Réplique à Marc-François Bernier

L'enfer Quebecor n'existe tout simplement pas

Congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ)

J. Serge Sasseville - Vice-président aux affaires corporatives et institutionnelles chez Quebecor Media - Dans [un texte d'opinion publié le 2 décembre dans les pages du Devoir, le professeur Marc-François Bernier->16703] a porté de sérieuses accusations à l'égard de la direction de Quebecor, reprochant à celle-ci de s'ingérer dans le travail de ses journalistes afin d'assouvir une prétendue volonté de propagande et de désinformation.
Pour appuyer ses dires, M. Bernier, un ancien journaliste syndiqué du Journal de Québec, dont le passage dans cette salle de rédaction semble avoir laissé un goût amer de part et d'autre, s'en remet au témoignage d'un journaliste en lock-out du Journal de Montréal ainsi qu'à une étude qu'il a lui-même réalisée au profit de la CSN, centrale qui représente ces mêmes journalistes.
Il évoque par ailleurs deux autres de ses propres études, l'une faisant état de la perception de la population québécoise à l'égard des pratiques de Quebecor et l'autre, des craintes suscitées au sein des journalistes du Québec par la convergence. Deux études à la méthodologie douteuse avec des questions appelant des réponses prédéterminées, ce pour quoi nous avons déjà eu l'occasion de faire part de nos réserves à M. Bernier.
Défoulement collectif
De plus, de son propre aveu, M. Bernier fait reposer une partie de son analyse sur ce qu'il a entendu le week-end dernier au congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) au cours d'un événement que le journaliste Stéphane Baillargeon n'a pas hésité à qualifier lui-même de «défoulement collectif contre l'empire» dans son article du Devoir du 29 novembre dernier. Or, se référer à un défoulement collectif n'est-il pas précisément l'antithèse du type de démarche scientifique à laquelle un universitaire digne de ce nom devrait se livrer?
La gravité des accusations portées aurait en effet exigé que M. Bernier, tout docteur qu'il est, s'appuie sur davantage que des perceptions, des craintes et des témoignages de parties intéressées afin de monter une thèse crédible.
Au contraire, M. Bernier a plutôt choisi de s'ériger en prophète d'une religion dont il a lui-même écrit les textes sacrés, conçu les préceptes et choisi les apôtres, religion hors de laquelle personne ne peut trouver de salut. Au centre de cette religion se trouve une obsession pour Quebecor et la convergence, qu'il s'acharne depuis plusieurs années à diaboliser, accusant l'entreprise des plus grands péchés contre l'éthique et la démocratie, deux valeurs dont il semble se prétendre le seul gardien légitime.
Voir l'ensemble
Nous invitons toutefois les lecteurs du Devoir à aller au-delà des incantations de M. Bernier et à considérer l'ensemble du «bilan éthique et démocratique de Quebecor».
Ce faisant, ils découvriront une entreprise qui emploie plus de 15 800 hommes et femmes dévoués et compétents, dont environ 7500 bénéficient de l'une des 107 conventions collectives. Au cours des cinq dernières années, Quebecor a négocié et renouvelé en partenariat avec ses syndicats près de 100 conventions collectives, dont deux importantes conventions renouvelées par anticipation chez Vidéotron, le tout sans conflit de travail.
Cette entreprise et ses employés sont en outre assujettis à un ensemble d'organismes réglementaires, législatifs et professionnels, allant de l'Autorité des marchés financiers au CRTC, en passant par le Bureau de la concurrence, lesquels la surveillent constamment, s'assurant que les comportements de Quebecor servent les intérêts de la population.
L'enfer Quebecor?
Qui plus est, il faudrait mettre au bilan de cette entreprise le fait qu'elle emploie plus de 1000 journalistes, dans plus de 250 médias différents. De ce nombre, il est intéressant de noter que M. Bernier ne s'est penché que sur les expériences vécues par des journalistes employés dans les deux seules unités ayant récemment traversé des conflits de travail.
N'en déplaise à M. Bernier, l'enfer Quebecor qu'il évoque n'existe tout simplement pas.
On pourrait en revanche se demander pourquoi, au cours des dernières années, M. Bernier n'est pas sorti de son cénacle pour dénoncer l'abolition sans appel de 800 postes chez CBC/Radio-Canada ou encore l'ultimatum de fermeture lancé par Gesca aux employés de La Presse pour forcer le renouvellement de leurs conventions collectives?
De la même façon, il y a plus d'un an que les journalistes de la Tribune de la presse à Québec refusent sans droit et abusivement d'accréditer des journalistes du Journal de Québec, sans que M. Bernier ait osé les sermonner, une situation gênante pour la réputation internationale du Québec et dénoncée par Reporters sans frontières.
Et où était-il enfin pour déplorer les outrages au tribunal dont se sont rendus coupables les membres du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal en forçant l'accès à la salle de rédaction du Journal en juillet 2009? L'éthique et la morale ne valent-elles pas autant pour tous? Peu s'en faudrait donc pour que nous puissions à notre tour accuser M. Bernier de répéter les mêmes arguments et d'occulter des faits pertinents.
Intérêts démocratiques
Quant à l'obsession que celui-ci nous prête à l'égard des pratiques et du manque de transparence de CBC/Radio-Canada, il faudrait plutôt se demander pourquoi les journalistes de Gesca n'en font pas autant. Ce n'est peut-être pas étranger au fait qu'une multitude d'entre eux agissent comme pigistes au sein de la société d'État et ne veulent donc pas nuire à cette forme de convergence qui leur est directement profitable.
Enfin, il doit être dit que nous ne nous excuserons jamais de marteler les mêmes thèmes quand il s'agit de dénoncer la mauvaise utilisation des fonds publics, par CBC/Radio-Canada ou qui que ce soit, de décrier les conditions dans le réseau de la santé et les écoles, ou encore d'exposer les pratiques douteuses de l'industrie de la construction. Ce faisant, ce sont bel et bien les intérêts démocratiques des Québécois que nous servons et tout bilan digne de ce nom se doit d'en tenir compte. Quebecor est une entreprise responsable et fière de la relation privilégiée qu'elle a développée depuis 60 ans avec les citoyens du Québec, lesquels le lui rendent bien, comme en témoignent ses résultats.
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J. Serge Sasseville - Vice-président aux affaires corporatives et institutionnelles chez Quebecor Media


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