La langue de l'affichage ramène la controverse au PQ

les délégués péquistes ont appuyé massivement l'application de la loi 101 dans les cégeps

PQ - XVIe congrès avril 2011



Samedi, en atelier, les délégués péquistes avaient appuyé à l'unanimité l'interdiction de l'anglais dans l'affichage. Dans les coulisses, on disait que l'état-major du PQ avait laissé passer la proposition pour ne pas froisser les militants alors que se déroulait le vote de confiance sur le leadership de Pauline Marois.
Photo: PC


Tommy Chouinard La Presse - À la surprise générale, l'aile plus radicale du Parti québécois a remporté toute une victoire au congrès, dimanche. Par une courte majorité, les 1700 délégués ont appuyé l'idée d'interdire l'anglais dans l'affichage commercial.
Ce serait donc le retour à l'unilinguisme français si le PQ est élu, en vertu de la proposition adoptée. Un gouvernement péquiste reviendrait «aux dispositions initiales de la loi 101 en matière d'affichage». On éliminerait donc la nette prédominance du français prévue à la loi 86, adoptée en 1993 par le gouvernement Bourassa. Celui-ci ne voulait pas renouveler la clause dérogatoire à laquelle il avait eu recours en 1988, à la suite d'un jugement de la Cour suprême.
En 1993, les militants péquistes avaient voté en faveur du retour à l'affichage unilingue, une mesure qui avait été inscrite au programme du parti. Mais le chef de l'époque, Jacques Parizeau, ne l'avait pas incluse dans sa plateforme électorale. Il avait plutôt opté pour une enquête sur la situation du français.
Avant l'assemblée plénière dimanche, le député Sylvain Simard soulignait d'ailleurs qu'il y a une distinction entre le programme adopté au congrès et la future plateforme électorale.
Samedi, en atelier, les délégués péquistes avaient appuyé à l'unanimité l'interdiction de l'anglais dans l'affichage. Dans les coulisses, on disait que l'état-major du PQ avait laissé passer la proposition pour ne pas froisser les militants alors que se déroulait le vote de confiance sur le leadership de Pauline Marois. Celle-ci a passé haut la main le test, avec un appui record pour un chef du PQ, 93,08%.
À l'assemblée plénière, Pierre Dubuc, Marc Laviolette et Luc Thériault -ancien député de Masson- ont plaidé en faveur du retour à l'unilinguisme français dans l'affichage.
Plusieurs députés s'étaient placés au micro contre. «Cette proposition risque de diviser», au moment où le PQ cherche à convaincre les Québécois de réaliser la souveraineté, a plaidé Maka Kotto. Il faut penser au «pays d'abord», a-t-il ajouté. Le député de Drummond, Yves-François Blanchet, avait appuyé la mesure controversée en atelier samedi. Dimanche, au micro, il a dit avoir changé d'avis après «réflexion». Mais la position des députés n'a pas pesé assez lourd dans la balance.
Par ailleurs, les délégués péquistes ont appuyé massivement l'application de la loi 101 dans les cégeps, les écoles de formation professionnelle et d'éducation des adultes. Un gouvernement péquiste imposerait également une épreuve uniforme de français, un test obligatoire pour obtenir un diplôme, dans les cégeps anglophones.
Les tenants d'une démarche plus claire vers la souveraineté ont quant à eux remporté une victoire plutôt mitigée en fin de semaine. Les délégués péquistes ont appuyé dimanche l'idée d'utiliser les fonds publics pour réaliser des études sur la souveraineté et en assurer la diffusion.
Mais samedi, une proposition plus contraignante pour la chef, celle visant à créer une «commission de préparation à la réalisation de la souveraineté», avait été écartée par les délégués lors d'un atelier.
Ces mesures faisaient partie de la proposition de Crémazie, défendue par la députée Lisette Lapointe, l'épouse de Jacques Parizeau.
Dimanche, en assemblée plénière, elle a défendu l'idée qu'un éventuel gouvernement péquiste prenne «les moyens techniques et juridiques nécessaires pour parachever les études, préciser les projets et en assurer la diffusion dans le public».
«Si on veut avoir la légitimité pour utiliser les fonds publics, il faut l'écrire clairement», a-t-elle plaidé. L'ancien chef syndical et militant dans Beauharnois, Marc Laviolette, a défendu le même point de vue.
Les députés qui s'étaient opposés à la proposition en atelier, Sylvain Simard et Stéphane Bédard, ne se sont pas présentés au micro cette fois.
Les péquistes veulent que le don maximum à un parti politique soit abaissé à 100$ par année. À la fin de l'année dernière, le gouvernement Charest a fait adopter un projet de loi faisant passer la contribution maximale de 3000$ à 1000$. Le financement des partis politiques deviendrait essentiellement public sous un gouvernement péquiste.


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