L'histoire des batailles des Plaines d'Abraham

1759 - Commémoration de la Conquête - 12 et 13 septembre 2009


Photo: Xavier Dachez, Le Soleil
J'aimerais, puisqu'il est question d'histoire, de l'histoire des plaines d'Abraham, éclairer la lanterne des historiens, des révisionnistes de l'histoire et surtout des «feseux» d'histoire.
Nous avons à Québec le parc des Champs de bataille, parce qu'il y eût bien plusieurs batailles sur les plaines d'Abraham, et non pas une seule comme nous le laissent croire les historiens et les «feseux» d'histoire. Il y eut celle du 13 septembre 1759, celle du 28 avril 1760 (non pas à Sainte-Foy, mais sensiblement au même endroit avec des armées en position inversées sur une ligne, qui s'étirait de la butte à Nepveu au parc des braves.
Il y eut d'abord la bataille du 13 septembre 1759 à 10h qui mit aux prises 3175 soldats Britanniques, Écossais (highlanders) Irlandais et Allemands, bien étirés en 2 lignes sur plus d'un mile. C'est de là d'ailleurs que vient l'expression la mince ligne rouge. Les autres 1500 soldats montés sur les plaines occupaient les forts de Samos et de Sillery qu'ils avaient conquis, et se préparaient à affronter De Bougainville qui arrivait de Sainte-Foy et qui devait prendre l'armée de Wolfe à revers.
Cette armée, arrivée sur les plaines depuis 4h du matin, avait déjà 6 canons pour tirer sur l'ennemi et attendait de pied ferme Moncalm qui avançait vers elle au centre sur 3 colonnes de 6 hommes de profond et de 2 autres rangées formées des canadiens et de la marine. De chaque coté du terrain, 1000 indiens et snippers tiraient sur l'ennemi depuis tôt le matin et firent la majorité des 656 morts et blessés du coté Anglais.
Pour un, Wolfe reçu de leur part 3 balles, l'une au poignet, une autre dans les couilles qui le fit vasciller (sic)... son grand manteau avait absorbé le choc et une troisième aux poumons qui lui fut fatale.
Les canons et les obusiers royaux qui arrivaient sans cesse du sentier de l'Anse au Foulon furent placés au centre sous la direction du capitaine York impatient de faire «sauter» les 3 colonnes formés des régiments de Béarn, Guyenne, Laguedoc et du Royal Roussillon.
Lorsque l'armée française fut à 40 pas, l'artillerie et les fusils des soldats armés de 2 balles firent feu d'un seul coup sur les hommes et les bêtes. Il y eut près de 1200 morts. Béarn et Laguedoc furent presque anéantis. Puis, ce fut la charge à la bayonnette sur les moribonds et les fuyards et celle des Highlanders au claymore (très grande épée qui se manie à 2 mains) qui coupaient les mains en l'air et les têtes, pendant que les cornemuses «hurlaient» la marche de Lovet. Il y eut 300 morts de plus et plus de 250 prisonniers, dont un grand nombre de Canadiens qui occupaient le côté le plus éloigné du terrain. Du côté anglais, on dénombra 57 morts et 599 blessés, dont Moncton, Carlton, Barry et Spittle chez les officiers supérieurs. La bataille comme telle avait duré le temps de 2 décharges et plus de 40 minutes de poursuite.
La deuxième bataille bataille des Plaines du 28 avril 1760 est aussi un événement historique. C'est aussi la plus grande victoire française en Amérique, et elle a fait un jour trembler dans la balance, le sort de la ville de Québec et de toute l'Amérique »(H.Packman hist. britannique).
Les historiens nomment à tort cette grande victoire du 28 avril 1760 «la Bataille de Sainte-Foy». Elle est dans les faits le 2e acte, la 2e symphonie des plaines d'Abraham: la revanche.
Il faut aussi savoir que ce grand événement historique s'est déroulé ici à Québec, sur la Bute-à Neveu, devant les remparts, et non pas comme plusieurs historiens l'affirment à Sainte-Foy. C'est aussi la revanche du 13 septembre 1759, mais avec des armées en position inversée; Murray le dos aux fortifications du temps et le Chevalier De Lévis en face de la ville en cendres.
Ce 28 avril 1760, 7 mois après la 1e bataille des plaines, c'est une mosaïque d'acteurs hétéroclites, habillés en loques, trempés, gelés, et crottés qui font d'abord une parade qui pourrait nous rappeler les origines du premier carnaval d'hiver de Québec. Ils vont cependant s'affronter pour décider du sort de Québec, mais aussi de l'Amérique. Ces acteurs à l'allure grotesque et médiévale ce sont d'un côté des Britanniques, des Allemands, des Irlandais, des Écossais, des Américains, des Rangers, des Iroquois. De l'autre, ce sont des Français, des Canadiens, des Acadiens, des Irlandais catholiques, des déserteurs Écossais, des algonquins, des Hurons et aussi 83 soldats noirs! Cette grande bataille très cruelle a duré plus de 5 heures.
Au tout début, sur la butte à Nepveu, l'artillerie de Murray forte de ses 23 canons de campagne et 10 fois plus forte que l'armée française pulvérise les régiments français qui se réfugient dans les bois. Beaucoup d'officiers sont tués et blessés (De Boulamarque). Prenant ce recul pour une fuite, Murray pour se couvrir de gloire comme Wolfe, 7 mois plus tôt, ordonne la charge des Frasers Highlanders, des Grenadiers de Louisbourg et du Kennedy.
Les canons et les hommes les bêtes s'enlisent dans la neige. C'est la bataille la plus sanglante de l'histoire. Parce qu'elle se fait au corps à corps, à l'arme blanche (claymore contre baïonnette). Les restes du régiment de Guyenne anéantissent les Frasers Highlanders de Murray et le Royal Américan, pendant que les Canadiens et les Amérindiens s'attaquent aux canonniers et aux artilleurs. Voyant son armée vaincue, Murray dans une fuite désordonnée vers les rempart du temps sonne la retraite et laisse au sol 1200 soldats que les amérindiens s'empressent de scalper. Les Français ont eu 600 morts et 175 blessés.
Peu de Québécois savent par exemple que 2 plaques commémoratives sur la rue fédérale des Braves souligne cette grande fuite désordonnée de l'armée britannique, poursuivie par les Canadiens, les «diables rouges», enveloppés par les cris, les baïonnettes et les tomahawks.

