RACINES

Je suis née d’un pays sans nom.
Toujours occupé à faire sa place au centre des nations.
Née d’un pays désespérant tant il n’arrive jamais à maturité, non plus qu’à réparer la fissure qui le maintient dans la froidure des hivers.
D’un pays qui emporte ses soleils de midi, qui valse sur des pierres en rêvant de rébellion.
S’il en fut une (1838) puis deux (octobre 70) la troisième aura-t-elle lieu?
De défaite en défaite, d’un référendum à l’autre (dont l’un, il faut le redire, nous fut effrontément volé), le sang des gens de ce pays s’est coagulé et ne donne plus rien de bon.
Je viens d’un pays où l’on se cherche des dieux artificiels, où dans le confort règnent en maître l’internet et la télévision.

Née dans un pays qui n’a pas de nom, j’en porte les stigmates.
Quoique que je fasse, cette absence étiole mes gestes.
Parcourir son territoire et ses racines, traduire aux autres ma passion reste le saut de la dernière chance.

À dire vrai, je suis née deux fois.
D’un pays porteur d’une histoire à finir, et d’un autre qui se refuse à lui-même.
Tout cela me tient éveillée au milieu des jours où domine une seule et même question : sur la grande scène, au moment de l’ultime décision, le peuple sera-t-il là?
Comment tous ensemble ne plus mordre la poussière mais au contraire prendre d’assaut notre histoire, la rendre jusqu’au soleil de sa libération.
L’espoir demeure, palpable et réel, car devant tant de données qui s’accumulent, le moment est propice.
Ce gouvernement est sans dignité, sans honnêteté.
Le mépris n’a plus sa place parmi nous.

Puissions-nous bientôt défaire et nous défaire enfin de ce pouvoir fantasque, fantoche, ridiculement retords et inefficace!
Puissent nos mots, nos gestes, servir pour de vrai, pour de bon!

Nous avons besoin, là, maintenant, d’une solidaire et grande coalition!!

France Bonneau

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Suggestion de M. André Colpron