L’appel du 18 juin du Général de Gaulle

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À ceci… :


Français!


A l’appel de M. le président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l’affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes, sûr que par sa magnifique résistance elle a rempli son devoir vis-à-vis de nos alliés, sûr de l’appui des anciens combattants que j’ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.

En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés, qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat (*).


Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.

Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n’écouter que leur foi dans le destin de la patrie.


Philippe Pétain, 17 juin 1940


(*) Tel est le texte qui fut prononcé. Sur la suggestion de Paul Baudouin, ministre des Affaires étrangères, la phrase fut rectifiée – inutilement et maladroitement – de la manière suivante : “C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut tenter de cesser le combat.”



De Gaulle répondit ceci :


Le contexte


Le 16 juin 1940 suite à la démission du Président du Conseil, Paul Reynaud, le général de Gaulle décide de partir le lendemain pour l’Angleterre afin de poursuivre le combat.

Accompagné de son aide de camp, le lieutenant Geoffroy de Courcel, il s’installe provisoirement dans un appartement prêté par un Français, près de Hyde Park, au centre de Londres, au numéro 6 de Seymour Place.

Il y rédige le texte de l’Appel qu’il prononce le 18 juin 1940, vers 20 heures, sur les ondes de la B.B.C. Dans ses Mémoires de Guerre le Général décrit les circonstances qui ont entouré l’Appel.


« La première chose à faire était de hisser les couleurs. La radio s’offrait pour cela. Dès l’après-midi du 17 juin, j’exposai mes intentions à M. Winston Churchill. Naufragé de la désolation sur les rivages de l’Angleterre qu’aurais-je pu faire sans son concours ? Il me le donna tout de suite et mit, pour commencer, la B.B.C. à ma disposition. Nous convînmes que je l’utiliserais lorsque le gouvernement Pétain aurait demandé l’armistice. Or, dans la soirée même, on apprit qu’il l’avait fait. Le lendemain, à 18 heures, je lus au micro le texte que l’on connaît. »


Texte de l’appel du 18 juin


“Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.


Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.


Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi.


Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.


Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !


Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.


Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis.


Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.


Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.


Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.


Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de Londres.”


L’appel du 22 juin


Il n’y a pas eu d’enregistrement (audio ou vidéo) de l’Appel du 18 juin 1940 contrairement à celui du 22 juin 1940 avec lequel on le confond souvent :


TEXTE DE L’APPEL du 22 JUIN 1940


Le gouvernement français, après avoir demandé l’armistice, connaît, maintenant, les conditions dictées par l’ennemi.


Il résulte de ces conditions que les forces françaises de terre, de mer et de l’air seraient entièrement démobilisées, que nos armes seraient livrées, que le territoire français serait totalement occupé et que le gouvernement français tomberait sous la dépendance de l’Allemagne et de l’Italie.


On peut donc dire que cet armistice serait non seulement une capitulation mais encore un asservissement.


Or, beaucoup de Français n’acceptent pas la capitulation ni la servitude pour des raisons qui s’appellent l’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la patrie.


Je dis l’honneur, car la France s’est engagée à ne déposer les armes que d’accord avec ses alliés.


Tant que ses alliés continuent la guerre, son gouvernement n’a pas le droit de se rendre à l’ennemi.


Le gouvernement polonais, le gouvernement norvégien, le gouvernement hollandais, le gouvernement belge, le gouvernement luxembourgeois, quoique chassés de leur territoire, ont compris ainsi leur devoir.


Je dis le bon sens, car il est absurde de considérer la lutte comme perdue.


Oui, nous avons subi une grande défaite.


Un système militaire mauvais, les fautes commises dans la conduite des opérations, l’esprit d’abandon du gouvernement pendant ces derniers combats nous ont fait perdre la bataille de France.


Mais il nous reste un vaste empire, une flotte intacte, beaucoup d’or.


Il nous reste des alliés dont les ressources sont immenses, et qui dominent les mers.


Il nous reste les gigantesques possibilités de l’industrie américaine.


Les mêmes conditions de la guerre qui nous ont fait battre par cinq mille avions et six mille chars peuvent nous donner, demain, la victoire par vingt mille chars et vingt mille avions.


Je dis l’intérêt supérieur de la patrie car cette guerre n’est pas une guerre franco-allemande, qu’une bataille puisse décider.


Cette guerre est une guerre mondiale.


Nul ne peut prévoir si les peuples qui sont neutres, aujourd’hui, le resteront demain.


Même les alliés de l’Allemagne resteront-ils toujours ses alliés ?


Si les forces de la liberté triomphent finalement de celles de la servitude, quel serait le destin d’une France qui se serait soumise à l’ennemi ?


L’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la patrie commandent à tous les Français libres de continuer le combat là où ils seront et comme ils pourront.


Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible.


Tout ce qui peut être réuni en fait d’éléments militaires français et de capacité française de production d’armement doit être organisé partout où il y en a.


Moi, général De Gaulle, j’entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale.


J’invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l’air, j’invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi. J’invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l’air, où qu’ils se trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi. J’invite tous les Français qui veulent rester libres à m’écouter et à me suivre.


Vive la France libre dans l’honneur et dans l’indépendance !



Manuscrit de l’appel du 18 juin


Le manuscrit authentique de l’appel du 18 juin est composé de 4 feuillets. Ils sont la propriété de l’amiral Philippe de Gaulle (© amiral Philippe de Gaulle / Bridgeman Giraudon)











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