Conjoncture favorable à la résolution d'une ambivalence originelle

La langue de l'indépendance

Il n'est donc guère étonnant d'observer une instrumentalisation de la production d'un cinéma multiculturel qui privilégie le point de vue d'une communauté donnée qui ne rejoint pas celle d'une autre.

Cinéma québécois et anglobalisation



Bien mal nous prend de douter à tout instant. Le doute est sain pour autant qu'il nous amène à trancher nos ambivalences. Les récents événements politiques tant au Québec qu'au Canada sont féconds d'un point de vue de nature à résoudre les dilemmes que les forces du statut quo nous imposent. Nous voyons souvent l'arbre qui cache la forêt : il nous faut redoubler de détermination quant aux prochaines épreuves. Nous pouvons prendre à témoin les luttes concernant la langue française et la nécessité du renouvellement d'un discours indépendantiste plus engageant et ancré dans les réalités d'aujourd'hui.
Quand nous parlons de langue et que nous osons privilégier ce terme au détriment d'un certain bilinguisme monolithique, nous arrivons au carrefour de notre liberté collective. Nous avons assez soupé en tant que francophones de cette soi-disant inévitable langue anglaise. Les compromis envisagés dans le projet de loi 103 par le gouvernement en titre sont de nature à assiéger davantage la nation québécoise dans les limbes de l'histoire. La courte liste des libérateurs de peuple a besoin de nous, sur un plan collectif, pour renverser la vapeur.
Constitutionnellement, nous sommes libres d'élaborer les termes mêmes du pacte citoyen qui saura nous unir dans la concorde d'une tendance nouvelle, une route encore à tracer. Face aux partis, par-devers les politiciens à la langue de bois et la multiplication des initiatives citoyennes qui fourmillent face à leur laïus, nous rappelons le devoir. Sans reprendre les travers de la stratégie ouverte, nous militons résolument en faveur de l'explication tangible et intelligible du plan d'action concernant l'indépendance nationale du Québec. Il nous faut dire ce qui pose la langue de l'action, la légitimité d'un chemin tracé et de la prise directe de notre liberté.
Incontestablement, nous devons dénoncer les agissements de la fédération unitaire monarchique du Canada. Face à ce qui touche le fond, nous nous devons d'être vigilants et prêts à saisir les prochaines balles au bond. Nous avons une lutte à finir. Quand une reine et ses représentants déshonorent la fidélité d'un peuple, assujettissent l'expression des droits individuels et ravalent les pièces jointes d'une constitution fossilisée au titre de reliques muséales, il n'y a pas de quoi s'étonner face à une tendance « british » ancrée dans les mœurs politiques canadiennes. Nous devons tout simplement tracer une ligne de démarcation et démontrer les signes concrets de notre existence collective en tant que Québécois.
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Aujourd'hui encore, Jacob Tierney critique les frilosités identitaires des Québécois en matière de cinéma et de représentation des minorités. Du même souffle, l'exercice d'une critique dirigée envers les pratiques et les conditions objectives d'existence d'un peuple ne sont pas des plus aisées dès le moment qu'un régime néocolonial perdure et réglemente une industrie du box-office multiculturel. Il n'est donc guère étonnant d'observer une instrumentalisation de la production d'un cinéma multiculturel qui privilégie le point de vue d'une communauté donnée qui ne rejoint pas celle d'une autre. Dans le cas du Québec, parlons tout simplement d'un cinéma distinct et ouvert sur le monde, même si quelque peu conservateur sur le plan pratique de la représentation plurielle. Nous dénotons tout de même une sympathie pour la différence et un souci de façonner une culture moderne et renouvelée.
Nous avons à décrire le Québec d'aujourd'hui. Pour une certaine part, la « montréalisation » des enjeux est tenue pour suspecte de même que la diversité linguistique en dépit du fait que le Québec fait preuve d'une hospitalité des plus bienveillantes. Le Québec doit se reconnaître. La rédaction de la constitution éventuelle d'un Québec dans l'exercice de sa souveraineté assumée éclaircira les esprits quant aux balises du pays et du mode de gouvernement préconisé. Un éventuel gouvernement doit rallier les parties intégrantes du pays tangible.
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La culture québécoise est plurielle. Elle s'oppose aux solitudes du multiculturalisme CanadiAn. Ce critère est garant d'une certaine diversité dans la mesure où le regard québécois se penche sur l'âme d'un peuple ayant traversé plusieurs époques dans l'adversité et affronté certains démons intérieurs. Être Québécois nous permet d'envisager le pays, de produire des œuvres d'une grande richesse culturelle et faisant preuve d'une modernité certaine. Nous ne renions pas un certain conservatisme qui nous a permis de traverser les épreuves et de résister vaillamment.
Nous luttons toujours avec les symptômes d'une lutte linguistique de longue haleine. Nous ne sommes pas à l'abri de certains revers. Toutefois, notre résolution en tant que peuple est présente. Nous sommes déterminés à revendiquer notre place à part entière au sein du monde. À ce titre, les diverses luttes d'émancipation auraient avantage à conclure des alliances stratégiques avec la cause du Québec. Nous devons en tenir acte, œuvrer à la pérennité du fait français et nous émanciper collectivement. Pensons par exemple à l'essor de la Langue des Signes Québécoise. Prenons fait et cause pour la diversité linguistique et culturelle bien portantes. Affirmons la nécessité d'étoffer l'Option qui nous enrichira sur un plan collectif et national.
Auteur : Elie Presseault


