L'ambassadeur de la Russie au Canada, Georgily Mamedov, était de passage à Montréal jeudi. (Photo David Boily, La Presse)
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Jonathan Montpetit - L'allié le plus solide de la Serbie prévient le Canada d'y «penser à deux fois» avant d'appuyer la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo, faute de quoi il pourrait donner plus de crédibilité à son propre mouvement séparatiste.
La Russie a envoyé un avertissement sérieux au Canada par la bouche de son ambassadeur, qui inclut le Canada dans un groupe de pays qui ont fort à perdre s'ils reconnaissent l'indépendance du Kosovo.
«Nous avons conseillé au Canada d'y réfléchir à deux fois avant d'accepter la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo, a dit Georgiy Mamedov aux journalistes jeudi, lors de son passage à Montréal. Nous sommes deux États fédéraux, et on ne doit pas lancer de pierres lorsqu'on a une façade de verre.»
Les alliés traditionnels du Canada - comme le Royaume-Uni, les États-Unis et la France - ont déjà offert leur appui au Kosovo. Mais le Canada ne s'est pas encore prononcé dans ce dossier, rejoignant ainsi des pays comme la Chine, l'Indonésie et l'Espagne qui sont eux aussi aux prises avec des mouvements séparatistes.
La Russie est une alliée de longue date de la Serbie et elle s'est opposée farouchement à l'indépendance kosovare.
«Le séparatisme est aussi dangereux en Russie qu'en Espagne ou en France ou n'importe où ailleurs», a-t-il déclaré à l'issue d'une allocution prononcée devant le Conseil des relations internationales de Montréal.
M. Mamedov estime que la déclaration unilatérale d'indépendance constitue une violation «flagrante» de la loi internationale.
Les souverainistes québécois ont épié les aspirations kosovares de près, estimant qu'une déclaration unilatérale d'indépendance pourrait créer un précédent qui leur serait favorable.
«Un peuple décide de devenir un pays et d'autres pays reconnaissent le fait, a déclaré plus tôt cette semaine le député péquiste Daniel Turp. Et ce qui est particulier dans ce cas-ci, c'est que la Serbie est contre l'indépendance d'une de ses composantes (...) et les autres pays ne tiennent pas compte de cette objection.»
Certains experts ne font toutefois que peu de cas des avertissements russes.
«C'est une position incroyablement hypocrite pour les Russes, compte tenu qu'ils ont activement appuyé le séparatisme dans les pays voisins depuis 1991», a dit le professeur Stephen Saiderman de l'Université McGill.
La Russie, a-t-il ajouté, a appuyé les mouvements séparatistes en Géorgie et en Moldavie. Son attitude envers les rebelles séparatistes de Tchétchénie a aussi retenu l'attention de la communauté internationale.
M. Saiderman a également rejeté la comparaison avec le Québec, affirmant que le Canada a traité sa minorité francophone avec beaucoup plus de respect que ce que la Serbie a témoigné au Kosovo.
Le gouvernement canadien est maintenant pressé de toute part de prendre position. Le chef libéral Stéphane Dion a déjà déclaré son appui au Kosovo indépendant, faisant valoir que des années de conflit violent avec la Serbie prédisposaient la communauté internationale à accueillir l'indépendance kosovare.
De son côté, la Serbie a menacé de loger un protêt diplomatique si le Canada se rallie au Kosovo, pendant que le ministre russe des Affaires étrangères a communiqué la position de son pays au premier ministre Stephen Harper.
«(Harper) sait où se trouvent les intérêts nationaux du Canada», a laissé tomber M. Mamedov.
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