, en 1397, la reine Marghrete du Danemark a réussi le coup d’inféoder sous son autorité toutes les trois couronnes.
Le prétexte ? Combattre les Hanses germaniques qui dominaient économiquement la Scandinavie depuis plusieurs siècles, domination exécrée que les Scandinaves ne pouvaient plus tolérer. Ces Hanses étaient pour l’époque des monopoles commerciaux comme les multinationales d’aujourd’hui.
Sauf que l’Union Kalmar fondée par Marghrete n’apporta aucune solution valable au problème des Hanses. En fait, l’intransigeance danoise est devenue plus intolérable aux Suédois que les Hanses germaniques.
La fureur suédoise contre le Danemark atteignit un paroxysme un siècle plus tard, mais la rébellion initiale des Suédois fut réprimée avec une extrême violence par les Danois. Le jeune Gustave Vasa assista à la décapitation de son père, dont la tête roula à ses pieds.
Devenu grand, petit garçon organisa la libération de la Suède et après beaucoup de refus, trahisons, reculs et difficultés, il finit par réussir. Mais les Danois s’approprièrent et gardèrent les riches régions méridionales et agricoles, dont la Scanie, immortalisée par l’auteur suédois Henning Mankell dans ses romans policiers sur les exploits de l’inspecteur Kurt Wallander. Les Suédois devront patienter plus d’un siècle avant de récupérer le sud de leur pays.
Un État ne peut exister et subsister sans région géographique œkoumène. En Suède, l’œkoumène principal est formé par la dépression centrale, dans laquelle Stockholm, à l’est, sur la Baltique, est relié à Göteborg, à l’ouest, sur les détroits et de là par la mer du Nord à la Hollande, avec laquelle les Suédois firent de fructueuses affaires, grâce au fer de Bergslag et au cuivre de Falun. Ces minéraux sont commodément localisés dans les Scandes, l’éperon rocheux de la Scandinavie, au nord de la dépression centrale. Le commerce apporta aux Suédois les moyens de renforcir économiquement leur État et préparer la conquête des régions du Sud.
La guerre entre Suédois et Danois, qui ne sont pas de la même ethnie, sera longue. Sous Gustave-Adolphe, la Suède méridionale sera récupérée, et les Suédois porteront la guerre jusqu’au Danemark, et de là en Allemagne jusqu’au sud, contre l’Autriche de Marie-Thérèse.
Il faut dire que Gustave-Adolphe, le prince protestant, avait été largement financé par Richelieu, le cardinal catholique, qui avait des comptes à régler avec la catholique Marie-Thérèse. La politique est affaire d’intérêts, de rapports de forces et d’effectivité, laquelle s’articule en treize principes fondamentaux qu’on peut appeler les principes de stratégie d’État. Jamais il ne faut confondre politique et religion.
Le Danemark conserva la Norvège, l’Islande et le Groenland, ce qui lui donna une certaine puissance en même temps qu’une zone d’influence qui s’étend jusqu’en Amérique du nord. Par la suite, la Suède est devenue la première puissance dans la Baltique, avant d’être dépassée par la Russie, l’Allemagne et la Pologne.
Avec la fondation de Saint-Petersbourg par Pierre Le Grand en 1703, suivie en 1709 par la bataille de Poltava que les Russes ont gagnée contre les armées suédoises du jeune et fougueux Charles X11, la Suède a dû reculer pour occuper une place plus modeste, celle d’un État moyen néanmoins appelé à jouer un rôle important dans l’échiquier des affaires des temps nouveaux qui débutaient.
En géopolitique et stratégie d’État, il existe un axiome central : le pouvoir, tout pouvoir en fait, est complètement dans ses communications, toutes ses communications, géographiques, techniques et relations intersubjectives comprises. De sorte que tout changement majeur dans les communications entraîne derechef un déplacement majeur des jeux d’intérêts et de rapports de forces qui fera éventuellement sentir ses effets et que personne ne pourra renverser, sinon de nouveaux changements majeurs dans les communications. C’est une loi naturelle et une loi d’airain.
Résultat de l’ouverture du port de Saint-Petersbourg qui mettait à la disposition de l’Europe ses vastes quantités de matières premières, dont le bois et les fourrures, la France, l’Angleterre, l’Allemagne et la Hollande furent rapidement intéressées par la Russie et le commerce sur la Baltique. Elles avaient surtout besoin de bois dont la Russie regorge, un bois de bonne qualité pour la construction des grands voiliers du commerce international de l’époque. Ces richesses excitaient les convoitises et devinrent rapidement causes de guerre.
