L'anglais en 6e année. Du racollage politique?

Enseignement intensif de l'anglais en 6e année



Dans son discours inaugural de la deuxième session de la 39ième législature du 22 février dernier, sans consulter ni avertir les principaux acteurs du secteur de l'enseignement, Jean Charest s'est engagé à ce que partout au Québec soit enseigné de manière intensive l'anglais en sixième année. Votre serviteur a applaudi. La Commission des États généraux sur la situation et l'avenir de la langue française au Québec que j'ai eu l'honneur de présider et qui a remis son rapport en août 2001 en faisait la recommandation. Le contexte de l'annonce n'a pas convaincu tout le monde. Serait-ce du racollage politique?
La langue française mériterait mieux. C'est précisément pour une meilleure appropriation et une meilleure reconnaissance de la langue française en même temps qu'une acquisition plus efficace de la langue anglaise que la Commission a proposé de concentrer toutes les heures consacrées à l'anglais depuis la première année en un apprentissage intensif de cette langue en sixième année. La Commission a fait la même proposition d'acquisition intensive de l'anglais au milieu et à la fin du secondaire.
Les spécialistes s'entendent pour affirmer que l'acquisition d'une langue seconde est plus facile quand l'apprentissage de la première langue est complétée. Deuxièmement, les spécialistes nous précisent que la langue seconde enseignée en flux continu dans un environnement globalement porteur de cette même langue produit de meilleurs résultats. Troisièmement l'exercice doit viser l'acquisition d'un anglais fonctionnel, celui qui permet des rapports d'échanges quotidiens de divers ordres entre individus.
Toujours il faut distinguer les compétences linguistiques institutionnelles des compétences linguistiques individuelles. Les individus québécois sont six fois plus nombreux à avoir des compétences lnguistiques bilingues et neuf fois plus nombreux à avoir des compétences trilingues que les Canadiens. Mais ce n'est pas une raison pour tolérer que des Québécois parlant le français ne puissent gagner leur vie dans leur langue. L'anglais doit être considéré comme un atout quand on le parle et non pas comme un handicap quand on ne le parle pas. Alors nous sommes renvoyés à l'obligation des politiques institutionnelles de franciser les lieux de travail et non pas de bilinguiser les individus qui y oeuvrent.
De cette annonce subsiste un immense point d'interrogation. La concentration en sixième année proposée par Jean Charest totalise-t-elle toutes les heures actuellement dévolues à l'anglais depuis la première année ou s'ajoute-elle à ces mêmes heures? Dans le premier cas le premier ministre se rend aux arguments des spécialistes et sert la consolidation de la langue française et l'acquisition efficace de la langue anglaise. Dans le deuxième cas il se livre au racollage politique comme il l'avait fait en faisant débuter l'étude de l'anglais en première année au détriment de l'apprentissage de la langue française et de la langue anglaise.


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