L’histoire nous enseigne qu’il y a de ces « bulles » qui éclatent sous la pression de consciences qui n’arrivent plus à s’accommoder d’un monde qui étouffe et déshumanise. Les plus âgés se souviendront des années 1950 et 1960, marquées par l’éclatement de bulles dans plusieurs secteurs. Il y a eu l’éclatement de la bulle sociale avec la montée des mouvements sociaux, celle des travailleurs et des syndicats, celle des luttes révolutionnaires en Amérique latine, en Afrique et en Asie. On se souviendra de mai 1968, en France, mais aussi de toutes les autres manifestations importantes dans les pays du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Il y a eu, également, l’éclatement de la bulle morale et religieuse que les mouvements hippies des années 1960 et la tenue du Concile Vatican II illustrent merveilleusement bien. Plus près de nous, n’assistons-nous pas à l’éclatement de la bulle de systèmes économiques et politiques qui nous retiennent dans un monde de moins en moins crédible, de plus en plus exclusif, discriminatoire et fermé aux exigences d’une conscience humanitaire ouverte à tous les peuples de la terre ?
Si « la bulle des cavernes », il y a de cela des millénaires, n’a pu retenir l’arrivée de l’ « HOMO SAPIENS », l’HOMME PENSANT, et qu’il en fut de même des autres « bulles » qui se sont formées tout au long de son histoire, comment n’en serait-il pas de même pour celles qui nous enferment aujourd’hui dans un monde qui nous garde à l’étroit ? Le père Teilhard de Chardin, ce grand paléontologue du siècle dernier, bien connu pour sa vision sur l’évolution de l’Univers et de l’Homme, disait « qu’un courant héréditaire et collectif de réflexion s'établit et se propage : l'avènement de l'Humanité à travers les Hommes" . Selon cette pensée, l’évolution de l’HOMO SAPIENS suit son cours. Son développement dans l’Histoire se mesure à la qualité de l’HUMANISME dont il est l’incarnation.
Un regard rapide sur le monde qui nous entoure nous laisse plutôt avec la déprime. Les oligarchies et les empires continuent à faire la loi et à imposer leurs volontés aux deux tiers de l’Humanité. Ils ont la force des armes, celle de la corruption et de la manipulation. Un peu plus, nous les prendrions pour des dieux alors que le monde auquel ils nous convient est fondé sur le mensonge, l’hypocrisie, l’exploitation et la cupidité. Une situation pratiquement irréversible, tellement les moyens sont disproportionnés entre les uns et les autres. Pourtant, il y a quelque part une CONSCIENCE qui n’a pas abdiqué et qui porte la force de ce « courant héréditaire et collectif » à laquelle ces forces stagnantes de l’évolution ne sauraient résister. Ne vivons-nous pas à une époque où la « conscience des personnes et celle des peuples » se trouvent à la croisée des chemins où elles doivent faire siens, soit les impératifs d’une Humanité inclusive ou soit la cupidité d’une Humanité qui en exclue les deux tiers? N’est-ce pas là le défi que les personnes et les peuples devront relever en ce XXIème siècle?
En Amérique Latine, des personnes et des peuples répondent à ce défi en redonnant la parole à leur conscience et en répondant oui à une HUMANITÉ toujours plus inclusive. Les oligarchies, les hiérarchies et l’Empire s’y résistent. Tous les arguments et tous les moyens sont bons. Par contre, l’histoire de l’évolution nous enseigne qu’autant les forces de la matière n’ont pu retenir, il y a des milliers d’années, l’émergence de l’HOMO SAPIENS, autant les forces oligarchiques et ses alliés ne sauront retenir l’émergence de l’HOMME NOUVEAU, CONSCIENCE DES CONSCIENCES. Le combat de David contre Goliath se poursuit, mais la force physique ne peut en aucun temps rivaliser avec la force morale des consciences.
Je regrette que nos médias se fassent si peu l’écho de l’émergence de cette HUMANITÉ INCLUSIVE et de ceux et celles qui s’en font les prophètes et les instigateurs. Je me considère un privilégié, assis aux premières loges, lorsque je lis les réflexions de Fidel Castro, que j’écoute les propos d’Évo Morales, cet homme hors du commun, que je ressens dans le plus profond de mon être l’inspiration que portent les discours d’Hugo Chavez. Je suis émerveillé lorsque je vois arrivé, à la Présidence de l’Uruguay, un homme dont la trajectoire a été un long chemin de croix, 15 années en prison, torturé, humilié, mais resté toujours serein et sans rancune. Avant tout, aimant de son peuple, de la justice, de la vérité, et de beaucoup d’humanité. Une véritable préfiguration de cette HUMANITÉ à laquelle nous aspirons tous et toutes et à laquelle nous somme conviés. Ce n’est certainement pas en écoutant Michelletti du Honduras, Uribe de la Colombie, Alan Garcia du Pérou, Hilary Clinton des États-Unis ou Harper du Canada que je vais trouver ce fil d’Ariane conducteur de l’évolution de l’homme vers UNE HUMANITÉ INCLUSIVE.
