Éducation

L’enseignement en mal d’amour

Pour en finir avec les participes passés conjugués avec l'auxiliaire avoir

Tribune libre

Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, aura beau s’évertuer à imaginer toutes sortes de solutions à court terme pour pallier la pénurie de main d’oeuvre en éducation, je suis d’avis que cette situation fort inquiétante doit être traitée en amont.

Selon les dernières données, près de 2600 emplois sont présentement vacants dans le réseau scolaire, dont 927 postes d’enseignants. De quoi s’interroger sur les raisons qui expliquent un tel abandon de la part des enseignants qui ont quitté leur emploi et de ceux qui sont en congé de maladie, une situation qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

Des directions d’école, des éducateurs en service de garde et même des parents doivent être appelés en renfort dans les classes pour remplacer des enseignants qui s’absentent temporairement ou de façon prolongée. «On fait de l’occupationnel. On a quelqu’un qui vient s’occuper de la sécurité des élèves, mais il n’y a aucun enseignement concret qui se fait. C’est peut-être dur comme terme, mais ça devient une garderie», affirme Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE). 

D’autre part, les négociations en cours entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants semblent piétiner. L’un des écueils les plus patents concerne la lourdeur de la tâche accentuée depuis plusieurs années par une population d’élèves croissante éprouvant des problèmes de comportement. Or, les ressources intermédiaires telles les psychologues, les travailleurs sociaux, les orthopédagogues, etc, manquent à l’appel si bien que les enseignants s’essoufflent et finissent par abandonner à regret leurs fonctions.

L’enseignement est en mal d’amour. Des profs d’expérience décrochent après 20 ans d’expérience, d’éventuels postulants à l’enseignement hésitent à se lancer dans une voie jalonnée d’obstacles. L’enseignement souffre d’avoir perdu ses lettres de noblesse. Il est plus que temps que le MEQ s’applique avec vigueur à les ennoblir à nouveau!

Pour en finir avec les participes passés conjugués avec l'auxiliaire avoir

De toute évidence, les règles d’accord des participes passés conjugués avec l’auxiliaire avoir ne bénéficient pas d’une cote de popularité par les temps qui courent. Or, les tenants de ces critiques évoquent la complexité de ces règles et prônent les simplifier.

Certains « grands penseurs » proposent de laisser toujours invariable le participe passé conjugué avec avoir...et voilà, le problème est réglé! D’autres, par ailleurs, plus soucieux d’éviter certains malentendus comme dans cette phrase « J’occupe la place de mon patron que j’ai convoitée pendant deux ans », signale que, si on avait gardé le participe au masculin, à savoir invariable, ce serait le « patron » qui serait convoité et non la « place ».

Par ailleurs, les défenseurs de la simplicité évoque souvent les exceptions associées aux règles d’accord du participe passé avec avoir alors que, dans la réalité, il s’accorde « toujours » avec le complément d’objet direct si ce dernier est placé devant lui et cela, peu importe la complexité de la phrase.

Enfin, le français ne diverge pas des autres langues en ce qui a trait à des règles grammaticales un peu complexes. Par ailleurs, en ce qui me concerne, si ces règles peuvent amener les élèves à développer leurs capacités intellectuelles, ce sera au moins ça d’acquis dans dans le développement du sens de l’effort qui, en passant, est un atout qui est malheureusement de plus en plus placé sur la voie d’éviction au profit d’un nivellement par le bas des plus malsains.


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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