La Presse sous influence?

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« Si les Québécois n’aiment pas assez un journal pour l’acheter, si ses gestionnaires refusent de prendre les décisions pour assurer sa rentabilité, est-ce à l’État de le sauver ? »

« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Cette phrase du mythique reporter français Albert Londres (1884-1932) non seulement inspire, mais décrit la ligne de conduite journalistique idéale.


Comment un mandat aussi radical peut-il s’imposer quand les médias d’information dépendent de l’État, de fondations et de grandes entreprises pour survivre ? Porter la plume dans la plaie exige de la plus qu’indépendance.


Or, le président de La Presse, Pierre-Elliot Levasseur, déclarait que « la structure qu’on propose aujourd’hui cadre très bien avec ça », « ça » étant l’aide fédérale, les dons des fondations, des entreprises et des citoyens.


Qu’il y ait ingérence ou non, la seule apparence de conflit d’intérêts affaiblit le lien de confiance entre les citoyens et les médias. Mettre un autocollant « service public subventionné d’utilité sociale » sur un journal ne changera rien à la perte réelle ou perçue de sa liberté.


Interventionniste


L’État n’est pas assez grossier pour dicter les contenus à la petite semaine, mais quand j’étais éditrice de magazines, des ministres ne se gênaient pas pour me dire, au détour d’un cocktail, que nous ne parlions pas assez des Autochtones ou des femmes de la Saskatchewan, me rappelant, en riant, que nous étions « subventionnés ».


Oui, mais, Radio-Canada ? Radio-Canada, création d’un autre siècle, n’est pas subventionnée, elle appartient à l’État. Et son indépendance est constamment remise en question.


En Occident, les journaux, même les meilleurs, en arrachent. La révolution numérique a frappé de plein fouet, côté revenus et contenu. Et pourtant, les médias écrits n’ont jamais été aussi bons et leurs plateformes numériques attrayantes.


Si les Québécois n’aiment pas assez un journal pour l’acheter, si ses gestionnaires refusent de prendre les décisions pour assurer sa rentabilité, est-ce à l’État de le sauver ?