On peut situer autour de 1760, date majeure pour le Québec, les débuts d’une guerre prolongée et de grande envergure entre les puissances européennes. Les Suédois, qui évitèrent de s’impliquer et se tinrent à distance, en furent témoins. Ils ont dû craindre une invasion de leur territoire par les belligérants et ce danger devait apparaitre réel aux Suédois qui ont aussi du bois, des minéraux comme le cuivre et le fer et des fourrures. Comment défendre leur territoire et trouver un équilibre entre diplomatie et préparation militaire? Pas facile, l’indépendance suédoise, qui remontait néanmoins à 1523, longtemps avant la fondation de Québec.
Dans de telles conditions aussi dangereuses, les Suédois devaient coopérer entre eux et maintenir la paix intérieure. Toutes les classes devaient s’entendre et convenir des mesures à prendre pour assurer la protection et la défense du territoire. Très rares sont les sociétés qui, à l’heure du danger, ont réussi à établir la paix sociale entre toutes leurs classes comme les Suédois ont réussi à le faire. Le seul autre exemple connu est peut-être le Portugal en 1262, alors que tous les Portugais se sont mis d’accord pour chasser l’envahisseur Maure de leur territoire et ont effectivement réussi.
En 1763, date de la signature du traité de Paris et moment fatidique pour nous au Québec, la France, intéressée entre autres par la Baltique et la Russie en même temps qu’elle avait des intérêts en Méditerranée et en Afrique, avait décidé d’abandonner la Nouvelle-France aux Anglais.
Le Saint-Laurent n’avait plus de bois à offrir et on pouvait acheter les fourrures de Russie. Les Anglais avaient besoin de Québec pour leur servir de tête de pont vers la Nouvelle-Angleterre contre les Yankees en révolte. Cette fonction géopolitique particulière du Québec et de sa capitale s’est prolongée très longtemps par la suite, avec la construction du chemin de fer inter-colonial qui permettait aux Anglais d’organiser leur logistique militaire en fonction de guerres contre les États-Unis. Les Suédois pour leur part, surveillaient la Baltique mais leur puissance était diminuée.
De leur côté, les stratèges français devaient savoir dès leur prise de décision que la France soutiendrait les Yankees et leur fournirait l’équipement, l’armée et la flotte nécessaires pour chasser les Anglais de leur territoire. De telles décisions demeurent secrètes jusqu’à exécution.
Mais les intérêts de la France étaient ailleurs, dans la Baltique, en Méditerranée et en Afrique et ils devaient avoir les coudées franches en Amérique. La construction des grands navires pressait, afin de poursuivre les aventures coloniales de la France, surtout en Afrique équatoriale, qui recèle le meilleur bois, et en Asie.
Les Suédois ont été témoins de l’invasion de la Russie par la France en 1812. C’est alors qu’ils ont été guidés par Jean-Baptiste Bernadotte, un Français du Béarn devenu maréchal et prince d’Empire sous Napoléon mais qui prit la part des Suédois et en a fut récompensé en devenant leur roi.
Pendant les guerres napoléoniennes, la Suède a perdu la Finlande aux mains des Russes qui considéraient le territoire finlandais comme un dangereux glacis pouvant servir à un ennemi en provenance de l’Ouest pour envahir leur pays. Bernadotte a trouvé moyen d’enlever la Norvège au Danemark et la donner aux Suédois par le traité de Kiel en 1814.
Les Norvégiens en furent furieux mais ne purent rien faire avant un siècle d’organisation de leur propre État, ce qui arriva en 1905. Les Bernadotte sont demeurés la famille régnante en Suède depuis l’arrivée de Jean-Baptiste qui devient le roi Charles XlV, Jean.
La neutralité finlandaise n’avait trouvé aucune crédibilité chez les Russes, qui avaient prévu l’invasion de leur territoire par les Français en 1812 et par les Allemands en 1941. Les Russes voyaient que les envahisseurs se serviraient du territoire de la Finlande comme d’un glacis pour attaquer la Russie par le nord, en passant par les lacs Ladoga et Onega.
C’est pour se défendre contre une première invasion que les Russes ont saisi la Finlande en 1804 et l’ont libérée avec le traité de Tartu signé par Staline le 14 octobre 1920. Dès les débuts de l’indépendance finlandaise, le maréchal Mannerheim a prévenu les Finlandais qu’en prévision de la prochaine fois, les Finlandais doivent adopter un programme de défense territoriale crédible afin que la neutralité de la Finlande soit crédible.
