La fermeture de la raffinerie Shell, suite et fin.
Le Gouvernement du Québec laissera fermer la raffinerie de Shell sans lever le petit doigt. Il se dit convaincu que la sécurité d'approvisionnement n'est pas menacée par cette fermeture. Ce n'est pas mon avis, je l'ai déjà exprimé ici. Le Gouvernement feint d'ignorer que la sécurité d'approvisionnement signifie non seulement avoir la ressource, mais l'avoir aussi à un juste prix. Nous la payons déjà trop cher, fermer la raffinerie Shell ne va rien arranger. Notre ministre des ressources naturelles est bien meilleure pour alimenter la chronique des potins que pour faire son travail. Elle se moque que des milliardaires anglais, texans ou néerlandais nous rançonnent au nom du libre marché, ce genre de taxes ne tombent pas sous sa juridiction. Évidemment, pas question de nationaliser les actifs de Shell au Québec ou même de lui compliquer la vie.
Il faut quand même admettre que les relationnistes de Shell ont fait du beau travail. Il y a eu deux éditoriaux le même jour dans La Presse et The Gazette. Tous deux appuyaient la fermeture sans le moindre sens critique. Il n'y a pas là une simple coïncidence ; nous savons ce que valent les éditorialistes de ces deux journaux, mais quelqu'un leur a quand même présenté le dossier. Leur sens critique ne s'est pas développé pour autant, on ne donne pas ce qu'on n'a pas !
Shell n'a eu ensuite qu'à feindre de négocier, et voilà, le tour était joué. La décision prise depuis longtemps, la fermeture devenait alors inévitable à moins d'une intervention vigoureuse de nos élus. Car Shell a décidé depuis longtemps de fermer cette raffinerie. Et nos élus sont restés bien sages, du moins presque tous.
S'il y a un élément qui est bien dommage dans cette affaire, c'est la discrétion de l'opposition à Québec et du Bloc à Ottawa. Il y a bien eu du chialage, mais rien qui se compare à la lutte menée par le député libéral fédéral Denis Coderre. Lui et un député néo-démocrate du Nouveau-Brunswick ont vigoureusement remis en question la décision de fermer en se basant sur des arguments de sécurité d'approvisionnement. M. Coderre a même mené Shell en Commission parlementaire. Il a occupé tout le terrain dans ce dossier. Un jour ou l'autre, le Bloc va devoir payer pour cette mollesse au plan politique.
Dans l'opposition comme les libéraux de Denis Coderre, le Bloc avait la chance de justifier sa présence à Ottawa. Il a des électeurs dans tout le Québec, y inclus l'est de Montréal. Son incapacité à formuler une critique cohérente des décisions de cette multinationale risque de venir le hanter lors des prochaines élections. Les électeurs ont la mémoire longue quand il s'agit de la défense de leurs intérêts, et les Québécois se souviendront longtemps de ceux qui les ont défendus quand c'était le temps, même s'il s'agit d'un libéral fédéral.
Une remarque en passant pour les libéraux qui cherchent à Québec une solution de rechange à Jean Charest. Ils savent la valeur des moutons et des brebis de Panurge rassemblés dans son Cabinet. Ils n'ont plus à chercher bien loin. La solution n'est peut-être pas à Québec, mais à Ottawa !
Louis Champagne, ing.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
9 août 2010Tableau synthèse
L’exploitation pétrolière ou gazière au Québec.
http://admin.ruefrontenac.com/photovault_library/originals/2010/08/08/eef6ad5129b9e863bd1e4f4892fd431a.jpg
Archives de Vigile Répondre
8 août 2010Au milieu des années 1970: " Pour protéger l'industrie ontarienne, le gouvernement fédéral décide que le prix du baril de pétrole sera, au Canada, inférieur au cours international. L'Alberta, qui éprouve des difficultés à vendre son pétrole aux Étas-Unis, n'a pas le choix: il faut accepter le prix que le gouvernement fédéral lui impose. Mais elle reçoit l'assurance qu'elle aura le monopole des ventes de pétrole et de produits pétroliers en Ontario.... Montréal, le plus grand centre de raffinage au Canada à cette époque, achetait le pétrole... évidemment aux prix international et revendait en Ontario une partie des produits raffinés. Le gouvernement fédéral subventionna le pétrole importé pour en ramener le prix au niveau albertain mais interdit tout mouvement de produit pétrolier provenant de Montréal à l'ouest d'une ligne longeant la rivière Outaouais, dites ligne Borden. La moitié des raffineries de Montréal furent fermée ... l'industrie pétrochimique montréalaise de loin la plus importante au Canada, se déplaça vers Sarnia et Edmonton." J. Parizeau pages 75-76; La souveraineté du Québec 2009. Tout est dit dans cet extrait.
Les syndicats et autres partenaires (ainsi que les pseudo-sauveurs Fortier, Tremblay, Charest et ses esclaves incluant Normandeau, Bachand, Béchard plus les Duceppe, Marois, Coderre, Harper oufffff il y en a trop), vous avez eu 35 ans pour réagir !!! C'est ça que le peuple québecois doit savoir prioritairement (et historiquement) pour mieux comprendre et digérer le cirque des politiciens-vendeurs sans profondeur.
Archives de Vigile Répondre
6 août 2010Monsieur Champagne,
je ne crois pas du tout en la sincérité de monsieur Coderre dans la position qu'il a prise au sujet de la fermeture de la raffinerie Shell. Il a essayé de faire croire qu'il y avait une possibilité que Shell change sa position et accepte de vendre alors qu'il était évident que la seule intention de Shell était de fermer sa raffinerie. M.Coderre a tout simplement profité de l'occasion pour tenter de se faire du capital politique. Un député du Québec qui a appuyé la candidature de Micheal Ignatieff comme chef du PLC, un chef qui non seulement ne défend nullement les intérêts du Québec mais qui au contraire, nuit aux québécois, un tel député ne peut prétendre défendre les intérêts des travailleurs de Shell. Monsieur Coderre ne sert que ses intérêts et s'il était sincère, il démissionnerait non seulement du PLC mais de son poste de député car il était censé aller à Ottawa pour défendre les intérêts du Québec francais et il n'a rien obtenu de valable pour le Québec; il a lamentablement échoué. De toute facon, envoyer des députés fédéralistes à Ottawa est tout-à-fait inutile et dépassé. Les députés fédéralistes du PLC et du PCC venant du Québec n'ont fait que trahir les québécois et c'est de cela que les québécois vont continuer à se rappeler lors des prochaines élections.