La souveraineté, un projet de gauche?

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Nationalisme à droite, souverainisme à gauche ? Rien ne va plus pour les indépendantistes



On a beaucoup parlé du Congrès de QS et de l’importance qu’il a accordée à la question de l’indépendance. La démarche de QS est évidemment politicienne. En se présentant comme le seul parti souverainiste en progression, QS veut ramener vers lui les derniers électeurs du PQ, et laisser ses restes se décomposer dans les marges de notre vie politique.




Mais cette stratégie manque tellement de subtilité qu’elle pourrait bien perdre en efficacité. Elle n’est toutefois pas sans intérêt. La jeune génération militante, qui se reconnaît dans QS, se montre aussi très distante envers le projet indépendantiste.




Québec solidaire




Pourrait-elle renouer avec lui à cause du souverainisme désormais revendiqué de son parti préféré ? Pourrait-elle au moins découvrir l’idée de souveraineté sans l’assimiler immédiatement à une cause ringarde et poussiéreuse ? Ce ne serait pas si mal.




Le problème de QS, toutefois, c’est de rendre la souveraineté conditionnelle à la mise en place de son propre « projet de société ». L’indépendance version QS vient automatiquement avec l’altermondialisme, l’écologisme, le néoféminisme, le multiculturalisme et une forme plus ou moins prononcée d’anticapitalisme. La souveraineté sera à gauche, ou ne sera pas. L’indépendance ne semble pas avoir de valeur en soi.




QS, surtout, ne veut pas de la souveraineté au nom de la raison historique qui a poussé tant de Québécois à s’y rallier, soit la volonté d’assurer la survie du peuple québécois. Pour QS, les raisons identitaires de vouloir l’indépendance sont déphasées. Au mieux, elles seraient ringardes, au pire, elles relèveraient du repli sur soi.




Étrange paradoxe : QS veut bien de l’indépendance, mais ne veut pas entendre parler de la raison d’être fondamentale de l’indépendance.




Notons que cette vision n’est pas nouvelle. Elle a traditionnellement marqué la gauche du mouvement souverainiste qui voulait conjuguer l’indépendance et le socialisme. Elle était minoritaire, même si elle parvenait à avoir de l’influence sur la définition du projet souverainiste. Aujourd’hui, elle profite de son avantage circonstanciel pour le confisquer.




On aimerait lui répondre : mais une fois indépendants, nous, les Québécois, aurons le droit de voter au centre ou à droite ? S’ils le font, faudra-t-il conclure que l’indépendance n’aura servi à rien ? Le Québec indépendant sera bien une démocratie avec des élections ? Que faire avec tous ces Québécois qui pourraient bien vouloir leur propre pays, mais ne veulent pas le soumettre à un carcan idéologique constitutionnalisé ?








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Le Parti québécois




Les souverainistes traditionnels sont pour l’instant divisés entre la CAQ et le PQ. Ce dernier pourrait toutefois trouver dans la manœuvre de QS l’occasion de se démarquer, en incarnant un souverainisme n’ayant pas honte des questions identitaires et qui ne soit pas que le véhicule peint en bleu de la gauche la plus radicale.




Le PQ aura sa dernière chance lors de sa course à la chefferie. C’est là qu’on verra s’il peut redevenir un parti nationaliste et indépendantiste dynamique et intellectuellement structuré. Il est temps que cette course commence. Que les candidats s’annoncent !






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