L’indépendance du Québec n’est pas verte

Pour les générations montantes, dans l’abandon du combat électoral démocratique, plusieurs ne voient pas « un peuple se suicider »

Tribune libre - 2007


Le Parti Québécois, au cours de son histoire, a dû tricoter à travers les
évidences, les peurs, les référendums perdus et les justifications, si bien
qu’il a connu des schismes. Par dizaines. Ces nouveaux partis, pressés
d’agir avec plus de diligence, ont fait preuve d’excès de dirigisme et ont
eux-mêmes vécu la scission. Les nouveaux groupuscules n’ont pas pu échapper
à des démissions fracassantes et assez amères pour engendrer de nouvelles
cellules… comme des cellules cancéreuses!
Si les cellules cancéreuses pouvaient s’envoyer des courriels, sur Vigile,
elles s’accuseraient les unes les autres de toutes les erreurs tactiques,
de toutes les trahisons, comme à l’Assemblée nationale, pour en venir à
passer l’éponge et à se solliciter mutuellement pour une alliance
stratégique en vue d’un imminent scrutin.
Quel est le but de la manœuvre? Un peuple minorisé en Amérique refuse de
disparaître dans l’humiliation d’une noyade annoncée. Comment ce peuple
pourrait-il revirer le cours de l’Histoire? Sur ce continent «
démocratique », il lui suffirait de le décider et de voter majoritairement.
Et alors?…
Les protagonistes de l’émergence du pays luttent depuis 40 ans.
Ils combattent leurs congénères plus passifs, qui préfèrent se dire du
pays original, pays qu’ils ont construit et qu’ils n’admettent pas être
passé en d’autres mains. Quand les deux groupes s’affrontent au vote :
plus ou moins 50/50… Et ces luttes ont laissé des traces chez les
descendants. Quelques-uns ont repris le flambeau, mais beaucoup ont pris
en aversion ces chicanes cornéliennes (les Horaces contre les Curiaces).
Perdu le sens de la famille (éclatée), du village, du peuple ou de la
nation. Même la langue maternelle ne semble plus créer d’attaches chez ces
mordus de mondialisation. S’il leur arrive encore d’aller voter, ils
s’éloignent de tout tabou nommé nation, indépendance, pays, et même Québec.
Pour eux, tout ça est du passé. Ce qu’ils recherchent c’est un mot qui
n’existait pas de temps de leurs vieux, le mot VERT.
Pour les générations montantes, dans l’abandon du combat électoral
démocratique, plusieurs ne voient pas « un peuple se suicider ». Au
contraire, dans l’unilinguisation anglaise, le métissage obligatoire, le
multiculturalisme « canadian » réduisant les Québécois à une minorité comme
les Chinois ou les Ukréniens, ils voient plutôt L’HUMANITÉ ÉVOLUER.
Et c’est rendu à leur tour! Nous ne serons jamais majoritaires au vote.
Nous parlons donc dans le vide, à taper jusqu’à 50 messages sur Vigile
autour d’une fracassante démission d’un éphémère parti indépendantiste.
Allons plutôt demander aux Louisianais s’ils aiment l’évolution de
l’humanité… Aux franco-Américains de Nouvelle-Angleterre, aux
franco-canadiens… Se sentent-ils plus respectés depuis qu’ils ont rendu les
armes? Échappent-ils maintenant aux sarcasmes des dominants sur les f…
frenchies?… Au boycott malveillant des politiciens et des médias?
Pendant que nous cherchons des francophones en Louisiane, nous empiffrant
de « crawfish » épicés et de boudin primitif, prenons le cellulaire Nokia
que le neveu, représentant de la compagnie, nous a laissé, pour prendre de
ses nouvelles : d’un avion à l’autre, toujours sur appel pour augmenter ses
revenus. Vert aux urnes, consommateur dans la vie.
Pas le choix, Mononc : il faut payer le cottage de banlieue, la BM et le
chalet au lac.
Citoyen écologique, il y fait signer pétition pour éliminer les phosphates
du lave-vaisselle. Son patron lui a déconseillé d’imputer les algues bleues
à la multinationale de production porcine car ils siègent ensemble sur le
C.A. Pour faire rouler l’économie, il achète chez Wal-Mart et Costco qui
accroissent le pouvoir d’achat en Chine par le travail fourni à toute la
famille.
Ces jeunes voudront ensuite des automobiles, vertes bien sûr, à
l’électricité éolienne importée du Québec : All gets fine, as long as you
stop fighting! What’in a different french culture in North America
?
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