« L'Issue du Monde, les portes de l'Avenir, l'entrée dans le super-humain, elles ne s'ouvrent en avant ni à quelques privilégiés, ni à un seul peuple élu entre tous les peuples ! Elles ne céderont qu'à une poussée de tous ensemble, dans une direction où tous ensembles peuvent se rejoindre et s'achever dans une rénovation spirituelle de la Terre. » (Teilhard de Chardin, Le Phénomène Humain, p. 245) .
Oscar Fortin
Québec, le 17 décembre 2009
http://humanisme.blogspot.com
http://www.legrandsoir.info/Copenhague-l-heure-de-la-verite.html (Fidel Castro)
Réflexion
La conscience des consciences
L'humanité au coeur des peuples
Tribune libre
Oscar Fortin292 articles
citoyen du Québec et du monde
Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut ren...
Cliquer ici pour plus d'information
citoyen du Québec et du monde
Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
19 décembre 2009Pour O: Je ne voudrais pas m’étendre au-delà d’un partage d’idées et de réflexions qui permettent à chacun de poursuivre sa route avec ses convictions, ses préjugés ou ses analyses documentées. Je n’ai pas la prétention de convertir qui que ce soit, sinon de faire valoir un point de vue que je crois suffisamment documenté et qui me permet de participer, dans le respect, au débat d’idées que soulèvent certains évènements qui se passent au sud du Rio Grande. Dans mon intervention antérieure j’ai mis en évidence la relativité de certaines sources d’information. Le touriste qui vient au Québec et qui lit la Presse ou le Journal de Québec lors de ses déplacements n’aura toujours que le point de vue de la Presse ou de celui du Journal de Québec. Vous parlez de Cuba, du travail au noir. Est-ce si différent d’ici où le travail au noir est aussi florissant, où la mafia a ses chasses gardées, où la prostitution est accessible à qui veut bien s’en approcher. Cuba, pas plus que les autres pays n’échappe à ces fléaux, bien qu’il essaie d’en réduire l’existence. Vous parlez de Cuba qui n’arrive pas à nourrir sa population. Je ne sais pas où vous sortez cette affirmation. Il est le pays où le taux de mortalité infantile est un sinon le plus bas de tous les pays de l’Amérique latine, et la longévité de vie est au-delà des 78 ans, un des plus élevés. Je n’ai jamais vu des populations sans alimentation vivre aussi longtemps. Ils n’ont sans doute pas le filet mignon, mais suffisamment pour aller dans les écoles, sortir des formations dans à peu près toutes les disciplines dont les plus connues est celle de la médecine et d'enseignement. Je vous invite à regarder en Haïti et en République Dominicaine, pays voisins de Cuba, n’ayant aucun blocus économique visant à les asphyxier comme c’est le cas pour Cuba, depuis plus de 50 ans, et faite la comparaison sur la base des services essentiels : santé, alimentation, éducation, longévité de vie, alphabétisme… Je pourrais continuer, mais je pense avoir partagé l’essentiel de mes critères d’analyse, pour laisser le lecteur le soin de choisir sa voie.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
19 décembre 2009Monsieur Fortin, en tout respect,
Je m’accroche à votre petite méchanceté de bon aloi, éhappée en finale : « Je ne pense pas que le chauffeur de taxi ou le tabloïde du matin fasse la UNE avec ce type de nouvelle. Pourtant, les faits sont là. »
Sans être un grand théoricien latiniste, je rapporte de simples témoignages de touriste averti. Nonobstant l’embargo, la révolution castriste cinquantenaire n’aurait-elle pas pu procurer le minimum vital à la population cubaine ? Plusieurs personnes doivent s’adonner à des activités clandestines : restaurants à la sauvette dans les maisons privées, taxi de beau-frère, prostitution juvénile. Les coupeurs de canne exténués, hagards au bord du chemin en fin de journée, manquent du nécessaire vital. Une professeure d’espagnol à Cienfuegos affirmait son bien-être, logement fourni, possibilité d’enseigner dans un hôtel touristique, sa fillette aspirant à la troupe de danse divertissant les clients : au bout de la semaine, je la rencontre à Montréal, sortie du pays avec un étudiant de son école de langue…
Quant à l’Argentine, plus que le canard du matin ou le taxista, une revue hebdomadaire comme Noticias cerne assez bien les sujets politiques du pays. Les longs trajets en cars à travers le pays ne se font jamais en l’absence d’un militaire debout dans l’allée, te frôlant les oreilles de la crosse de son pistolet qui déborde son arsenal. Et les gens qu’on peut côtoyer plus longuement se permettent de parler de tracasseries comme le renouvellement annuel des papeles qui sont plus problématiques que des démarches d’immigration : contrôle militaire sur la population… Sûrement pas ce que nous recherchons d’un régime démocratique…
