L'heure du réveil

Les Québécois ont d'autres préoccupations, d'autres priorités et n'estiment pas que la souveraineté est présentement l'unique moyen d'y répondre adéquatement.

GESCA - une presse aux ordres fédéralistes et capitalistes


(Québec) Si les militants péquistes doivent retenir une seule phrase de la lettre publique de Bernard Landry, c'est la dernière : «L'heure du réveil a sonné.»
M. Landry devrait être le premier à se mettre à jour. Il n'est plus le chef du Parti québécois depuis 2005. André Boisclair lui a succédé après sa démission-surprise, et Pauline Marois assume la fonction depuis 2007.
L'ancien chef a beau dire qu'il remplit son devoir de citoyen en prenant la plume, il y a toujours un malaise et un agacement à voir un «ex» critiquer sur la place publique le travail et les décisions prises démocratiquement par ses successeurs et par une majorité de militants. Surtout lorsque l'auteur se défend de vouloir personnaliser le débat, mais que l'attaque à l'endroit de la chef en place est manifeste.
Même si des militants «attristés» l'abordent pour connaître son avis et que les médias le sollicitent (dans l'espoir d'obtenir des déclarations chocs et de provoquer une polémique), le bon sens et le bien du parti commandent une certaine retenue. D'autant plus avec la crise sévère qui secoue le PQ depuis la débâcle du Bloc québécois aux élections du 2 mai, et l'intérêt que suscite la nouvelle formation de François Legault, repoussant le PQ au troisième rang dans les intentions de vote.
Faisant valoir l'intérêt de la patrie, M. Landry, dans sa grande humilité, soutient que les militants péquistes ont cru à tort bien faire et ont manqué de profondeur en optant pour une gouvernance souverainiste.
Quelle belle contribution à la relève du PQ et quelle éloquente démonstration de respect pour les personnes qui ne pensent pas comme lui et qu'il n'a pas réussi à convaincre de la justesse et de l'efficacité de son approche.
Qu'en retiendra le public? Que le PQ a été et sera toujours miné par ses querelles internes et personnelles et sur la façon de prôner et de réaliser la souveraineté.
Même si on peut s'attendre à des tiraillements au sein de la Coalition pour l'avenir du Québec, le PQ semble imbattable en la matière. La dernière semaine fournit une autre éclatante démonstration.
Suffirait-il, comme le croit l'ancien premier ministre, que le PQ mette le cap sur l'indépendance et se dirige au pas de charge vers cet idéal pour regagner en popularité dans les intentions de vote des Québécois? L'heure du réveil a sonné.
Est-ce que quelqu'un ignore que le Parti québécois est souverainiste? Il faut être dans un état de rêverie profond pour penser qu'il s'agit de parler davantage de nation, de patrie, d'indépendance et de promettre un référendum pour avoir la confiance des électeurs.
Il faut plus. Les Québécois ont d'autres préoccupations, d'autres priorités et n'estiment pas que la souveraineté est présentement l'unique moyen d'y répondre adéquatement.
Bien sûr, dans un sondage, ils peuvent se dire souverainistes. Mais de là à concrétiser le projet. Il demeure difficile de cerner l'électeur québécois. Sur la scène fédérale, il a rabroué le Bloc québécois pour voter massivement néo-démocrate, mais sur la scène provinciale, son coeur penche vers la droite. Quelles sont ses réelles convictions souverainistes?
«On ne peut pas faire comme si on était souverain quand on est une simple province, ni agir comme si on était aux Nations unies quand on siège tout bêtement au Conseil de la fédération», écrit M. Landry.
C'est vrai. Mais, on ne peut pas par ailleurs réaliser la souveraineté sans l'appui d'une majorité de Québécois. Même si sous son règne le PQ s'était engagé à tenir un référendum sur la souveraineté le plus tôt possible, il aurait lui aussi choisi le bon moment et non pas risqué une autre défaite. Il aurait attendu son heure.


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