Il ne faut pas encore décompter le Bloc, dit Marois

Recomposition politique au Québec - 2011


Pauline Marois avait prêté main-forte à Gilles Duceppe, samedi, aux dernières heures de la campagne fédérale.

Photo : Agence Reuters Mathieu Bélanger
***
Kathleen Lévesque , Antoine Robitaille - L'existence du Bloc pourrait être remise en question à la suite de son quasi-anéantissement lors des dernières élections générales, a laissé entendre Pauline Marois hier. «On verra ça avec les gens du Bloc», a soutenu la chef péquiste, soulignant qu'elle aurait prochainement l'occasion d'avoir «un bon échange» avec le chef démissionnaire Gilles Duceppe, qu'elle a présenté comme son ami et auquel elle a rendu hommage hier.
De 47 qu'ils étaient depuis 2008, les députés bloquistes sont passés à quatre lundi. Ces quelques élus «vont être capables [...] de prendre la parole, même si c'est individuellement et non comme formation politique, alors il ne faut pas décompter le Bloc à ce moment-ci».
Bien que la défaite soit cuisante, celle-ci ne représente pas «un message qui a été envoyé contre la souveraineté» puisque là n'était pas l'enjeu de cette campagne. «Les Québécois [lundi] ont voulu s'offrir un changement.»
La souveraineté serait du reste toujours «aussi nécessaire et aussi solide auprès de ceux et celles qui l'appuient», a soutenu la chef péquiste, soulignant que les taux d'opinions favorables à la souveraineté se maintiennent.
Pour le mouvement souverainiste, toutefois, la perte de 43 sièges et, conséquemment, du statut de parti à Ottawa signifie «moins de moyens matériels», a-t-elle reconnu, puisqu'il perd entre autres du personnel rémunéré et un financement public. «Il n'y a pas moins de conviction», a-t-elle insisté. Lundi soir et hier, la chef péquiste s'est entretenue avec plusieurs députés défaits du Bloc, dont la défaite pourrait ne pas être sans avantage: «Ça libérera aussi des énergies pour certains d'entre eux pour travailler encore davantage en territoire québécois.»
Progressisme

La chef péquiste a dit craindre le nouveau gouvernement Harper majoritaire «à la Chambre des communes et au Sénat» à Ottawa. Cela veut dire «que ce gouvernement aura tous les pouvoirs d'imposer unilatéralement ses idées aux Québécois».
La consolation, selon elle: les Québécois ont «choisi un parti progressiste, et ils ont rejeté le Parti conservateur. Et, quant à moi, je trouve que ça rejoint les valeurs que nous défendons comme formation politique». Le Nouveau Parti démocratique a toutefois le défaut d'être centralisateur et dirigé de Toronto, a-t-elle ajouté, questionnée par un reporter qui lui rappelait ses attaques des derniers jours contre le parti de Jack Layton.
Illusion fédéraliste
Pour nombre d'anciens élus du Bloc québécois, ce parti conserve sa pertinence et doit demeurer sur la scène politique lorsque l'«illusion de la réforme fédéraliste» se sera évanouie, croit le député défait Pierre Paquette.
M. Paquette se désole du choix néodémocrate des électeurs, ce qui affaiblit le Québec, selon lui. «Les gens voulaient du changement et ils n'ont même pas regardé de quel changement il s'agissait. [...] L'attrait de la nouveauté va s'estomper rapidement», a-t-il prédit.
Pierre Paquette n'entend pas baisser les bras, rappelant qu'un Québécois sur quatre a voté pour le Bloc. «Je souhaite que le Bloc reste un véhicule politique sur la scène fédérale afin de faire de l'animation du débat politique. Étant donné qu'on aura moins à s'occuper des affaires parlementaires au quotidien, on aura plus de temps à consacrer pour nourrir encore plus le discours souverainiste», a soutenu M. Paquette, qui a refusé de dire s'il voulait prendre la relève de Gilles Duceppe.
«Le Québec nous a abandonnés»
Un caucus réunissant les candidats élus et défaits devrait se tenir la semaine prochaine. Cela sera une occasion pour réfléchir sur l'avenir du parti né dans la foulée de l'échec de l'accord du lac Meech en 1990. Le député défait Bernard Bigras n'a pas de réponse aussi ferme à offrir pour la suite des choses. Il constate: «Le Québec nous a abandonnés.»
«Il y a certainement une réflexion à faire sur le rôle que le Bloc québécois aura à jouer dans l'avenir [...] et sur sa pertinence. Qu'est-ce qui est bon pour le Québec? Maintenir les quatre députés à la Chambre des communes ou ramener les forces au Québec pour nous assurer que le mouvement souverainiste puisse se ressaisir?», a lancé M. Bigras.
Ce dernier ne cache pas avoir été ébranlé par la déconfiture du Bloc lundi. Au lendemain du scrutin, il a beaucoup discuté avec ses collègues pour tenter d'interpréter le vote. «On essaie de comprendre», a-t-il laissé tomber.
À La Presse canadienne, la vice-présidente du parti, Vivian Barbot, a confié qu'il est «évident qu'avec 25 % de la population qui a quand même voté pour nous malgré ce tsunami, nous avons un devoir de continuer à la représenter correctement. Et c'est dans ce sens-là qu'on va essayer de travailler». «Ce n'est sûrement pas la fin», a-t-elle laissé tomber en entrevue hier matin, au lendemain de la défaite cuisante du Bloc québécois.
Disparition assurée
Au contraire, pour le communicateur Michel Fréchette de la firme Girard & Fréchette communication, la disparition du Bloc ne fait pas de doute. «Les Québécois viennent de dire que c'est une expérience terminée. C'est moins l'effet Layton que la lassitude face au Bloc qui s'est exprimée. Et il y avait un choix potable pour aller se stationner ailleurs. [...] Maintenant, l'avenir du Bloc s'appelle le Parti québécois», analyse M. Fréchette.
Ce dernier estime qu'en tentant de faire vibrer la fibre souverainiste en associant un vote pour le Bloc à un appui au PQ, les bloquistes ont fait fausse route. «Les Québécois ont eu la sagesse de ne pas se tromper d'élection», soutient Michel Fréchette.
***
Avec La Presse canadienne


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->