On doit aussi s'étonner de toute l'espace et de toute l'attention que les historiens accordent à la bataille du 13 septembre de 1759 par rapport à la revanche du 28 avril 1760. On doit aussi s'étonner de l'importance accordée au Général James Wolfe, le Guillaume d'Orange québécois. On lui consacre tout de même 2 monuments, 3 rues, ainsi qu'une statue qui a mystérieusement disparue dans les années 70.
Son plus grand fait d'armes comme le soulignent les gravures sur la terrasse Dufferin, consiste tout de même à avoir rasé au sol la ville de Québec en 1759 (535 maisons). Il fit «pleuvoir» sur la ville pendant plus de 2 mois 40 000 bombes incendiaires et 10 000 boulets. Il faudrait lire l'histoire pour comprendre tout l'effroi et les souffrances de la population.
Il est vrai cependant, que nos ancêtres, tout particulièrement les miliciens de la ville de Québec ne furent pas très «courtois» envers le général britannique sur les Plaines en 1759. Selon l'histoire, les miliciens québécois l'atteignirent successivement d'une balle au poignet; une autre lui sectionna une couille et une troisième balle fatale l'atteignit aux poumons.
L'auteur affirme d'ailleurs que le milicien canadien qui sectionna le testicule droit du général, était l'un de ses ancêtres. La rumeur contribue encore à «envenimer» les récits épouvantables de nos guides touristiques!
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Pierre Lépine Ma, Ph.D, Québec


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