À Jean-Martin Aussant

L'idéal républicain comme éveil de la conscience nationale

Par quel prodige, en 40 ans d’existence, avec des élu-e-s parmi les plus scolarisé-e-s de l’histoire du parlementarisme au Québec, aucun d’entre eux n’a fait de l’idéal républicain la base de son combat ?

Actualité québécoise - vers une « insurrection électorale »?

On tourne en rond
Le Canada est une monarchie constitutionnelle mais étrangère, donc coloniale, assimilatrice où le citoyen-sujet figure tout en bas de la pyramide. Les Patriotes l’avaient bien compris et lui ont opposé un autre concept encore plus puissant : celui de la république ! La république qui est l’inverse de la monarchie ; son essence repose sur le bien commun, la chose publique où chaque citoyen est appelé à défendre la nation car il en représente, comme ses concitoyens, l’autorité suprême.
En cela, la république est un régime de combat qui forme des "citoyens-soldats" car, qu’on se le dise, la république n’est jamais achevée, elle est perfectible à l’infini, elle ne se repose jamais. Mais la république, c’est aussi un humanisme, l’exemple de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 en constitue le paradigme.

Toutes les républiques dignes de ce nom se sont par la suite inspiré du modèle français.
Comment expliquer qu’ici au Québec, en ce 21e s, aucun parti se disant souverainiste—indépendantiste ne fait pas de l’idéal républicain la base de sa pensée et de sa lutte ? Comment expliquer que face à l’attachement sans cesse renouvelé des canadians à leur reine, nos élites nationalistes ne lui opposent que le terme vague de souveraineté et même d’indépendance ?!
L’indépendance est un projet noble en soi mais qui ne dit rien du pays à naître. Dans l’après "oui-déclaration", nos élites souverainistes ne font que seriner des formules éculées comme : « acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d’établir ses relations extérieures ». Rarement sinon jamais, ces élites ne disent mot sur la place et le rôle central que tiendront les citoyens dans un Québec indépendant. En république, savent-ils, ces citoyens, qu’ils représenteront l’autorité suprême de la nation ? Savent-ils qu’il leur revient de rédiger eux-mêmes la Loi des lois, la Constitution ? Qu’il leur revient d’établir un contre-pouvoir pour que plus jamais ne se produise ce que nous font subir les gouvernements corrompus comme en ce moment ? Qu’il sera tout à fait légitime et même nécessaire d’inclure dans LEUR Constitution un article permettant de destituer tout gouvernement allant à l’encontre des intérêts supérieurs de l’État ?
Malgré tout le respect et l’estime que m’inspire la mémoire de Falardeau, pour moi, l’indépendance n’est pas, en-soi, un projet de société car l’indépendance seule ne garantit en rien l’indépendance de la nation, des citoyens. À preuve, la révolution des Tunisiens, l’hiver dernier, qui en appellent à une « seconde indépendance », via leur Constituante dont les membres seront élu-e-s le 23 octobre prochain.
Par quel prodige, en 40 ans d’existence, avec des élu-e-s parmi les plus scolarisé-e-s de l’histoire du parlementarisme au Québec, aucun d’entre eux n’a fait de l’idéal républicain la base de son combat ? D’après mes recherches, dans le cas du PQ, il n’y a eu que Pierre de Bellefeuille. Avant, Daniel Johnson père, la veille de son décès, allait proposer au Canada un projet de réforme constitutionnelle républicain, si Ottawa refusait, il faisait du Québec une république !
Aborder la cause indépendantiste sur la base de la république, c’est donner un sens à l’indépendance !
La république est, en cela, un éveil de la conscience nationale. Parler de république, c’est assurer l’indépendance. Qui pourrait être contre ? Qui peut être contre la vertu ?


