Élections complémentaires

Jugé sur l’ensemble de l’oeuvre

Élection Québec 2012


Le résultat des élections complémentaires de lundi dans Lafontaine et Argenteuil a eu l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel politique québécois. Le degré d’incertitude touchant la réélection du gouvernement Charest lors de prochaines élections générales vient de s’accroître notablement.
Une élection complémentaire, convenons-en, n’a pas valeur absolue de baromètre. C’est néanmoins un indice beaucoup plus certain que les sondages. Dans un tel scrutin, le gouvernement est soumis à l’épreuve du réel. Le jugement rendu lundi confirme que la confiance envers les libéraux est sérieusement érodée. Dans Argenteuil, le gouvernement a été clairement sanctionné avec la défaite de sa candidate, alors que dans Lafontaine, les électeurs ont voté avec leurs pieds par leur abstention.
La surprise de ces deux scrutins tient à l’impression qui s’était imposée voulant qu’Argenteuil soit une forteresse libérale imprenable. S’était aussi imposée l’idée qu’allait prévaloir l’appui donné au gouvernement Charest par une majorité de Québécois dans la crise étudiante. Fausses étaient ces impressions. La réalité est qu’on a jugé l’ensemble de l’oeuvre libéral (sic).
On retrouvait dans ce comté la plupart des enjeux qui ont marqué la gestion du gouvernement Charest, qu’il s’agisse de l’environnement (la gestion de sites d’enfouissement), de la santé (la crise des médecins à l’hôpital de Lachute) ou de la corruption (la démission forcée du député Whissel de son poste de ministre en raison de conflit d’intérêts). Dans une élection générale, le gouvernement Charest ne pourra non plus échapper à son bilan d’ensemble.
Le réflexe devant une telle défaite pourrait être de vouloir se donner du temps. Rien n’oblige le premier ministre Charest à tenir des élections en septembre prochain, comme le veut la rumeur. Légalement, il peut étirer son mandat jusqu’à la fin de 2013. Ce n’est toutefois pas souhaitable.
Deux cas de figure sont possibles. Le premier est la tenue d’une élection d’ici la fin de la présente année. On sera à la fin du mandat traditionnel de quatre ans et les conditions sont réunies pour inviter les Québécois à se prononcer. Ceux-ci le souhaitent. Le Québec vit une crise sociale aux causes diverses dont il serait néfaste pour notre société qu’elle se prolonge indûment.
L’enjeu de cette élection sera bien plus large que le seul sujet des droits de scolarité universitaires qui a servi de bougie d’allumage à cette crise. Il portera sur la vision de développement économique et social de notre société. Un choix est à faire entre le néolibéralisme défendu par le Parti libéral de Jean Charest et la social-démocratie prônée par le PQ. Attendre pour trancher ne pourra qu’exacerber les tensions et accroître la polarisation. Aussi bien, alors, tenir ce scrutin dès septembre.
La seule raison qui justifierait son report en 2013 serait le départ de Jean Charest. Parfois évoqué, il entraînerait une détente du climat social. Ce serait l’occasion pour le Parti libéral d’amorcer un débat interne sur ses orientations qui aujourd’hui apparaît impossible. Le conseil des ministres a fait des choix dans lesquels la polarisation présente du débat le conforte. On ne sent d’ailleurs de sa part aucune volonté d’en sortir. On ne sait quelle serait l’issue d’un congrès au leadership, mais un tel exercice rendrait possible un renouveau des idées et des personnes.
Ce scénario est plus qu’improbable, car il n’y a pas de relève au sein du gouvernement Charest et au sein du Parti libéral. Qui aujourd’hui serait susceptible de remplacer Jean Charest ? Il n’y a pas comme sous le deuxième mandat du premier ministre Robert Bourassa de ministres qui se préparent en coulisse à lui succéder. Cela, Jean Charest en est sans doute conscient. Probablement l’a-t-il voulu ainsi. Raison de plus pour que des élections aient lieu rapidement.


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