Peine perdue, les Finlandais n’ont pas voulu le croire. En 1939, aux débuts de la seconde Guerre mondiale, alors que l’Allemagne nazie se préparait à envahir la Russie, la neutralité finlandaise n’avait aucune crédibilité et les Russes ont effectivement envoyé une armée envahir la Finlande vers la fin novembre début décembre 1939, sous le commandement du maréchal Clément Woroschilow.
Les Finlandais se défendirent furieusement mais furent obligés d’accepter les conditions imposées par les Russes. Auparavant, la Finlande était demeurée 600 ans sous domination suédoise. Espérons que les Québécois tireront quelques leçons de ces expériences.
Les Suédois ont été témoins de la guerre 1914-18 et des premiers combats de sous-marins dans la Baltique. Ils ont été témoins de la prise de possession de l’Ukraine du Sud par l’Autriche des Habsbourg, et de la fin de leur empire en 1919. Ils ont été témoins de l’invasion de la Russie par l’Allemagne en 1941, et ils ont été les témoins de la guerre froide qui s’est poursuivie jusqu’en 1990-91. Car leur territoire nordique et périphérique est aussi au centre de l’Europe, face à la Baltique. Le problème suédois a toujours été le même. Comment se tenir en dehors de tous ces conflits, garder une neutralité crédible et vivre?
C’est dans ce contexte exigeant que la Suède s’est construite comme État et qu’elle a adopté des mesures diplomatiques, militaires et socio-démocrates exceptionnelles qui servent maintenant d’exemple au monde.
La Scandinavie et la Suède forment un espace géographique nordique, en fait beaucoup plus au nord que nous, mais ouvert et aisément accessible. Explorées, développées et mises en valeur depuis plus de dix-neuf siècles, leurs populations sont devenues des nations qui ont fondé les assises de leurs propres États, non sans difficultés.
Toute comparaison entre la Suède et le Québec et toute tentative d’adapter au Québec des mesures sociales aussi avancées qu’en Suède doit tenir compte de ce contexte.
JRMS
Le Québec peut-il adopter des mesures aussi avancées qu’en Suède?
La Suède est un État, le Québec une province
Tribune libre
René Marcel Sauvé217 articles
J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en E...
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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].
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6 commentaires
Gabriel Proulx Répondre
19 janvier 2013Bonjour monsieur Sauvé,
Je suis heureux de voir cette comparaison sur plusieurs niveaux entre le Québec et des États indépendants et souverains semblables à lui. Je vous remercie de cette contribution positive au débat.
Par contre, d'un point de vu purement historique et sociologique, j'aurais plutôt tendance à comparer le Québec avec la Norvège, un autre État scandinave avec un climat similaire au nôtre, mais qui est essentiellement pacifiste dans l'âme, tout comme le Québec. La Norvège n'a jamais essayé d'envahir ou d'agresser un autre État souverain, bien qu'elle soit malheureusement enfermée dans la cage de l'OTAN.
Ce n'est pas le cas de la Suède, qui avait à une autre époque tout les attributs d'un empire expansionniste agressif. Dans votre texte, vous évoquez brièvement la Grande Guerre du Nord (1700-1721), qui marqua le début du déclin de l'empire suédois, ainsi que la fin de la monarchie absolue dans ce pays.
Il faudrait spécifier qu'à l'époque, en 1700, pour qu'une coalition aussi vaste puisse se former (menée par la Russie) pour vaincre l'armée la plus professionnelle et moderne de l'époque, c'est que l'arrogance suédoise agressive avait fait suer et saigner des peuples entiers. En effet, après les défaites initiales des armées russes d'un autre âge, Pierre le Grand de Russie s'affaira à bâtir une armée russe moderne, pendant que Charles XII de Suède était occupé à mettre la Pologne et la Saxe à feu et à sang.
Le jeune et « fougueux » Charles XII ne s'est jamais préoccupé des russes pendant ce temps, parce qu'il croyait son armée invincible et qu'il n'acceptait aucun autre résultat que la destruction totale de ses ennemis, d'où sa longue campagne qui se termina par le remplacement du roi de Pologne-Lithuanie, Auguste II, par un pantin de la Suède.