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2011

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    Attention à ne pas trop idéaliser le principe républicain sur le modèle de celui de la France !
    La république française est beaucoup plus irrespectueuse de ces citoyens que la monarchie constitutionnelle canadienne.
    Et c'est un citoyen formé à l'idéal de la République française au son de la Marseillaise et en conséquence extrêmement éloigné pratiquement de naissance à toute idéal monarchique qui le dit ici ...
    Une République Québécoise est à mon avis plus sérieusement pensable sur des bases non franco-française, au Québec, pays du respect naturel de chacun.
    Un lien idéologique avec les héritiers spirituels de Paoli, indépendantiste corse ayant participé à la rédaction de la constitution américaine en coopération avec Jefferson pourrait peut-être s'envisager, à condition bien sûr qu'ils y en ait encore, de ces héritiers, en Corse.
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    Salut Danièle...
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    Victor.
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  • Luc Archambault Répondre

    1 octobre 2011

    L'idéal républicain est d'abord un idéal DÉMOCRATIQUE. C'est cet idéal DÉMOCRATIQUE qu'il faut d'abord mettre de l'avant, c'est cet idéal fondamental et fondateur qui peut permettre de rompre d'avec la gouvernance collabo de tous les partis dans l'UNION de nos forces démocratiques et républicaines.
    En découle la République démocratique du peuple Souverain du Québec, non l'inverse. Il faut d'abord appeler ce peuple à renverser le Régime autocrate AVANT de fonder la République. Il faut d'abord USER des pleins pouvoirs DÉMOCRATIQUES du peuple Souverain aptes et capables d'INVALIDER tout État qui n'a pas obtenu le clair OUI de la démocratie électorale et référendaire québécoise.
    Il a fallu à la Révolution française d'abord renverser le Régime monarchique avant que naisse la République du peuple. De Gaulle le 18 juin 1940 n'a pas appelé les Français à rédiger SOUS OCCUPATION la Constitution de la France LIBRE ! Il appelé à RENVERSER le gouvernement collabo du Régime d'occupation qui n'avait pas obtenu le OUI de la démocratie française. Cela sans créer de nouveaux partis. C'est la Coalition des forces de la Résistance démocratique qui a UNI tous les partis de l'extrême gauche communiste française à l'extrême droite nationaliste, en passant par l'extrême centre socialiste qui a pu LIBÉRER le peuple de France de la gouvernance collabo et de l'occupation de son sol et sous-sol national.
    Seule l'UNION de nos forces DÉMOCRATIQUES pourra sous VRAIE COALITION NATIONALE - Démocratie et Souveraineté du Québec, permettre la fondation de la République démocratique du peuple Souverain du Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2011

    L’Option Nationale offre une opportunité qui ne se présente qu’une fois par demi-siècle. Tous ensembles, nous avons l’occasion de dessiner le contour d’un pays moderne qui fera l’envie du monde entier. Un idéal qui traduira nos valeurs les plus élevées d’humanisme, de justice et d’équité. Nous pouvons enfin exprimer sans contrainte ce que notre histoire singulière a fait de nous. À travers notre génie, notre créativité et nos réalisations nous pourrons offrir au monde un modèle et un espoir.
    L’idéal républicain que vous chérissez, Mme Fortin, est exactement le genre de proposition de haut niveau que nous pourrions débattre démocratiquement à l’intérieur des instances de l’ON lors de sa fondation. Oui, nous créerons un projet tellement beau, désirable et puissant que ceux qui oseront l’attaquer s’attireront une vague d’indignation et de révolte. Oui nous pouvons proposer dès maintenant une ébauche de constitution qui, pourquoi pas, inclurait une clause de destitution de tout gouvernement qui irait à l’encontre des intérêts supérieurs de l’État.
    Je suis d’accord avec vous que de transposer nos valeurs dans des structures constitutionnelles et politiques d’un pays imaginé pourra définitivement contribuer à opposer une alternative attrayante au genre de pays indigeste et hideux que nous propose le ROC avec Stephen Harper et sa clique de conservateurs pognés et coincés. Ce projet pourra donner un sens à l’indépendance et contribuera à éveiller les consciences. Nous devons nous faire cette promesse, Mme Fortin. Jean-Martin Aussant est le type d’homme qui voit loin et qui sait reconnaître la valeur des idées que vous suggérez.