L’irresponsabilité ministérielle

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Couillard et le récidiviste






Près de quarante ans après l’introduction de la règle du no fault (indemnisation sans égard à la responsabilité) dans la sécurité routière, le premier ministre Couillard a décidé de l’étendre à la gouvernance de l’État, qui était jusqu’à présent soumise à la règle de la responsabilité ministérielle.


 

Pendant que le ministre des Transports, Laurent Lessard, et son collègue de la Sécurité publique, Martin Coiteux, se renvoient la balle, M. Couillard a décrété que ni l’un ni l’autre n’étaient responsables du cafouillage survenu la semaine dernière sur l’autoroute 13.


 

Il est clair que M. Lessard a fait preuve d’une remarquable passivité alors qu’il était manifeste que la tempête était d’une intensité hors de l’ordinaire et que les employés du ministère des Transports n’ont pas été à la hauteur. S’il avait travaillé pour une entreprise privée, il se retrouverait aujourd’hui au chômage.


 

Si besoin était, le rapport que la vérificatrice générale a rendu public mercredi démontre que l’inefficacité chronique dont souffre le MTQ est bien antérieure à l’arrivée de M. Lessard, mais il est très douteux que ce dernier soit le plus apte à y remédier. La vérificatrice générale n’a manifestement pas été impressionnée par la grande réforme de la gouvernance qu’il a laborieusement tenté d’expliquer à l’Assemblée nationale.


 

Cela devrait être la responsabilité du premier ministre, dont les remaniements ministériels sont devenus de simples « ajustements » visant à combler les vides causés par le départ de ceux qui ont dépassé les bornes, sans trop se soucier que les bonnes personnes se retrouvent aux bons endroits.


 

 


Le problème est que M. Couillard semble penser que la règle du no fault s’applique également à lui. Mardi, il était navrant de le voir s’en remettre au jugement du commissaire à l’éthique, Jacques Saint-Laurent, pour déterminer s’il est acceptable que son ministre délégué aux Affaires maritimes, Jean D’Amour, emploie à temps plein depuis cinq ans la mairesse de la municipalité de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, située dans la région dont il est le ministre responsable et qui a reçu au début du mois une subvention de près de 200 000 $ pour la réfection de conduites d’eau, comme l’a rapporté Le Journal de Montréal.


 

« J’ai le chapeau bleu de mairesse et le chapeau rouge d’attachée politique de M. D’Amour », a expliqué avec une savoureuse candeur la mairesse Anita Ouellet Castonguay, qui assure ne jamais discuter de ses problèmes municipaux avec son patron pour éviter d’être « prise en souricière ». Voilà qui est rassurant, il n’y a aucun risque de conflit d’intérêts !


 

Au dire de M. D’Amour, le commissaire à l’éthique l’aurait assuré verbalement qu’il n’y voyait « aucune situation problématique ». M. Saint-Laurent sera peut-être plus nuancé dans son avis écrit, mais il a démontré à de multiples reprises un remarquable laxisme dans son interprétation du code d’éthique des élus de l’Assemblée nationale.


 

Si on en juge par l’indulgence qu’il a manifestée à l’endroit de l’attaché politique et ami personnel de Laurent Lessard, Yvon Nadeau, qui dirigeait des entreprises ou organismes bénéficiaires de subventions gouvernementales alors qu’il travaillait aussi pour le ministre, le double chapeau de Mme Ouellet Castonguay ne risque pas d’émouvoir beaucoup M. Saint-Laurent. Pas plus qu’il n’a trouvé inacceptable que Martine Ouellet soit à la fois chef du Bloc québécois et députée de Vachon à l’Assemblée nationale.


 

 


Au-delà de l’interprétation légaliste du commissaire, il y a une appréciation morale et politique à laquelle M. Couillard ne peut cependant pas se soustraire. D’autant moins que M. D’Amour est un récidiviste qui ne s’est jamais embarrassé de considérations d’ordre éthique.


 

En 2010, il avait été condamné à payer une amende de 500 $ pour avoir enfreint la Loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme, en faisant du « développement des affaires » auprès d’élus municipaux pour le compte de la firme d’ingénierie BRP, alors qu’il aurait dû s’imposer un purgatoire de deux ans après avoir quitté la mairie de Rivière-du-Loup.


 
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