L'option souverainiste ne manque pas d'idéalisme, elle en a fait une overdose

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Le nécessaire retour à l'objectif fondamental

Ils ont essayé le conservateur austère, l'historien en puissance, l'homosexuel, la femme forte, l'homme d'affaires. Le parti veut désespérément incarner la lubie du moment. Désormais, c'est le jeune progressiste et inclusif à la sauce Trudeau que les apparatchiks du parti soutiennent.

Les souverainistes sont obsédés par cette question: ils attendent un sauveur. Ainsi, la majorité du mouvement observe, un peu honteuse, cette parade de chefs dévorés par leur propre parti.

Qui est le plus souverainiste?

Disons-le aussi : c'est une véritable ambiance inquisitoire qui agite actuellement le mouvement. On pourchasse les infidèles qui ne sont pas assez souverainistes à notre goût. Chacun se définit par la supposée plus grande authenticité de son souverainisme par rapport à l'autre.

Déjà, les membres d'Option nationale nous y auront habitués. Pour bon nombre d'entre eux, le PQ ne serait plus un parti souverainiste, car trop lié à l'establishment. Il en va de même, ça va de soi, chez les membres de Québec solidaire.

Dans cette course à la chefferie, Martine Ouellet incarne très bien cette compétition stérile. Nous avons tous compris que l'axe de sa campagne était, tout simplement «montre-leur que tu es la plus souverainiste».

Le hic, c'est qu'on se fout pas mal de ce jeu de « qui pisse le plus loin »; on veut un plan qui marche. La détermination n'est pas tout en politique, encore faut-il savoir exploiter le contexte et avoir la modestie de reconnaître nos limites en terme de leadership.

L'espoir et le projet de société

D'un autre côté, nous avons ceux qui affirment que l'option a perdu de son lustre parce qu'elle n'est plus liée à un projet de société.

Nadeau-Dubois l'a d'ailleurs évoqué dans son article Le blocage québécois paru dans L'Actualité le 8 août 2016. Selon lui, le souverainisme a été vidé de son caractère «révolutionnaire» et «transformateur» pour être relégué à un « simple changement d'ordre constitutionnel », un « projet inoffensif, sans substance, sans passion ».


«Ce n'est pas en travestissant la nature fondamentalement institutionnelle de l'indépendance qu'on va réussir à éveiller les passions. Il faut avant tout rappeler que c'est réalisable.»

Ainsi, l'erreur répétée sans relâche est de tenter d'inspirer les gens par autre chose que l'indépendance en tant que telle : par le progressisme, l'écologisme, la diversité, etc. De la sorte, le projet, en devenant le véhicule de toutes les utopies gauchistes, a perdu de sa crédibilité, ne semble plus réaliste.

Cette erreur, disons-le, c'est celle de Cloutier et de St-Pierre Plamondon, qui tentent actuellement de remettre de l'avant le soi-disant progressisme originel du PQ. Ils jouent de leur jeunesse et de leur « ouverture », comme si c'était là les mots magiques pour convaincre le peuple québécois.

Ce qu'ils n'ont pas compris, c'est que la souveraineté n'est pas un projet d'ingénierie sociale. Ce n'est pas en travestissant la nature fondamentalement institutionnelle de l'indépendance qu'on va réussir à éveiller les passions. Il faut avant tout rappeler que c'est réalisable.

La sacro-sainte « ouverture »

D'ailleurs, nous avons déjà Trudeau au fédéral, pourquoi en créer un deuxième au Québec et se séparer?

S'il dément être multiculturaliste et rappelle l'avoir qualifié d'échec, Cloutier ne semble pas réaliser que l'idéalisation qu'il fait de l'ouverture et de la diversité, sa détermination à en faire les thèmes marquants de sa campagne, relèvent du même imaginaire.

Il entre dans la même logique qu'un Trudeau ou qu'un Couillard qui accuse indirectement les Québécois de manquer d'ouverture. Ce type de discours est un piège : le nationalisme d'aujourd'hui est plutôt ancré dans une revalorisation des sociétés d'accueil, qui sont, soit dit en passant, déjà très accueillantes.

Agir dans l'air du temps

Les grandes entreprises politiques s'inscrivent toutes dans une continuité historique logique. Elles ne sont pas spontanées; elles répondent aux enjeux de leurs époques.

Le souverainisme né dans les années 60-70 fut un produit des Trente Glorieuses, dans la lignée des efforts d'émancipation d'un Québec qui accusait un grave retard. L'indépendance n'était à ce moment que le couronnement de la Révolution tranquille, sa conclusion logique.


«Ce que les Québécois demandent au PQ actuellement, c'est qu'il leur explique en quoi ce projet s'inscrit dans la continuité historique.»

Le dernier sursaut souverainiste des années 90 était une réponse à une saga constitutionnelle empreinte de malhonnêteté de la part du fédéral. L'indépendance était perçue comme le dernier recours pour accéder à un statut politique respectable.

Ce que les Québécois demandent au PQ actuellement, c'est qu'il leur explique en quoi ce projet s'inscrit dans la continuité historique. En quoi il répond aux enjeux du présent. La fierté ou la vertu ne suffisent pas.

Lisée le pragmatique

Lisée est l'option la plus crédible parce qu'il incarne le pragmatisme, le réalisme. Il n'a aucune prétention de pouvoir révolutionner la politique, il prétend seulement bien la comprendre et être à même d'y travailler de manière productive.

De plus, le plan est simple, efficace : premier mandat, chasser les libéraux, deuxième mandat, référendum. En bref, il nous demande un mandat de 8 ans avec un vote de confiance à mi-mandat sur la question référendaire.

Avec cette posture, il a de réelles chances de vaincre les libéraux et de stopper leur entreprise de déconstruction de la société québécoise. Souverainiste ou pas, sa proposition reste intéressante.

Notons aussi qu'il n'a pas eu peur, d'entrée de jeu, d'aborder la question du vivre-ensemble. Qu'on soit d'accord ou pas avec son concept de « concordance culturelle », il faut bien admettre qu'il s'est attaqué avec tact à la question la plus épineuse de notre époque : ça, c'est avoir l'étoffe d'un vrai chef d'État.

Et puis, tout le monde le dit : les libéraux et les médias anglophones craignent Lisée, ce qui est un bon indicateur en soi... Pensez-y bien; avec lui, la victoire est encore dans le domaine du réel.


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