L’art d’attaquer Mario

Québec 2007 - ADQ


Mario Dumont est devenu la figure centrale de cette campagne électorale. Ses deux adversaires ne peuvent plus le considérer comme ce troisième parti qu’on ignore. Il leur faut l’attaquer, ils le savent, mais ils n’ont réussi, jusqu’à maintenant qu’à renforcer le chef de l’ADQ au lieu de lui nuire.
Le meilleur exemple est l’attaque de Jean Charest à l’effet que Mario Dumont n’est ni fédéraliste, ni souverainiste, le chef libéral exigeant qu’il se branche sur le champ. Comme si on ne pouvait pas faire de la politique au Québec si on n’acceptait pas un camp ou l’autre.
Le chef de l’ADQ se dit autonomiste et vit dans ce centre mou de la politique québécoise où on refuse d’être étiqueté à la vie, à la mort, d’un bord ou de l’autre. C’est le cas pour un très grand nombre de Québécois, y compris ceux qui – comme la présidente de la campagne libérale, la ministre Line Beauchamp – ont voté Oui en 1995 et sont aujourd’hui chez les libéraux.
Quand M. Charest le somme de prendre position entre le fédéralisme pur et la souveraineté dure, il ne fait que montrer aux électeurs potentiels de l’ADQ combien Mario Dumont leur ressemble.
Il est vrai que, de l’autobus du Oui en 1995 au «discours de la feuille d’érable» à Toronto en 1992, Mario Dumont a pris à peu près toutes les positions constitutionnelles possibles et un opportunisme parfois navrant.
Mais les seules personnes qui se reconnaîtront totalement dans les propos de M. Charest sont ces fédéralistes purs et durs qui constituent la base électorale du PLQ. Or, M. Charest n’a nul besoin de courtiser : ils sont déjà avec lui et ne s’en vont nulle part.
Sans oublier que, lorsque M. Charest traite de ces sujets à la télé, il a l’air agressif plutôt que bagarreur, moralisateur plutôt que convainquant. Tout le contraire du Charest sympathique et détendu que l’on avait pu voir à TVA, vendredi soir.
Du côté du PQ, les accusations touchent le programme de M. Dumont, que le chef André Boisclair qualifiait, ce week-end, d’irréalistes et «qui nous envoient directement dans le mur».
Ce que M. Boisclair ne comprend pas, c’est que les gens qui sont sensibles au message de l’ADQ sont ceux qui se sentent laissés pour compte par les solutions «mur-à-mur», qui ont souvent été la marque de commerce des gouvernements péquistes.
On parle ici de toutes les familles qui n’ont pas accès ou ne veulent pas avoir recours aux Centres de la petite enfance, les victimes d’actes criminels qui ne se sentent pas écoutés par le système judiciaire, les parents qui ne comprennent pas les bulletins scolaires de leurs enfants, etc…
On peut dire que Mario Dumont fait preuve, dans cette campagne, de la pire forme de clientélisme. Mais il a aussi identifié les frustrations profondes d’un électorat qui se sent oublié par les gouvernements, les grands syndicats, les grosses compagnies, bref par tous ces «gros joueurs» qui ont l’air de tout décider au-dessus de leur tête.
Ça ne fait pas un programme électoral cohérent, tout bien ficelé et qui donne une feuille de route pour toutes et chacune des missions de l’État? Bien sûr que non. Mais Mario Dumont s’adresse précisément à ceux qui ne croient plus aux feuilles de route.
Ajoutez à cela le fait que, lors qu’il critique le chef de l’ADQ, André Boisclair, est incapable de se départir de ce langage bureaucratique qui l’éloigne encore plus des électeurs ordinaire et on comprend vite qu’il réussit, lui-aussi, à compter dans son propre but.
Les adversaires de Mario Dumont ne peuvent comprendre qu’il se soit mis en marge de la politique telle qu’on la pratique habituellement au Québec. Mais il courtise justement tout un électorat qui se sent depuis trop longtemps marginalisé par les libéraux et les péquistes.


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