La lune de miel avec Harper est terminée, selon Duceppe

Le Bloc accentue sa présence dans la capitale pour reprendre le terrain perdu

Le BQ prépare sa rentrée


Avant d'apprendre la terrible nouvelle du décès de son collègue et ami Benoît Sauvageau, le chef bloquiste Gilles Duceppe avait rencontré les médias sur la Grande-Allée, activité qui participe d'une opération de «grande séduction» que le parti met en place dans la capitale nationale pour regagner le terrain perdu aux élections du 23 janvier.
Québec - La lune de miel entre le premier ministre Stephen Harper et les Québécois s'achève ou est en voie de se terminer, a affirmé Gilles Duceppe, hier. Et il espère que cela permettra à sa formation de reprendre le terrain perdu, notamment dans la capitale nationale où il était de passage hier.
Selon lui, jusqu'en juin, M. Harper avait beau adopter des politiques que les Québécois rejetaient «massivement» - comme celles sur les armes à feu, Kyoto ou sur les jeunes contrevenants - une certaine partie de l'électorat au Québec persistait à faire confiance au chef conservateur. Mais le vent aurait tourné cet été avec la crise au Liban et «l'alignement» presque inconditionnel de Stephen Harper sur les politiques du président américain George W. Bush, a-t-il analysé. Il doute de plus que M. Harper réussira à honorer sa promesse de régler le déséquilibre fiscal.
Harper comme Duplessis
Pendant un temps, a expliqué M. Duceppe, les Québécois ont aimé voir un premier ministre qui prenait des décisions. «C'était tout un contraste avec Paul Martin. On doit se le dire», a-t-il noté. Cet attrait pour un chef de gouvernement qui tranche rappelle au bloquiste une phrase que son père, le comédien Jean Duceppe, a déjà lancée, au sujet du premier ministre Maurice Duplessis, chef qu'il avait pourtant combattu: «au moins, Duplessis décidait!» Sauf qu'à un certain moment, cet été, note M. Duceppe, plusieurs Québécois se sont rendu compte que «c'était bien beau de décider», mais que le résultat n'allait souvent pas dans le sens «de leurs valeurs et de leurs intérêts». Un choc culturel a en somme eu lieu et il s'est répercuté dans l'opinion. M. Duceppe ne s'en plaint pas.
Le pacifisme légendaire des Québécois a-t-il joué dans cette chute marquée des appuis aux conservateurs? M. Duceppe préfère parler des Québécois en les qualifiant de «pacifiques», puisque, selon lui, ils auraient appuyé des interventions militaires au Rwanda, ou plus récemment au Darfour, pour assurer le respect des droits de l'homme. À ses yeux, il y a là une différence avec le reste du Canada. Bien que le Québec soit en Amérique, les «racines françaises» le rapprochent «des positions de l'Union européenne» en matière de relations internationales.
Personnages colorés demandés?
C'est dans les nouveaux bureaux du Bloc à Québec, inaugurés le 15 juillet et situés dans une maison victorienne de la Grande-Allée que M. Duceppe a reçu les médias hier. Il a dit que le parti allait «redoubler d'efforts» pour reprendre le terrain perdu en janvier à Québec: le Bloc n'a plus que deux élus dans la grande région de Québec. D'abord, le chef sera présent au moins une fois toutes les trois semaines dans la capitale. Il s'est adjoint les services d'un «conseiller spécial», l'ancien député de Beauport-Limoilou, Christian Simard. C'est à Québec que le Bloc tiendra son conseil général les 22 et 23 octobre, lequel sera précédé d'un colloque sur le «rôle d'une capitale nationale dans un Québec souverain». Selon M. Duceppe, les députés conservateurs de Québec se font «extrêmement silencieux» et semblent incapables de répondre aux attentes de la région de Québec.
M. Duceppe a toutefois refusé de confirmer les rumeurs selon lesquelles le Bloc chercherait à recruter des personnalités plus «colorées» pour la capitale, à l'image des deux André/e, Arthur et Boucher: «Je n'ai approché ni une ni l'autre», a-t-il plaisanté hier. Questionné à propos d'André Arthur, député indépendant de Portneuf qui prête ces temps-ci sa voix à des annonces d'aspirateurs à la télévision, M. Duceppe a d'abord répondu que d'autres députés à la Chambre des communes avaient un emploi en plus de celui de député. Sans dire que la conduite de M. Arthur enfreint les règles parlementaires, il a néanmoins laissé tomber: «Je ne pense pas que ce soit la meilleure idée que d'annoncer des balayeuses quand on est député.»
Par ailleurs, à propos de l'entente canado-américaine sur le bois d'oeuvre, M. Duceppe a dit souhaiter avoir d'autres rencontres avec les représentants de l'industrie québécoise et étudier «le libellé de la loi» avant de confirmer s'il votera ou non en faveur de l'accord, au Parlement. Un vote négatif risque de faire tomber le gouvernement Harper, qui est minoritaire.


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