La course est finie. Et maintenant?

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Vive la tarte au sucre!






Bernard Drainville a jeté l’éponge. Ce n’est certainement pas parce que l’homme a la couenne molle.




Ministre le plus en vue du gouvernement Marois, il a su piloter contre vents et marées une charte de la laïcité qui a su replacer le PQ en tête des intentions de vote, et même permettre à celui-ci d’envisager l’obtention d’un gouvernement majoritaire.




La politique étant ce qu’elle est, Drainville est aujourd’hui pointé du doigt en tant que responsable de la défaite cuisante du PQ en avril 2014, ce qui est un non-sens absolu. En l’absence de la candidature de Pierre Karl Péladeau, il y a fort à parier que le PQ serait aujourd’hui déchiré par une véritable guerre civile entre Alexandre Cloutier et Bernard Drainville, sur le thème sensible de l’identité nationale.




Quoi qu’il en soit, la course à la direction est terminée. Ce que nous pouvions affirmer lorsque Jean-François Lisée a cédé «sa» couronne il y a plusieurs mois est d’autant plus vrai aujourd’hui: la pression vient de retomber sur les épaules des Cloutier, Ouellet et Céré. Alors que certains commentateurs s’avançaient de plus en plus sur la possibilité – peu probable – d’un deuxième tour, celle-ci vient d’être tuée dans l’œuf.




Vers un retour des «conditions gagnantes»?






Pierre Karl Péladeau a bien raison de rappeler qu’indépendance et référendum ne sont pas synonymes.










Péladeau, qui souhaite lors de la prochaine élection obtenir un mandat pour «réaliser concrètement l’indépendance du Québec», aurait accepté la proposition de Bernard Drainville voulant que les militants péquistes soient consultés afin de déterminer le plan d’action qui sera soumis à la population en 2018. Personne ne peut être opposé à la tarte au sucre, surtout lorsque celle-ci est assortie de crème glacée. Que le processus soit décidé par les membres du PQ relève de l’évidence.




Cela signifie-t-il pour autant que le débat sur la démarche ne portera que sur la tenue d’un référendum? La proposition de Drainville est la suivante: si une consultation sur la souveraineté ne peut être remportée au cours du prochain mandat, le PQ aura le devoir de s’engager à ne pas en tenir pendant celui-ci, qui serait dès lors vraisemblablement consacré à la gestion à la petite semaine de la province. Il y a un problème fondamental dans le fait qu’un parti puisse solliciter un mandat électoral entrant à contradiction par rapport à sa raison d’être.




Référendum




Est-ce à dire qu’un gouvernement péquiste ne pourrait légitimement en tenir un, lié par sa promesse, même si les appuis à la souveraineté en venaient à dépasser le chiffre magique de cinquante pour cent? Prétendant éliminer l’ambiguïté traditionnelle au PQ, l’option Drainville sombre dans le même piège: celui de ne faire de l’indépendance du Québec qu’une date sur un calendrier, limitant la création d’un pays aux aléas de l’opinion publique.




Pierre Karl Péladeau a bien raison de rappeler qu’indépendance et référendum ne sont pas synonymes et que la modalité ne doit pas être confondue avec l’objectif. Reste à voir comment le futur chef saura transformer cet énoncé de principes en politique.




– L’auteur analyse la course à la direction du PQ à l’émission Lemieux, c’est le matin sur les ondes de Radio 9.



 



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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).





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