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 août 2010

    2010-08-11 Bruno Deshaies
    « …Notre résolution en tant que peuple est présente. Nous sommes déterminés à revendiquer notre place à part entière au sein du monde. À ce titre, les diverses luttes d’émancipation auraient avantage à conclure des alliances stratégiques avec la cause du Québec. Nous devons en tenir acte, œuvrer à la pérennité du fait français et nous émanciper collectivement. » (Élie Presseault)
    À la recherche de la logique indépendantiste
    Nous cherchons bien péniblement le chemin de notre indépendance collective mais nous refusons d’aller au fond des choses. J’invite ceux et celles qui désirent passer à l’attaque de se fourbir d’un vocabulaire indépendantiste qui vaut cent fois plus que tous les argumentaires éculés que nous lisons au sujet des stratégies souverainistes et, surtout, tous ces projets de pays de l’AN I ou toutes ces études sur un Québec indépendant rêvé ou imaginé.
    Ce pays, il faut le FAIRE et cesser de l’IMAGINER.
    Si l’on veut être réaliste, il faut se comprendre et connaître son ennemi. Pour ceux et celles qui le voudront bien, je vous invite à consulter le site Cap sur l’indépendance ( http://www.capsurlindependance.org/se-former/largumentaire-independantiste ) où se trouvent exposé les principes fondamentaux de la pensée de Maurice Séguin. Vous pourrez avoir accès à une édition intégrale informatisée (version provisoire) de son ouvrage sur Les Normes en dix chapitres.
    Comme le signale Monsieur Presseault, « les diverses luttes d’émancipation auraient avantage à conclure des alliances stratégiques ». Si cela était possible, elles pourraient trouver un terrain d’entente dans cette œuvre colossale et forte de réflexions longuement mûries. Cet impératif présent de la logique de l’indépendance s’impose à tous les indépendantistes.

  • Élie Presseault Répondre

    9 juillet 2010

    Dans un tel contexte de néocolonisation, la minorité se conduit en majorité. Ainsi en soit-il. Il est temps que l'opinion défendue soi-disant minoritairement par les Québécois-es s'unisse aux efforts d'autres minorités partageant les mêmes intérêts civiques québécois pour débouter cette volonté contraire, ie. anglicisation tranquille. Tant et aussi longtemps que nous ne l'aurons compris, les Lafond, Deltell, Tierney fils et Johnston continueront à sévir en ondes. Qui fait son cinéma et le film d'une nation déchue? Je lance l'avis.

  • Florent Marquis Répondre

    9 juillet 2010

    Jacob Tierney est un sacré hypocrite. Ou un aveugle qui s'ignore. Il faut vraiment avoir du front tout le tour de la tête pour affirmer comme il le fait que le cinéma québécois est fermé aux anglos-québécois et aux minorités ethniques alors que les anglos-québécois ont tout fait pour détourner les immigrants de la majorité de langue française en utilisant la cour suprême du Canada pour démolir un à un les articles de la loi 101. Cette loi devait favoriser l'intégration des immigrants à la majorité de langue française du Québec. Or, la puissante minorité Canadian de Montréal a entrepris une guérilla judiciaire contre la loi 101 afin de rendre cette loi inopérante. Résultat: en 2010, les immigrants s'intègrent plus spontannément à la minorité de langue anglaise du Québec, ce qui lui permet de maintenir son poids politique et de continuer d'affaiblir le Québec français.
    Florent Marquis
    Québec

