L’ «économie», envers et contre tout

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Oui, on peut faire autrement





Aussi loin qu’on peut se rappeler, l’argument  « économie versus X » a été invoqué pour contrer des avancées de toutes natures.


- Au 19e siècle, des propriétaires terriens se sont opposés à la fin de l’esclavage aux États-Unis prétextant qu’ils ne seraient plus compétitifs s’ils se retrouvaient obligés de payer les ouvriers des champs et que cela mettrait leur industrie en faillite.


- À la fin du 19e et au début du 20e siècle, des patrons d’entreprises se sont opposés à offrir des conditions de travail décentes aux travailleurs des mines, des usines et des fabriques pour les mêmes raisons. À cette époque, même si on payait les travailleurs, leur salaire était si maigre qu’ils ne parvenaient même pas à assumer leurs besoins de base.


- Plus tard, on a refusé et on refuse encore souvent de donner aux femmes des conditions salariales égales à celles des hommes... encore là, en invoquant l’argument de compétitivité économique.


- Certaines entreprises quant à elle refusent net tout effort de syndicalisation qui ferait en sorte que leurs employés seraient traités avec plus de respect et avec de meilleures conditions salariales. On peut citer les exemples de WalMart ou de McDonald’s qui évoquent, eux aussi, l’argument économique.


- Certaines compagnies préfèrent faire du lobbying plutôt que de respecter les lois et règlements environnementaux d’un pays prétextant, encore une fois, des raisons économiques et de compétitivité. Par exemple, des pétrolières américaines ont investi temps et argent pour contrer toute loi ou tout règlement de la part du gouvernement des USA dans la lutte aux changements climatiques, à la pollution atmosphérique, aux pluies acides ou aux rejets de déchets toxiques... tout en se battant pour continuer à recevoir les subventions qu’elles avaient obtenues de tous les gouvernements américains qui se sont succédés DEPUIS 100 ANS. Et, grâce à l’appui des Républicains, elles continuent d’obtenir des subventions car elles ont affirmé que sinon cela se traduirait par des pertes d’emplois et une hausse du prix de l’essence.


Édifiant, n’est-ce pas?


- Certaines entreprises quant à elles déménageront et ouvriront alors des installations dans des pays dits « en développement » ou sous-traiteront auprès d’entreprises locales où les conditions salariales, de sécurité et environnementales ressembleront aux conditions vécues au 19e siècle dans les usines et ateliers de Grande-Bretagne au début de la révolution industrielle.


On peut faire autrement


Je suis tout à fait conscient qu’il y a des entreprises qui se comportent de façon responsable et respectueuse envers leurs employés et l’environnement. Ils démontrent du coup que le développement économique peut se faire dans un esprit d’innovation, d’initiative et d’imagination et ce, pour le bien de l’entreprise aussi bien que des employés et de l’environnement. C’est de fait LA seule voie de l’avenir pour les entreprises du Québec et c’est ce qui doit être encouragé.


C’est même le discours officiel du milieu des affaires.


Je peux citer en exemple la compagnie Les Produits Neptune Inc. de St-Hyacinthe dont le PDG Jean Rochette a gagné le prix du PDG vert 2014 et qui a été le premier manufacturier de produits de salle de bain en Amérique du Nord à obtenir la certification écoresponsable. Et devinez quoi? Cette entreprise est syndiquée! C’est d’ailleurs à l’initiative du président du syndicat M. Luc Martel que j’ai eu l’opportunité de découvrir la qualité du travail accompli par cette entreprise. J’y ai vu là un exemple probant de collaboration entre patron et syndicat pour faire avancer l’entreprise et l’économie du Québec tout en protégeant l’environnement.


À contrario, lorsque j’entends les affirmations de MM. Tremblay et Couillard qui défendent bec et ongle une entreprise qui se fout aussi bien de l’environnement que des travailleurs, je me dis que ceux-ci vivent encore à certains égards au 20e siècle, voire au 19e.


Mentalité dépassée


Lorsque j’étais ministre de l’environnement, j’ai été confronté presque quotidiennement à des demandes de la part d’élus et d’entreprises qui voulaient qu’on repousse certaines échéances, abaisse certains seuils de protection ou change certaines règles afin de moins protéger l’environnement. Je sais que mes prédécesseurs et mes successeurs se sont retrouvés pris avec les mêmes demandes.


En ce 21e siècle, les façons de faire de certaines entreprises ont malheureusement  des relents d’une époque qu’on pourrait croire révolue face à la protection de l’environnement. Ces gens aux mentalités dépassées agissent de façon que je ne peux que qualifier d’irresponsable. Elles devraient plutôt s’inspirer de celles qui font preuve d’innovation et d’audace.


Je suis d’avis qu’un jour viendra où les gens trouveront tout à fait normal de bien protéger notre environnement et que les désastres écologiques causés par notre inconscience fera partie de nos livres d’histoire (si on continue à l’enseigner...) tout comme nous apprenons aujourd’hui avec consternation des horreurs qui ont été dites et perpétrées dans le passé...


Comme de croire qu’au nom de l’économie, on peut sacrifier tout le reste.




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