La faible reprise américaine

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La réalité des chiffres déboulonne la fiction de l'information

Il y a quelques jours, on a appris que le taux de chômage américain avait descendu encore et qu’il se rapprocherait davantage du seuil de 6%, un bas taux qui demeure sensiblement au niveau observé avant la crise. Cependant, ce bas taux ne mérite aucunement l’attention que les médias lui ont attribué puisque la grande majorité baisse du taux de chômage depuis le sommet de la crise économique s’explique par le fait que plusieurs centaines de milliers de travailleurs ont tout simplement lancé la serviette.
Lorsqu’on calcule le taux de chômage, on calcule véritablement le nombre de personnes sans emploi qui admettent avoir recherché activement un emploi. Ensuite, on divise ce nombre par le nombre total de travailleurs et de chômeurs dans la main d’œuvre. Toutefois, si un chômeur cesse de chercher un travail, il quitte tout simplement la main d’œuvre et n’est plus inclus dans les statistiques.
Ainsi, si on regarde une définition plus large du chômage, on réalise que celui-ci demeure très élevé. En incluant les travailleurs à temps partiel qui aimeraient travailler plus longtemps et les travailleurs qui ont abandonné les recherches mais qui aimeraient néanmoins travailler, nous avons un taux de chômage qui dépasse 12%.

En sus, il faut ajouter que le nombre d’emploi crée depuis la fin de la récession est très faible et ne suffit pas face à la croissance de la population. En fait, le taux de participation des travailleurs dans la fleur de l’âge (25 à 54 ans) continue de diminuer au même moment que le taux de chômage baisse. Le taux de participation des 55 ans et plus quant à lui reste stable après avoir augmenté rapidement dans le passé. Au final, il y a moins de travailleurs (en termes d’heures de travail) aux États-Unis qu’avant la récession.


Certes, il y a eu une croissance appréciable de la productivité. Toutefois, ce gain n’est pas suffisant pour contrebalancer la réduction du nombre d’heures travaillées. Au final, les États-Unis se retrouvent maintenant sur une nouvelle trajectoire de croissance économique. À chaque révision de la trajectoire de croissance que le Congressional Budget Office (CBO) effectue, la croissance est moins rapide que la tendance observée dans le passé. En plus de démontrer une croissance plus lente dans l’avenir, les estimations du CBO sont libérales relativement à la réalité puisque la croissance actuelle est nettement en-déça des seuils proposés par l’organisme gouvernemental.

Il s’agit clairement de la plus décevante reprise économique de l’histoire américaine depuis 1945. En fait, si la reprise continue à ce rythme lent, la récente crise aura été moins intense que la Grande Dépression avec une reprise presque aussi lente. La nouvelle trajectoire de croissance des États-Unis place ce pays sur une trajectoire de croissance réelle équivalente à celle de la France et de l’Italie de l’avant-crise économique. Clairement, nous n’avons rien à célébrer.


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