Squared

Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

  • 163 467

Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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5 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    13 novembre 2007

    Monsieur Jodoin,
    Ce n’est pas la première fois que vous nous démontrez votre combattivité et votre courage de vivre aux É.U. sans vous assimiler. Eh bien bravo, mais ces escarmouches, qui pourraient vous mériter des coups inutiles, et ce militantisme français que vous nous rapportez, c’est la vie d’un immigré. Immigré qui réalise que le français est en déroute au Québec. Et c’est grâce à votre appui, M. Jodoin, que nous nous efforçons ici de stimuler notre belle jeunesse pour lui éviter ce triste sort dans son propre pays.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 novembre 2007

    Messieurs, messieurs!
    Tout le monde sur Vigile sait que j'habite aux É.-U. depuis un quart de siècle. Et pourtant, aujourd'hui (comme hier, comme demain) je vous écris en français. Le maintien et, je l'espère, l'amélioration de mon français sont non-négotiables. Intégré à ma vie professionelle aux É.-U.? Oui. Assimilé? Pas Question!
    Chaque jour, je vois à être en contact avec notre langue (avec Internet, pas d'excuse), que ce soit sur Vigile ou ailleurs.
    La langue française m'a été donnée par mes parents, d'en prendre soin, c'est le moindre respect que je leur dois.
    Quand aux remarques désobligeantes, je dois dire tout d'abord que les États-Uniens n'ont pas besoin de se définir autour d'une francophobie délirante comme les anglos du ROC. Ils ont
    d'autres chats à fouetter. Tout de même, que faire quand on y fait face? Hmm, ... Il y a quelques mois j'étais dans un bar et j'ai entendu un individu bien en vinasse, déclarer que Montréal était une ville "pleine de grenouilles". Je me suis donc planté nez-à-nez avec cet idiot, et lui ai dit: "Je suis né à Montréal,
    je suis fier d'être du Québec, je ne suis pas une grenouille ."
    Sur ce, on nous a promptement séparé. C'est un chef de police. M'en fout!! Et comme je parle amère-loque avec un bel accent de New York, il a tout compris. Nous ne nous sommes plus jamais adressé la parole.
    Bon, mais ça rime à quoi, tout ça? 1] Mon identité culturelle n'est pas négotiable, 2] je l'affiche partout "in your face" comme ils disent ici, 3] c'est une question de responsabilité personnelle, et de respect personnel. Pourquoi ne pas en faire
    autant au Québec, tout simplement.
    Claude Jodoin,
    Boca Raton,
    Amérique Française
    P.S.: Amérique Française? Mais, il est en pleine déroute!!
    Permettez que je vous cite le président du Mexique:
    "Partout où l'on trouve un Mexicain, là se trouve
    le Mexique."
    Alors, l'Amérique Française, mettons-la en pratique!

  • Archives de Vigile Répondre

    12 novembre 2007

    Ouhgo écrit : «je veux faire voir la valeur de ce joyau de biodiversité qui s’en va : la culture française en Amérique.»
    Bien là, vous rejoignez directement un point important de Me. Guy Bertrand qui veut faire protéger le fait français au Québec par l'ONU en le présentant comme une richesse mondiale, menacée. Il est contre une déclaration unilatérale de la souveraineté qui créerait probablement plein de problèmes qu'il faut éviter. On attend son prochain livre qui devrait compléter sa stratégie pour un uébec souverain/indépendant.
    En attendant, je vous félicite pour la ton de votre réponse qui est celui qu'il faut entre Québécois qui cherchent une solution à notre danger d'extinction éventuel.
    Le parti Québec-Solidaire, souverainiste à gros grains, est une nuisance par la division des votes des souverainistes. Avec 4 à 5 % des votes, il est et sera plus solitaire que solidaire.
    Pour ce qui est de nos jeunes, quand un leader charismatique souverainiste utilisera les mots qu'il faut, ils devraient saisir l'importance de la chose. Quand une cause est bonne, il est plus facile de la diffuser.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    11 novembre 2007