Archives de Vigile Répondre
18 décembre 2009En tant qu’humaniste, il n’y a pas de frontière à l’analyse et à la compréhension de ce qui se passe non seulement dans ma maison, dans mon village ou mon pays, mais aussi partout où il y a des humains. S’il est vrai que nous devrions être les mieux placés pour parler de ce qui se passe dans nos milieux de vie, dans notre pays, il est également vrai que les intérêts que chacun porte peut donner de ce milieu de vie, de ce pays une image bien différente et parfois même radicalement opposée. Si le journal Le Monde, voulant savoir ce qui se passe au Québec et comprendre le mouvement de l’indépendance, interroge Stéphane Dion ou encore Justin Trudeau, il est fort possible que ce qu’il en rapportera sera loin de ce qu’aurait pu dire, à l’époque, un Pierre Falardeau ou un Jacques Parizeau… Pourtant ce sont deux Québécois respectables. Le fait d’être sur le terrain ou d’être du milieu, n’est pas en soi un critère d’objectivité. Les journalistes le savent très bien et n’hésitent pas à choisir leurs interlocuteurs ou leurs interlocutrices selon les effets recherchés. Personnellement, j’ai des liens avec plusieurs latinos qui vivent ici et d’autres qui vivent dans divers pays du Continent. Les opinions et les perceptions vont varier selon les intérêts et les préoccupations. Si quelqu’un va chercher son opinion sur Cuba en allant questionner les cubains de Miami, il est fort possible qu’il en retirera une bien mauvaise image. Par contre s’il va questionner des cubains engagés dans des luttes en faveur de Cuba, l’image en sera toute autre. Nous le voyons avec le coup d’État militaire réalisé au Honduras. Nos médias ont joué la carte d’une information qui diminuait le prestige du Président constitutionnel et redorait l’image du putschiste Michelletti. On a très peu parlé de la répression, des crimes commis contre les droits des personnes, des emprisonnements et des morts. Je termine ce commentaire en laissant en référence un article sur le rôle joué par Israël dans l’armement de certains pays de l’Amérique latine. Je ne pense pas que le chauffeur de taxi ou le tabloïde du matin fasse la UNE avec ce type de nouvelle. Pourtant les faits sont là.
http://www.michelcollon.info/index.php?option=com_content&view=article&id=2444:la-main-militaire-disrael-dans-notre-amerique-intervensionisme-mercenaire&catid=6:articles&Itemid=11
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
18 décembre 2009Justement, M. Marius, vous dites: "Je souhaite que les Latinos (offensant, dit Antidote) d’ici se réveillent et prennent la parole pour nous sensibiliser à la cause de leurs peuples."
Ils sont les plus aptes à nous informer des racines de dictateurs qui ne cessent de r'tiger dans leurs pays où le sang n'est pas encore séché sur les terres. Eux, ils n'ont pas oublié qu'un gouvernement totalitaire commence toujours par promettre de libérer son peuple contre lui-même. Par de beaux et longs discours devant la population inculte, les tyrans écartent les médias d'information, bâillonnent les opposants et manipulent les élections. Nous sommes bien placés pour comprendre ça, nous, les parlants français en Amérique, soumis à ce régime par notre colonialiste depuis 250ans!
Le réveil doit venir du peuple lui-même et non d'observateurs patentés venus de l'extérieur comme les anciens Missionnaires Jésuites dans le pays des chutes Iguazù.
Archives de Vigile Répondre
18 décembre 2009Oui, M. Fortin, l'Amérique Latine est très loin des médias canadiens et québécois. Le visage politique de ce continent est en train de changer complètement. et nous n'en sommes pas informés. De nouveaux dirigeants socialistes issus de la base populaire sont prêts à donner leur vie pour leur peuple. Ils se battent continuellement contre leurs oligarchies locales qui tiennent mordicus à leurs privilèges et qui contrôlent les richesses de leur pays. Ce qui est merveilleux, c'est qu'une nouvelle chimie est en train de se créer entre ces nouveaux présidents du Venezuela, de l'Équateur, de l'Argentine, de l'Uruguay, de Brésil et même du président constitutionnel écarté du pouvoir du Honduras. Je souhaite que les Latinos d'ici se réveillent et prennent la parole pour nous sensibiliser à la cause de leurs peuples.
Marius MORIN