Lorsqu'il se décida enfin à envahir la Russie avec l'ambition d'en annexer de grandes parties à l'empire suédois, Charles XII désirait rien de moins que de marcher sur Moscou, un projet que l'histoire révélera comme étant tout simplement impossible*. Son arrogance le poussera à lancer une campagne mal préparée contre les russes qui utiliseront la stratégie de la terre brûlée et la guerre d'usure contre l'ennemi supérieur en armes et en entraînement. L'agressivité « toujours en avant » du « fougueux » Charles XII mènera aux défaites suédoises de Lesnaya (première défaite suédoise de la guerre) et de Poltava (point tournant de la guerre).
Après Poltava, Charles se réfugie chez les Ottomans turcs et plutôt que de chercher la paix, il essaye de convaincre les ottomans d'envahir la Russie par le sud. Les turcs ne veulent rien savoir de ce projet suicidaire et finissent par l'expulser de leur territoire. Plusieurs années et déboires plus tard, Charles XII trouve la mort en 1718 à Fredriksten, en Norvège. Il faut dire que ses manœuvres politiques maladroites ont amené la majeure partie des États de l'Europe du Nord à lui déclarer la guerre.
Fait intéressant à noter : ces chers britanniques ont changé plusieurs fois de camp durant la guerre, comme quoi il ne fallait jamais faire confiance à cet empire des plus vils et malhonnêtes, qui pratiquait déjà à l'époque l'art de créer des guerres entre les puissances continentales européennes, toujours pour les affaiblir entre elles. Ce concept du diviser pour régner est aujourd'hui utilisé par l'empire régnant en déclin, les États-Unis, pour faire tomber des États souverains sous sa botte.
Bref, tout ça pour dire qu'un d'un point de vu historique, la Suède n'a pas grand chose à voir avec le Québec. La Norvège, l'Écosse et l'Irlande sont plus similaires à nous, de mon point de vu. Sauf que là encore, il est de notre devoir, en tant que peuple, de nous donner un État indépendant et souverain (une république serait parfaite dans notre cas), afin de pouvoir faire de vrais comparaisons entre nos États indépendants respectifs, d'égal à égal (bien que le sort de l'Écosse ne soit, lui aussi, pas encore décidé pour l'instant).
*Un théoricien militaire a dit un jour que l'une des deux manœuvres militaires qu'il ne fallait jamais tenter de réaliser, était de marcher sur Moscou. Pour preuve, en un peu moins de 250 ans d'espace, trois empires majeurs ont essayé : la Suède, l'empire français napoléonien et la coalition fasciste menée par l'Allemagne nazie. Ces trois empires n'ont pas seulement échoué à conquérir Moscou et la Russie, leurs armées ont été complètement détruites dans la tentative et leurs campagnes vers Moscou ont toutes été le point tournant qui mènera à leur éventuelle chute.
Amicalement,
Gabriel Proulx
Archives de Vigile Répondre
18 janvier 2013Mais le monde change!
Nous n'en sommes plus au moyen âge, l'adptation de l'habillement plus sophistiqué, de même que la contruction de nos maison, sinon de nos villes, la capacité technique d'exploiter efficacement les zones nordiques. Mais encore le réchauffement global de la terre qui fera avancer vers le nord la faune tempérée et faire migrer la forêt boréal et diminura la toundra sont autant de facteurs qui progressivement, mais certainemenyt, éluderont quelques obstacles de développement de notre territoire.
Mais voilà, les québécois finiront-ils par se débarrasser de leur conception canadienne-française de leur territoire, foreman pour leurs maîtres britaniques monarcho-libéral, pour l'ensemble de ce qui se trouvent, comme sur autant de concessions provinciales, que ce soit des ressources renouvelables ou non ou des populations autochtones ou non.
C'est dans la conviction que les québécois, toutes parties qui s'en réclament et le sont, agissent comme une nation que nous le deviendront un jour, à nos conditions. Ensuite, par le nombre et notre géopolitique nous obtiendront notre indépendance face aux aléas des changements et des intérêts et des besoins changeant des Hommes.
Archives de Vigile Répondre
18 janvier 2013L'essentiel monsieur Racine, est que le Québec est beaucoup moins accessible que la Suède et la preuve: La Suède existe depuis presque 2000 ans alors que le Québec n'a que 400 ans d'histoire. Celà fait beaucoup de différence dans les mentalités mais les nouvelles communications peuvent compenser dans les conditions actuelles et à venir.
Quant au statut d'État, reconnu depuis 1523 dans le cas de la Suède, alors que le Québec peine à se reconnaître et se faire reconnaître nation,cette distance dans le temps comme dans l'espace fait aussi une différence.