    Monsieur Bousquet,
    J’ai justement pondu ce texte dans l’esprit du webmestre qui demandait un temps d’arrêt dans cette discussion qui se mordait la queue (démission au PI). Mais je vois que vous n’avez pas enlevé votre visière de gladiateur : vous essayez de me lire dans l’un ou l’autre clan des belligérants. Pourtant, mon intro ne fait que résumer la situation actuelle sans blâmer qui que ce soit : 50% pour sortir, 50% pour rester. Et la seule chose qui fera bouger ces chiffres, c’est le nouveau vote. De celui-ci, la partie d’immigrants volontairement non intégrés par Charest n’annonce rien de bon (allégeance fraîche à la reine). L’autre partie, sur laquelle nous comptions plus, celle des générations montantes, se désintéresse de la cause. Ça fait plus mal. Je m’en désole, et c’est le cœur de mon sujet, parce que leur prétexte(l’environnement, le vert) n’est pas toujours poussé au bout de sa logique : verts mais consommateurs!
    J’ajoute même aujourd’hui à ce paradoxe que les écologistes prônent la biodiversité dans la nature pour augmenter les chances de survie mais que les sujets de notre étude ici violent la règle : ils laissent s’effriter la biodiversité des peuples de la terre en négligeant de sauver le nôtre.
    Enfin, ma conclusion nécessite peut-être un peu d’éclaircissement. Même si je dis la partie perdue faute de combattants, je termine mon exposé sur une note d’espoir en provoquant un petit remords aux jeunes abstentionnistes. Je leur dis que s’ils ont adopté ce comportement par pure négligence, ou par mode du temps, ils n’ont sans doute pas évalué toute la portée d’abandonner la culture française d’Amérique.
    Non, M. Bousquet, le Canada n’est pas un goulag et on n’y torture pas les francos à l’électricité sur les testicules comme en Syrie. Pourtant, je les ai entendues au cours de coventions aux É.U., les « jokes » sarcastiques sur les Cajuns et leur français (le nôtre se créolise dans la même direction). Je les ai rencontrés, mes cousins assimilés dès leur jeune âge en Floride. Ils ont bien réussi à prononcer leur nom à l’anglaise, pour n’être pas associés aux « liberty fries » de Bush ou tout autre geste francophobe à la moindre occasion. J’ai vécu une année à Saskatoon (très jolie par ailleurs) à me faire regarder de travers dans les restos pour avoir laissé entendre des paroles en français. Je refuse de jouer avec les noms Darfour ou Palestine, mais c’est l’infinie tristesse de l’assimilation. Et dans le mépris! Le Général Dallaire vous le confirmera.
    Quant à mon titre, on aura compris qu’il résume tout ça : pour la relève, l’indépendance du Québec n’est pas un sujet vert! Mon combat ici n’est pas de refaire l’histoire et de distribuer des médailles ou des reproches. Je constate un match nul et je pointe du doigt un secteur de la société qui peut encore faire la différence. À ces absents au vote, je veux faire voir la valeur de ce joyau de biodiversité qui s’en va : la culture française en Amérique. Et si on ne convainc pas les jeunes (non pas avec des arguments de Mononc), inutile de se tirailler sur les mérites de l’un ou l’autre de ces partis qui bourgeonnent.
    Cela fait-il avancer la cause autant que des jeux de mots sur le Vert-Solidaire, Monsieur Bousquet?

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2007

    Ouhgo croit que l'indépendance du Québec n'est pas verte tout en ajoutant que les jeunes sont verts et faveur d'une société de consommation.
    C'est quoi notre choix Ouhgo ? La gauche non-capitaliste verte ? Alors, ça prendrait la fusion du parti Vert eu Québec Solidaire que souhaitait Mme David à la dernière élection ce qui, on l'espère, ne devrait pas donner le parti Vert-Solidaire pour attirer les jeunes et barrer le chemin du capitaliste avec sa BM qui serait, selon vous, du côté fédéraliste.
    C'est quoi votre solution, dans les circonstances actuelles, Ouhgo ? Blâmer le 50 % de vos compatriotes qui votent NON ou continuer de tenter de les convaincre de votre vision du futur du Québec ?
    Il n'y a pas de raisons d'être pessimiste, les Québécois ne sont pas martyrisés et on ne voit pas trop le malheur des francophones du ROC ni celui des Franco-américains que vous suggérez. L'assimilation hors-Québec n'est ni le goulag, ni le Darfour, ni la Palestine, ni la torture ni le malheur sur 2 pattes sauf une petite nostalgie des vieux qui voient leurs jeunes changer de langue et de culture mais on en est pas là au Québec. L'intelligence québécoise collective devrait nous en protéger, faut l'espérer.
    Est-ce que vous êtes du côté des souverainistes qui croient que le PQ n'a jamais été ou n'est plus souverainiste et qu'il doit y avoir plein de partis souverainistes avec chacun sa recette pour décréter la souveraineté du Québec et de la façon d'y parvenir ? Est-ce que c'est de nature à faire avancer la cause ?