  • Élie Presseault Répondre

    7 juillet 2010

    C'est bien gentil à vous de commenter la situation du cinéma québécois. Ça change de la désinformation à grande échelle. Effectivement, certains journalistes se devraient de remettre certaines opinions en doute. Or, quand nous parlons de chroniqueurs, l'élastique de la rigueur est pas mal lousse. Il est plus facile de rouspéter que de remettre des constats en question. Tierney pensait surtout à faire réagir, tout au plus il aura semé une certaine confusion et cela pourrait avoir un impact en haut, qui sait. L'important est de continuer notre route et d'affirmer la distinction du cinéma québécois.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juillet 2010

    Synopsis d'un film qui inclut la minorité du Québec:
    C'est l'histoire de deux anglos-québécois d'origines juives, Halperin et Tierney. Les deux paranoides sont en manque d'attention et frustrés. Dans le film, les Québécois blancs parleront avec des" pétates" chaude dans la bouche et bla bla bla...
    Voilà le film qu'il faudra faire pour que ces paranoides se la ferme dûre et cesse leur bashing inutile.

    Plus sérieusement, il faudrait peut-être que quelqu'un fasse un film sur la communauté juive au Québec. Par exemple:
    "C’est seulement en 1832 que, sur proposition du député John Neilson, appuyé par le député Louis-Joseph Papineau, les Juifs se voient accorder tous les droits et privilèges dont jouissent les citoyens du Bas-Canada dont celui de siéger comme député." http://grandquebec.com/multiculturalisme/juifs-au-quebec/
    Tsé, un film où Papineau aide à l'intégration de la communauté juive, mais plus tard, cette même communauté fait du Québec bashing et crache sur les "Québécois de souche". Ce serait intéressant!
    Il pourrait le faire, mais non, c'est bien plus facile critiquer les Québécois, qui font des films "blanc, blanc, blanc..."
    On pourrait aussi faire un film avec ceci:
    "La Crise des années 30 et la Deuxième Guerre mondiale
    En 1930, le gouvernement canadien réagit au problème du CHÔMAGE, causé par le début de la CRISE DES ANNÉES 30, en imposant de sévères restrictions à l'immigration. Bien que le Cabinet détienne le pouvoir d'approuver l'admission de certaines catégories d'immigrants et l'exerce effectivement dans certains cas, il n'accorde presque jamais la permission d'entrer à des Juifs. L'intolérance religieuse caractérise encore la société canadienne. L'ANTISÉMITISME, qui allie l'intolérance religieuse à la nouvelle « science » du racisme, s'affiche aussi parmi les dirigeants politiques et culturels"
    Mais non, Tierney ne fera pas ça, il ne voudrait pas salir son Canada. Bien plus plaisant de faire du Québec bashing, de traiter les Québécois de xénophopes, de racistes...

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juillet 2010

    Picher, le film de l'été, sort aujourd'hui. Un quart du film met en scène des Noirs!
    RC a diffusé Rivard samedi dernier. Le film a été tourné il y a deux ans. L'action se déroule dans les années 50 et 60. Un quart du film est en anglais!
    Hier, j'entendais un critique de la Gazette dénoncer l'absence d'immigrants dans les films d'Arcand.
    Dans le Déclin, on voit un boursier africain qui se cherche une blonde sur la main. Il tombe sur un travesti! "Oh boy", dit Rémy. Le film a été tourné en....1986!
    On pourrait continuer à l'infini. Mais comme d'habitude les journalistes n'ont pas vérifié les faits. D'éternels paresseux!

  • L'engagé Répondre

    6 juillet 2010

    Synopsis:
    Un jeune québécois «de souche» idéaliste arrive de Chicoutimi et trouve un logement dans la Petite Italie, il découvre le vide abyssal sur le plan culturel des Italo-canadiens et de leurs festivals corporatifs et se sent au passage comme une «merde» dans l'univers anglais et commercial de son nouveau quartier.
    Parallèlement, une jeune Magrébine n'arrive pas à se trouver un bon travail, même si elle est trilingue, elle ne parle pas anglais et se sent flouée.
    Un Norvégien francophile les rencontre et leur parle de Miron, ensemble ils se mettent à militer pour le français et l'indépendance.
    Le gars de Chicout se fait casser la gueule après une échauffourée liée à la langue, et tout est tout plus noir, au milieu d'une élection quant soudain, ses amis arrivent à concentrer l'attention médiatique autour de son cas.
    Le fait d'avoir été sonné réveille une rage en lui et il trouve une formule-choc et il se met à rallier des tas d'immigrants, ratissant dans Parc-ex et Côte-des-Neige,
    Le film se termine par une manif monstre, plein de fils et de filles de la langue 101 qui scandent : « Mon Québec, mon pays; mon pays accueillant.
    Avant le générique, on passe quelques infos sur la dichotomie de nos structures politiques.
    Pensez-vous que Tierney aimerait ce film?