Le Bloc est fauché

Le BQ prépare sa rentrée


par Gilles Toupin

Ottawa - La santé financière du Bloc québécois est si précaire que le parti envisage de demander à ses 75 candidats aux prochaines élections une contribution d'environ 32 000$ chacun pour financer la campagne nationale.
Ce scénario, a appris La Presse, sera étudié et discuté au conseil général du parti à Québec du 20 au 22 octobre.
Le projet provoque des remous au sein de la représentation bloquiste à Ottawa et chez certains présidents d'association de circonscription. «Pas étonnant qu'Yvan Loubier tire sa révérence. Il ne sera pas le seul d'ailleurs», commente un militant du parti qui ne veut pas être identifié.
«C'est sûr que lorsqu'il est question d'argent, confirme le porte-parole du Bloc Frédéric Lepage, les gens ont toujours tendance à vouloir en donner le moins possible. Ils veulent garder des fonds dans le comté pour leur propre campagne, mais ils comprennent cependant la nécessité de financer adéquatement la campagne nationale. On n'entrevoit pas de grands déchirements sur cette question-là.»
Les états financiers du Bloc pour l'année 2005 signalaient en effet un déficit de deux millions au 31 décembre dernier. La formation souverainiste connaît des difficultés notamment en raison d'une dépense de 677 158$ au printemps 2005 pour des élections générales qui n'ont pas eu lieu. De plus, une campagne électorale en 2005-2006 a coûté plus cher que d'habitude en publicité électronique. Enfin, la dernière campagne de financement du Bloc n'a pas fait florès si on compare les résultats de cette campagne à ceux des autres partis politiques.
Le Bloc a recueilli en financement populaire seulement 27 651$ au cours du trimestre se ter­minant le 30 juin dernier, alors que les verts recueillaient 205 000$, les néo-démocrates 736 000$, les libéraux 1 935 000$ et les conservateurs 4,1 millions.
Cette contre-performance financière du Bloc oblige ainsi la formation politique à redresser la situation et à repenser le partage des dépenses électorales entre le «national» et les associations de circonscription de façon à être prête si le gouvernement Harper tombe au cours de la prochaine année.
Le trésorier du Bloc québécois, l'ancien ministre provincial Jacques Léonard, affirmait par ailleurs au quotidien Le Soleil au mois d'août que le parti allait récupérer rapidement sa santé financière.
N'empêche que le projet d'une contribution accrue des candidats à la campagne nationale ne plaît pas à tous, selon certaines confidences recueillies par La Presse.
Le porte-parole du Bloc, Frédéric Lepage, affirme cependant que si le scénario des 32 000$ est retenu, il ne sera pas très différent de ce qui s'est fait dans le passé au Bloc. «Nous avons procédé comme cela en 1993, 1997 et 2000, rappelle M. Lepage. Même en 2004 les candidats ont été mis à contribution.» En 2004 chacun des candidats a dû fournir au «national» entre 12 000 et 15 000$.
«Avant 2004, explique M. Lepage, le mode de financement utilisé était le suivant. Les candidats signaient un engagement de remettre au national leur remboursement du directeur général des élections. Nous avions 75 engagements de remboursement que nous pouvions présenter à la banque pour garantir notre prêt.»
Les candidats n'avaient donc pas besoin d'avancer d'argent pour la campagne nationale. Cette fois, en raison des caisses vides du parti, il pourrait en être autrement.
«C'est toujours le même débat, commente à La Presse le député bloquiste Michel Guimond. Si on veut se battre à armes égales, on n'a pas le choix. Moi, je suis entièrement d'accord avec ce projet.»
Son collègue le député d'Hochelaga, Réal Ménard, estime pour sa part que, dans le contexte actuel, la solution envisagée par le parti pour se sortir d'embarras est la meilleure.


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