Robert Dutrisac - Québec -- L'opposition officielle a décrié hier le faible pourcentage des investissements que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a faits dans l'économie québécoise en 2008.
Le rapport annuel de la Caisse a été rendu public hier, avec son dépôt à l'Assemblée nationale, un rapport qui avait été remis au ministre des Finances, Raymond Bachand, le 15 avril dernier, date limite fixée par la loi.
Lors de la période de questions, le député de Rousseau et porte-parole péquiste en matière de finances, François Legault, a dénoncé le fait que la Caisse n'avait investi au 31 décembre 2008 que 17,3 milliards dans des entreprises québécoises sur des placements totaux de 182 milliards, soit un pourcentage de 9,5 %. Il s'agit d'un recul par rapport au pourcentage de 10,5 % en 2007 et de 13,8 % en 2002, a déploré M. Legault.
Le député de Rousseau s'est aussi indigné du fait que la Caisse ne détient que de faibles participations dans plusieurs fleurons de l'économie québécoise. Ainsi, au 31 décembre, la CDPQ n'avait que 4,9 % des actions de CGI, 3 % des titres de SNC-Lavalin, un maigre 0,3 % de ceux de Bombardier et aucune action de la Banque Nationale. François Legault a demandé au ministre des Finances s'il était acceptable que la Caisse ait si peu de placements dans des entreprises québécoises «dans un contexte où toutes les entreprises, partout dans le monde, ont de la difficulté à trouver du financement».
Raymond Bachand a accusé l'opposition officielle de vouloir s'immiscer dans la gestion de la Caisse et choisir les titres dans lesquels elle investit. «Il y a un principe absolu, c'est l'indépendance de la Caisse de dépôt», a dit le ministre.
François Legault a aussi accusé le conseil d'administration de la Caisse d'avoir, au dernier trimestre 2008, aboli la limite de «risque actif» de son portefeuille global. Calculé en points centésimaux, ce risque actif a presque doublé à la fin de 2008 pour atteindre 444 p.c. «Le conseil d'administration a le devoir de déterminer les limites de risque, a souligné M. Legault. Est-ce que le ministre des Finances pourrait reconnaître que le conseil d'administration présidé par Pierre Brunet n'a pas fait son travail?»
Raymond Bachand a rappelé que l'opposition officielle pourra interroger les anciens dirigeants de la Caisse lors de la commission parlementaire spéciale qui durera 34 heures en tout. Quant aux dirigeants actuels, le président du conseil, Robert Tessier, et le président et chef de la direction, Michael Sabia, ils comparaîtront le 4 mai pendant quatre heures dans le cadre de l'étude des crédits.
En fait, le calcul dit du risque actif n'est qu'une mesure pour déterminer si la Caisse s'éloigne de son portefeuille de référence, si elle est surpondérée ou sous-pondérée. En raison de la crise des marchés, la répartition de l'actif de la Caisse s'est substantiellement modifiée. Mais, selon le porte-parole la CDPQ, Maxime Chagnon, le risque réel pour la Caisse n'a pas augmenté pour autant.
Dans les annexes à son rapport annuel, la Caisse fait part des résultats du portefeuille de chacun de ses déposants en 2008, une année où la Caisse a essuyé une perte globale de 39,8 milliards, ou de 25 % de son actif, dont une perte dépassant de 10,5 les indices de référence.
Ainsi, le Fonds d'amortissement des régimes de retraite (FARR), un fonds constitué par le gouvernement pour faire face à ses obligations, a perdu 8,5 milliards, pour s'établir à 26,1 milliards. La Régie des rentes a glissé de 9,4 milliards avec une valeur de 25,7 milliards. La perte pour la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST) s'élève à trois milliards et son avoir n'est plus que de 7,8 milliards. La Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ) a essuyé une perte de 2,2 milliards et son avoir se situe désormais à 5,6 milliards. Le Fonds des générations a fondu de 286 millions pour s'établir à 1,3 milliard. Enfin, le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) a perdu 12,3 milliards et sa cagnotte n'atteint plus que 33,8 milliards.
Publication du rapport annuel
La Caisse a trop peu investi au Québec, selon le PQ
L'opposition déplore aussi l'abandon de la limite de «risque actif» dans le portefeuille de l'institution
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