Encore inféodé à un État post-impérial le Québec peut difficilement définir ses objectifs et les atteindre avec une concentration maximale et une économie de moyens. Si le moral fait défaut au Québec, c'est parce que les Québécois sont divisés quant à leurs allégeances. Ces divisions font la différence entre la possibilité de réaliser les objectifs stratégiques du Québec avec une économie de moyen ou de payer plus cher que les autres pour en arriver au même résultat.
JRMS
Archives de Vigile Répondre
18 janvier 2013Message à Sylvain Racine
C'est en plein çca : des gens qui se tiennent debout. Pas des lavettes péquistes qui ont peur d'avoir peur de faire peur. Le pire obstacle pour l'indépendance de la patrie, ce sont eux. Tout ce qu'ils pensent c'est de sauver leur cul. Basta.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
18 janvier 2013Il faut absolument voir la pièce du dramaturge Michel-Marc BOUCHARD, "Christine, la reine-garçon" qui fait le tour du Québec en ce moment avec la troupe du TNM.
L'auteur a lu une dizaine de biographies de la protagoniste avant d'écrire son texte. Il y fait un parallèle entre la Suède et le Québec qui ne peut nous échapper malgré le statut politique. On y voit l'influence de Descartes (1596-1650) sur la reine Christine 1632-1654) dans cette Suède luthérienne du XVII sciècle. En tant que Québécoise, on se réjouit à la pensée qu'ici, en Nouvelle-France, nos élites ont pu elles aussi être influencées par ce philospphe français et que cette différence entre la pensée anglo-saxonne et française persiste encore.
Un extrait, pour le plaisir:
"...Mon pays.
Si beau, si grand.
Étoile Polaire qui te guide.
Soleil, lune qui te veillent, d'égal à égal.
Mon pays.
Pur. Étincelant. Immaculé.
Tes odeurs de pin, d'if, de pruche, de cèdre.
Tes eaux bleues, cristallines.
Tes ours gigantesques,
tes cervidés royaux,
... tes loups qui hurlent,
tes chouettes qui épient.
Mon pays!
Prompt à la fête.
Prompt à l'ivresse.
Portes ouvertes.
Main tendue vers l'autre.
Tes plaisirs intimes qui défient la grogne et la foi.
Et vous, les marionnetters du ciel, souvenez-vous de mon père!
De la neige, il disait que c'était les larmes du ciel qui avaient froid..."
BOUCHARD, Michel-Marc, Christine, la reine-garçon, Leméac, 2013.
Archives de Vigile Répondre
18 janvier 2013Bonjour,
vous écrivez:
"la Suède est un territoire beaucoup plus aisément accessible que le Québec. Malgré sa position en haute latitude, gravitant autour de 60 degrés nord, ce qui équivaut à l’Ungava au Québec, son climat est plus confortable en été et moins froid en hiver."
Concernant le climat, c'est faux. Il fait présentement -15 celcius à Stockholm et on a de la neige depuis la fin novembre. C'est vrai qu'à la hauteur de Stockholm et Goteborg le climat est plus clément l'hiver qu'il ne l'est au Québec le long du St-Laurent, mais je ne vois pas vraiment en quoi ça empêcherait le Québec d'adopter des politiques sociales et économiques suédoises. Le problème est simplement dans la mentalité du "on n'est pas capab" et du "seul le PQ va mener le Québec à l'indépendance". Voilà le problème au Québec.
Et si on va plus au Nord, à partir de Örnsköldsvik,puis Sundsvall, Umeå... le climat en hiver est le même qu'au Québec, plus froid que la Vallée du Saint-Laurent. Et rendu à Luleå, croyez-moi, il fait frette. Ça n'a pas empêché d'y installer une université http://www.ltu.se/?l=en
Une idée comme ça, peut-être que ce ne serait pas une mauvaise idée si le réseau des universités du Québec ouvrait une université à Kuujjuaq. Vous riez peut-être, mais c'est ça développer le nord. Les Suédois l'ont compris. Ça devrait être ça en premier lieu le "Plan Nord", occuper le territoire, se faire amis avec les premières nations comme la Suède l'a fait avec les Sames.
Une petite université à Kuujjuaq pourrait offrir des études en géographie, en langues autochtones, en technologie, océanographie, etc.
Je suis donc d'accord, un changement de mentalité s'impose au Québec. Mais c'est tout, le climat, et même la géographie me semblent pas un problème. Il faut que le monde se tienne debout. Quand il y aura assez de monde debout et moins de monde à genoux derrière le PQ trudeauiste et confédérationiste, je reviendrai peut-être au Québec.