L'enquête Mâchurer se poursuit toujours

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L'impatience grandit





L’enquête Mâchurer, qui vise entre autres l’ex premier ministre Jean Charest, se poursuit, a confirmé le grand patron de l’Unité permanente anticorruption, qui entend remettre au Directeur des poursuites criminelles et pénales le résultat d’une enquête «complète, ficelée et totale».

Les consultations publiques sur le projet de loi 107, qui prévoit notamment faire de l’UPAC un corps de police spécialisé et octroyer plus de pouvoir au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), se sont poursuivies jeudi, à l’Assemblée nationale.

Le commissaire Robert Lafrenière s’est montré extrêmement favorable à la pièce législative, qui octroierait une plus grande «indépendance, autonomie et compétence» à l’organisation, autant dans la gestion de ses enquêtes, de ses budgets que de son personnel, a-t-il signifié. M. Lafrenière a qualifié le tout d’«avancée majeure pour le Québec».

Refusant de commenter ses enquêtes, le commissaire a toutefois réitérer ses propos tenus lors de l’étude des crédits parlementaires, en mai, à l’effet qu’il comptait aller «jusqu’au bout» de Mâchurer. Cette enquête criminelle concerne des allégations de trafic d’influence et cible notamment l’ex-premier ministre, Jean Charest, ainsi que son ami et grand argentier du Parti libéral, Marc Bibeau.

Rien pour rassurer l’opposition, qui attend des résultats. Le co-porte-parole de Québec solidaire Amir Khadir lui a d’ailleurs demandé ce qu’il fallait pour «épingler le suspect numéro un de la commission Charbonneau, Jean Charest». M. Lafrenière n’a pu répondre, M. Khadir ayant utilisé tout son temps alloué pour formuler sa question. L’UPAC n’a d’ailleurs accordé aucune entrevue à la suite de son passage au Salon rouge.


Mode de nomination


Le projet de loi 107 prévoit que la nomination du commissaire à la lutte contre la corruption soit analogue à celle qui prévaut actuellement pour le DPCP. La Parti québécois et la Coalition avenir Québec s’opposent à une telle mesure. Le député péquiste Pascal Bérubé a mis au défi M. Lafrenière de «démissionner et de se prêter au vote des deux tiers de l’Assemblée nationale».

«Le commissaire à l’UPAC est nommé par le Parti libéral et l’UPAC enquête sur le Parti libéral», a plaidé M. Bérubé. «Ça appartient au législateur», a laconiquement répondu Robert Lafrenière, qui se sent «totalement indépendant dans l’environnement actuel».

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a rappelé que ce mode de nomination était prôné par les recommandations de la commission Charbonneau. «La commission Charbonneau ne dit pas qu’il faut créer un corps de police indépendant avec l’UPAC», a rétorqué M. Bérubé.

Volte-face


Rappelons que M. Lafrenière a tout d’abord accepté de prendre part à ces consultations, avant de décliner l’invitation, puis de s'y présenter. Le commissaire a affirmé qu’il croyait tout d’abord que son témoignage était obligatoire. Par la suite toutefois, une préposée à la commission parlementaire l’a informé que ce n’était pas le cas. Il a donc annulé sa participation, avant de se rétracter à la lumière des pressions publiques, notamment sur Twitter.

Depuis sa création en 2011, l’UPAC a procédé à l’arrestation de 179 individus, dont 77 ont été condamnés.